Écrivain italien, Vitaliano Brancati est né le 24 juillet 1907 à Pachino, dans la province de Syracuse (Sicile, Italie) qu'il évoquera souvent dans ses œuvres.
Dès l'âge de dix-sept ans, lycéen à Catane, il publie des poèmes dans des journaux et revues, très influencés par les excès dannunziens, malgré les mises en garde de son professeur de grec, Francesco Guglielmino, qu'il ne comprendra que plus tard.
Il adhère d'enthousiasme au mouvement fasciste, pour son nationalisme, son culte de l'énergie et son hédonisme. Cet itinéraire est à l'époque assez partagé, et le romancier Giuseppe Antonio Borgese en fait dès 1921 l'histoire de l'antihéros de son roman, Vie de Filippo Rubè. Brancati en fait une lecture d'abord équivoque, mais elle contribue à amorcer en 1927 son détachement de l'expérience dannunzienne, sans pour autant cesser d'adhérer au puissant mythe de Benito Mussolini, qui le reçoit en 1931, et qu'il met en scène dans son roman L'Ami du vainqueur (1932).
Mais plus le fascisme perd son caractère de mouvement pour devenir un régime arrogant et opportuniste, plus Brancati développe un art de la satire. Cette crise morale se concrétise en juillet 1933 autour d'une correspondance avec Borgese. Il se fait dès 1934-1936 le peintre des vies velléitaires que la Sicile fasciste engendre et écrase dans Les Années perdues (1941), roman où un groupe de jeunes gens désœuvrés projettent de construire une tour.
Chroniqueur de "l'ennui de 1937", il s'achemine vers un maniement de l'ironie réaliste proche de Nicolas Gogol. En 1940, il écrit Don Juan en Sicile, roman qui sera de fait le premier volet d'une trilogie sur le "gallisme" (de "gallo": coq): comportements masculins d'affirmation de séduction si ostentatoires que le verbal l'emporte sur le physique, finement articulés aux avatars idéologiques, politiques et sociaux de l'histoire sicilienne et romaine.
Les bombardements de la Sicile et la chute du fascisme finissent de libérer douloureusement sa plume — voir, par exemple, ce récit de 1944 qui raconte les grotesques aventures d'un fasciste malgré lui et qui donnera plus tard son titre à un recueil de nouvelles, Le Vieux avec les bottes (1958), ou ces essais, Les Plaisirs (1943) et Les fascistes vieillissent (1946).
À partir de 1946, Brancati s'installe plus durablement à Rome. Dans la tourmente de l'après-guerre, de 1947 à 1954, il tient son Journal romain (1961), publie en 1949 Le Bel Antonio, son deuxième roman sur le gallisme, et le plus célèbre, avant le troisième, Les Ardeurs de Paolo (1955), qu'il commence en 1952. Un roman qui marque une évolution vers une écriture plus grave, mais que, surpris par la mort, il laisse inachevé.
Vitaliano Brancati est mort des suites d'une opération, à Turin, le 25 septembre 1954, à l'âge de 47 ans.
Leonardo Sciascia, qui l'eut pour professeur, a souvent écrit pour aider à une plus juste évaluation de l'importance majeure de cet écrivain.
Maurice Darmon,
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