Romancière, cantatrice, exploratrice, journaliste et conférencière française, Louise Eugénie Alexandrine Marie David, plus connue sous le nom d'Alexandra David-Néel, est née le 24 octobre 1868 à Saint-Mandé, près de Paris.
Pendant son adolescence, Alexandra fréquente les milieux anarchistes et féministes et commence chercher dans l'ésotérisme et la spiritualité orientale ce qu'elle ne trouve pas chez l'enseignement des bonnes sœurs. En 1888, à 20 ans, elle devient franc-maçonne, puis se convertit au bouddhisme l'année suivante. Elle collabore à une revue féministe, part à Londres pour apprendre l'anglais, revient à Paris suivre des cours au Collège de France et s'initier au sanscrit et au tibétain.
Alexandra David-Néel commence véritablement sa vie de voyageuse et d'exploratrice, qui fait encore rêver des générations d'adultes, à l'âge de 23 ans, en s'embarquant en 1891 pour un premier grand voyage au Sri Lanka.
De 1895 à 1902, elle suit une carrière de chanteuse lyrique aux Opéra d'Hanoï, d'Athènes et de Tunis. À Paris, elle partage la vie du pianiste Jean Haustont. En 1904, elle épouse l'ingénieur Philippe Néel de Saint-Sauveur. En 1911, elle entame son troisième grand voyage en Inde, financé par les autorités françaises.
À partir de cette époque elle sillonne l'Asie. De Ceylan elle passe à l'Inde du Sud, au Japon, à la Corée, à la Birmanie, à la Mongolie, et s'attarde longuement en Chine et au Tibet. Elle erre dans les déserts, affronte le froid, la chaleur, la faim, la soif, la fièvre, les maladies et les soucis financiers. Elle observe des événements qu'elle relate dans ses ouvrages: des morts qui dansent, des personnages extraordinaires: Helena Blavasky, Aurobindo Ghose, le Mahatma Gandhi, le Dalaï Lama. Elle nous parle des magiciens, des sorciers, de l'extase des mystiques. Toute son œuvre relate scrupuleusement ses observations.
Ethnologue pour avoir étudié sous la férule du géographe Élisée Reclus, parlant plusieurs langues, elle scrute avec assiduité et patience les faits, les populations, les coutumes, les idiomes. Elle offre au lecteur ses informations, découverte fascinante sur des mentalités étranges, des systèmes de vie et de pensée insoupçonnés. Jamais encore avant elle on n'était entré aussi avant dans l'intimité spirituelle et psychique des peuples d'Asie. Elle s'attache particulièrement avec une connaissance profonde aux philosophies et religions orientales.
Son ouvrage le plus connu, Voyage d'une parisienne à Lhassa, à pied et en mendiant de la Chine à l'Inde à travers le Tibet paraît en 1926. Deux ans auparavant, en février 1924, elle était la première occidentale à pénétrer à Lhassa, la capitale du Tibet jusqu'alors interdite aux étrangers, après treize années de pérégrinations accompagnée d'un jeune enfant lama, Aphur Yongden, qui deviendra son fils adoptif. Ce récit autobiographique connaît un succès mondial.
Mystiques et magiciens du Tibet (1930) rassemble des observations et des rencontres faites de 1912 à 1921. Au pays des brigands-gentilshommes — Grand Tibet (1933) raconte ses années d'errance en Chine. Ces livres forment une trilogie qui rend fidèlement compte des pérégrinations de l'auteur. Initiations lamaïques — Des théories, des pratiques, des hommes constitue le côté spirituel de son travail. Cet ouvrage est le premier d'un ensemble documentaire dont elle poursuivra l'écriture durant trente ans avec la publication de Les Enseignements secrets dans les sectes bouddhistes tibétaines — La Vue pénétrante (1951) et de La Connaissance transcendante d'après le texte et les commentaires tibétains (1958).
On ne saurait clore un aperçu de son œuvre sans parler de son Journal de voyage — Lettres à son mari, livre fil d'Ariane qui nous permet de suivre ses voyages de 1904 à la veille de la mort de son époux Philippe Neel en 1941.
En 1946, Alexandra David-Néel s'installe avec Yongden dans une maison de Digne (Alpes-de-Haute-Provence) qu'elle nomme "Samten Dzong" (forteresse de la méditation) afin d'y poursuivre la rédaction de ses ouvrages sur le bouddhisme, n'en sortant que pour donner des séries de conférences. Résumant certains de ses voyages elle déclarera: "L'on m'offrirait un million pour recommencer l'aventure dans les mêmes conditions que je crois bien que je refuserais."
Le 8 septembre 1969, elle meurt à Digne, à l'âge de 101 ans. Ses cendres ont été selon son désir dispersées dans le Gange à Bénarès (Varanasi, Inde). Une phrase extraite de L'Ecclésiaste: "Marche comme ton cœur te mène et selon le regard de tes yeux", gravée sur la pièce commémorative de son centenaire, peut résumer sa conduite dans la vie.
François Hainry,
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Paris, mercredi 11 septembre 2024