Carson McCullers

Biographie
Carson McCullers
Carson McCullers

Romancière américaine, Carson McCullers — née Lula Carson Smith — est née le 19 février 1917 à Columbus (Géorgie, Etats-Unis).

Cet enfant du Sud profond, qui rêvait d'être musicienne, passa sa vie à New York (outre quelques séjours en Europe, notamment à Paris et dans le Vexin), et fut un écrivain extrêmement précoce. Elle a raconté que, si elle n'avait pas perdu un portefeuille contenant l'argent qui devait payer ses études de pianiste à l'école Juilliard à New York en 1934, elle ne serait probablement jamais devenue romancière.

Elle passe donc deux ou trois ans à suivre quelques cours de littérature à Columbia et à New York University, et à s'essayer à plusieurs emplois aussi peu satisfaisants les uns que les autres, jusqu'à ce qu'en 1936 elle publie sa première nouvelle, pertinemment intitulée Wunderkind (Enfant prodige).

Après son mariage, le 20 septembre 1937, avec Reeves McCullers, du Sud comme elle, elle va vivre en Caroline du Nord, où elle commence son premier roman, Le cœur est un chasseur solitaire (1940), un texte sur les déchirements de l'adolescence qui la rendra immédiatement célèbre. Elle retourne alors à New York, où, pendant la guerre, elle tient, de façon très bohème, une sorte de salon littéraire où l'on verra des écrivains comme Wystan Hugh Auden, Jane et Paul Bowles, Christopher Isherwood, Anaïs Nin et Richard Wright, des musiciens comme Leonard Bernstein et Aaron Copland, des peintres comme Salvador Dali.

En 1941, Carson McCullers divorce et scandalise la bonne société par son mode de vie auto-destructeur et ses liaisons homosexuelles, notamment avec Annemarie Schwarzenbach dont elle est follement éprise. Elle publie Reflets dans un œil d'or, qui lui fait, ou lui confirme, une réputation (superficielle) de névrosée morbide et perverse et, en 1946, Frankie Adams (The Member of the Wedding) (qui serait plus joliment traduit par L'Invité de la noce), qu'elle adapte pour la scène en 1950 et qui emporte la récompense de la meilleure pièce américaine de l'année. Elle rencontre Tennessee Williams, puis part voyager en Europe avec Reeves McCullers qu'elle a re-épousé en 1945.

En 1947, elle a une première grave crise de rhumatisme articulaire, mal soignée, qui de rechutes en attaques cérébrales, va peu à peu lui paralyser les membres. À partir de 1950 elle est quasiment hémiplégique et elle ne pourra bientôt plus se déplacer qu'en fauteuil roulant. En 1953, son mari se suicide. Elle partagera dès lors sa vie entre sa maison de Nyack, près de New York, et son presbytère de Bachivillers, en France.

Elle ne produira plus que trois œuvres: La Ballade du café triste et autres nouvelles (1951), dont le dramaturge Edward Albee adaptera en 1963 pour la scène le récit éponyme, qui est à lui seul un petit chef-d'œuvre; une pièce de théâtre, La Racine carrée du merveilleux (The Square Root of Wonderful, 1958), qui est loin, malgré son titre, de valoir la première pièce, et enfin un quatrième et dernier roman, L'Horloge sans aiguilles (Clock without Hands, 1961). À titre posthume, un recueil de textes inédits (poèmes, nouvelles, essais) sera publié en 1971: Le Cœur hypothéqué.

On serait tenté de dire, à constater que son œuvre, limitée, est typiquement de celles qui illustrent la proposition selon laquelle un écrivain ne fait jamais que développer, souvent même répéter, un petit nombre de thèmes, que Carson McCullers est un écrivain mineur: tous ses thèmes se trouvent en effet dès son premier livre, notamment les rapports, pathétiques ou même tragiques, entre l'amour et la solitude. Mais ce serait ne pas voir à quel point chaque œuvre à partir de la première, volontairement et peut-être un peu artificiellement ancrée dans le social et même dans le politique, approfondit et module cette vision initiale des rapports humains (qui ne sont pas nécessairement centrés chez elle sur l'hétérosexualité, ni même d'ailleurs sur la sexualité), jusqu'à la perfection d'épure que ce thème central acquiert, non sans un "obligato" de grotesque, dans La Ballade. Il y a en outre et peut-être surtout, chez Carson McCullers, une poignante appréhension de la douleur, de l'absence, de la mort (son premier héros est un sourd-muet) qui fait de son petit opus quelque chose de très proche d'une musique de chambre aux accents souvent déchirants, quoique généralement écrits dans le mode mineur.

Carson McCullers est morte d'une hémorragie cérébrale le 29 septembre 1967 à l'hôpital de Nyack (New York), à l'âge de 50 ans.

Michel Gresset,

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Paris, lundi 14 octobre 2024