Arthur Schnitzler

Biographie
Arthur Schnitzler
Arthur Schnitzler

Écrivain autrichien, Arthur Schnitzler est né à Vienne (Autriche) le 15 mai 1862.

Son père était un médecin juif connu, qui enseignait à l'université; dans sa maison, fréquentée par des artistes et des personnes cultivées, l'enfant grandit dans le culte de la poésie, si bien qu'avec des camarades d'école il fonda un petit cénacle littéraire. Il étudia cependant la médecine et obtint le titre de docteur en 1885. Pendant trois ans, il fut l'assistant d'un célèbre chirurgien qui avait été ami de Richard Wagner, puis il exerça librement, continuant à étudier, s'intéressant aux découvertes de la médecine, spécialement à la psychiatrie. Il fit des voyages d'études à Berlin, Londres et Paris, et participa à de nombreux congrès scientifiques.

Quelque temps médecin militaire, il dut quitter son poste à la suite de la publication d'une satire mordante sur la vie de garnison. Étudiant, il avait déjà publié dans des revues de brèves nouvelles et des poèmes sous le pseudonyme d'Anatole, qui deviendra le titre d'une de ses pièces de théâtre. Il fut rapidement considéré comme le chef de la "jeune Vienne", ce groupe d'écrivains d'où se détachèrent plus tard Stefan Zweig et Hugo von Hofmannsthal.

Ses premières pièces de théâtre, Anatole (1892), Amourette (1895), reflètent l'atmosphère viennoise typique, mélange de mélancolie et de grâce heureuse, de scepticisme et d'ironie mondaine, de sentimentalité et de passion. Schnitzler a un sens très particulier des mouvements de l'âme et des choses qu'il traite avec une élégance brillante et un art tout impressionniste. Dans ses drames, l'action est subordonnée à la mobilité d'un dialogue complexe; aussi aime-t-il particulièrement les pièces en un acte ou les récits.

Son métier de médecin et les exemples du "vérisme" européen marquèrent aussi son œuvre. C'est sur le plan de l'érotisme qu'il traite du problème de l'amour, avec un scepticisme qui masque mal une très humaine tendresse, et qu'il aborde le thème de la mort. Au demeurant, il s'efforce de créer une atmosphère plutôt que de présenter un conflit.

Sa connaissance de la psychanalyse freudienne le mène aussi à explorer la couche du subconscient comme dans La Nouvelle rêvée (1926, adaptée au cinéma en 1999 par Stanley Kubrick sous le titre Eyes Wide Shut). Songe et réalité, sérieux et jeu vont de pair dans le grotesque de Au perroquet vert (1899), dans les dix dialogues de La Ronde et dans les pièces plus importantes comme Le Voile de Béatrice (1901) et Le Chemin solitaire (1903).

Les drames d'Arthur Schnitzler sont des nouvelles dialoguées, et c'est dans le récit qu'il exprime le mieux ce qu'il a de plus personnel. Dans Le Lieutenant Gustl, avec un minimum d'action extérieure, il montre son art de la description précise des âmes. La même année paraît Madame Berta Garlan. Puis viennent en 1902 la comédie intitulée Le Conte, en 1908 un roman, Vienne au crépuscule, en 1910 un drame historique, Le Jeune Médard. En 1912, il donne une nouvelle, Géronimo l'aveugle et son frère, qui lui conquiert dans sa patrie un vaste public. En 1913, c'est Le Professeur Bernhardi, une pièce de "circonstance", l'histoire d'un médecin juif qui au chevet d'un malade mourant entre en conflit avec un prêtre. Citons encore: Mourir (1895), L'Appel de la vie (1905), Dame Beate et son fils (1913).

Schnitzler développa une nouvelle technique du monologue épique et expressif dans sa pièce sans doute la plus connue, Mademoiselle Else. Cependant, la génération d'après la guerre se détacha de son naturalisme délicat et il se senti isolé. Le suicide de sa fille et la mort tragique de son ami Hofmannsthal le rejetèrent dans un pessimisme amer et désespéré. Après Thérèse, chronique de la vie d'une femme, sa dernière oeuvre, Fuite dans les ténèbres (1931), est le message ultime d'un psychologue génial, obsédé par la mort et la folie. Il a éprouvé et exprimé ce vertige qui, comme le note Hofmannsthal, agite "l'être de notre époque" plongé dans "la multiplicité et l'indécision".

Arthur Schnitzler est mort à Vienne le 21 octobre 1931, à l'âge de 69 ans.

Vincenzo Maria Villa,

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Copyright © La République des Lettres, Paris, vendredi 13 décembre 2024
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