Écrivain espagnol, Juan Benet est né le 7 octobre 1927 à Madrid. Son père, Tomas Benet, avocat catalan, est fusillé au début de la guerre civile espagnole. Sa mère, Teresa Goitia, d'origine basque, se charge seule de l'éducation de ses trois enfants.
Au début des années 1950, après une formation à l'école d'ingénierie civile de Madrid, Juan Benet quitte la capitale pour travailler comme Ingénieur des Ponts et Chaussées en province et à l'étranger. À partir de 1955, il mène parallèlement son métier de constructeur de routes, de ponts et de barrages et sa vocation d'écrivain. En 1966, il entre au ministère de l'équipement espagnol. L'année suivante, il publie Une méditation (Una meditacion, prix Biblioteca Breve), long monologue à plusieurs voix ne laissant place à aucun découpage en chapitres ou en paragraphes.
Dès son premier recueil de nouvelles intitulé Tu n'arriveras jamais à rien (Nunca llegaras a nada, publié à compte d'auteur en 1961), il refuse les principes littéraires du réalisme social cher à sa génération pour imaginer un univers fictionnel complexe étudiant le mystère et l'irrationalité de l'homme contemporain. Grand lecteur et traducteur de William Faulkner, il crée comme celui-ci, depuis sa nouvelle Baalbec, une tache (Baalbec, una mancha, 1958), un lieu géographique imaginaire, Région, microcosme mythique de l'Espagne meurtrie par la guerre civile et ses suites, et devenu le cadre de ses meilleurs livres: Tu reviendras à Région (Volveras a Region, 1967) — son premier roman qui le place au premier rang des écrivains de l'après-guerre —, Une tombe (Una tumba, 1971), Un voyage en hiver (Un viaje de invierno, 1972) L'Autre Maison de Mazon (La otra casa de Mazon, 1973), Saül devant Samuel (Saul ante Samuel, 1980), ainsi qu'une fiction policière, L'Air d'un crime (El aire de un crimen, 1980).
Sa première femme, Nuria, avec qui il a quatre enfants, décède en 1974. Il se remariera quelques années plus tard avec la poétesse Blanca Andreu.
L'écriture de Juan Benet, proche de celle du nouveau roman français, l'a longtemps marginalisé dans son pays, mais le place aujourd'hui parmi les novateurs espagnols les plus brillants. De nombreux auteurs espagnols — Eduardo Mendoza, Javier Marias, Fernando Savater, Félix de Azua, Alvaro Pombo,..; — seront influencés par son oeuvre, notamment par son cycle romanesque intitulé Les Lances rouillées (Herrumbrosas lanzas, 1983-1986, une chronique de la Guerre civile espagnole dont le premier tome obtient le prix de la Critique 1984) et Dans la pénombre (En la penumbra, 1989). Sa réflexion critique sur la littérature et l'histoire accroît encore la résonance de ses romans et nouvelles dans de brillants essais littéraires tels que L'Inspiration et le Style (La inspiration y el estilo, 1965), Porte de terre (Puerta de tierra, 1970), Que fut la Guerre civile (Qué fue la Guerra Civil, 1976), L'Automne à Madrid vers 1950 (Otono en Madrid hacia 1950, 1989), La Construction de la Tour de Babel (La construccion de la torre de Babel, 1990) et Le Chevalier de Saxe (El caballero de Sajonia, 1991).
La même singularité inventive caractérise son théâtre à travers Max (1953), Anastasa ou l'Origine de la constitution (Anastasa o El origen de la constitution, 1958), Agonia confutans (1966), Un cas de conscience (Un caso de conciencia, 1967).
Juan Benet est mort le 5 janvier 1993, à l'âge de 66 ans.
Claude Couffon,
Copyright © La République des Lettres, Paris, dimanche 10 novembre 2024
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