Xavier Forneret

Biographie
Xavier Forneret
Xavier Forneret

Écrivain français, Xavier Forneret est né à Beaune (Côte d'Or) le 16 août 1809.

Fils d'un riche propriétaire terrien dont il hérite à l'âge de dix-neuf ans, Xavier Forneret, tel Raymond Roussel, vivra de ses rentes et très tôt mettra un point d'honneur à faire reconnaître le talent qu'il se croyait avoir.

En 1834, il publie Deux destinées, drame, avec de belles illustrations du romantique Tony Johannot, puis, l'année suivante, Vingt-trois, Trente-cinq, deux chiffres qui correspondent à l'âge des deux héros du livre, et L'Homme noir, drame en cinq actes. Toutes ces pièces seront jouées, sans succès, sinon de scandale, au théâtre de Dijon. En 1836, il fait imprimer à grand renfort de publicité Rien... Quelque chose — au profit des pauvres (ce qui était vrai !).

Malmené par ses concitoyens auxquels l'opposeront bien des procès, il s'acquiert vite une réputation d'excentrique: violoniste, il jouerait de son Stradivarius dans sa gothique tour pendant la nuit; amateur de macabre, il se plairait à dormir dans un cercueil ! Il décide de venir à Paris où il publie luxueusement Sans titre, par un homme noir blanc de visage, recueil de maximes, et Vapeurs, ni vers ni prose (1838) ou figurent plusieurs poèmes dune puissante ironie, comme Un pauvre honteux. En 1840 sort Encore un an de Sans titre, bientôt suivi de Pièce de pièces, Temps perdu, sept contes remarquables par leur originalité éperdue, voire leur sublime maladresse: notamment Alabrune ou Un pauvre du soir, Un crétin et "sa" harpe et surtout Le Diamant de l'herbe, pur petit chef-d'oeuvre romantique.

En 1847, Xavier Forneret revient à Beaune où il publie deux fascicules, Rêves (on n'a retrouvé que le second), et tient à la Chronique de Bourgogne la critique musicale. Il a, de la fille d'un tonnelier, un fils qu'il reconnaît et auquel il dédiera une luxueuse plaquette, À mon fils naturel. Un autre enfant naîtra de ce concubinage bientôt destiné à se défaire.

Lors de la révolution de 1848, Xavier Forneret prend la tête d'un journal républicain modéré, Le Vrai Patriote, où il donne des articles de politique. Il s'y révèle un polémiste de talent, croyant plus à l'avenir du général Cavaignac qu'à celui de Louis-Napoléon Bonaparte. À la cessation de cette feuille, il se retire en sa propriété de Mimande, au milieu de ses vignes.

En 1851, il propose un divertissant pot-pourri, Voyage d'agrément de Beaune à Autun, mais c'est à Paris que vont être imprimées ses piteuses Lignes rimées (1853). Toujours à Paris, en 1855, est représenté au Théâtre de Montmartre son drame Mère et Fille. Jules Janin n'en dit pas du bien, mais quelques critiques l'apprécient. Ce germe de succès l'encourage et il devient d'autant plus facilement la victime de directeurs de théâtre ou de folliculaires croyant plus en ses deniers qu'à son réel tempérament d'écrivain. Des procès s'ensuivront. Le démon littéraire s'accrochant à ses basques, il publie en 1858 un roman, Caressa (trois cent une pages imprimées au recto seulement).

Tant d'efforts désordonnés allaient recevoir une maigre récompense sous l'aspect d'un article de Charles Monselet paru dans Le Figaro du 26 juillet 1859 où le critique assure: "Ce terrain inexploré laisse parfois briller un filon de pur métal." Il n'empêche que ses Ombres de poésie (1860) ne mentiront pas, hélas ! à leur titre.

Au déclin de sa vie, Xavier Forneret donne encore Broussailles de la pensée (1870), autre recueil aphoristique, et un libelle, qui reprend une Lettre à M. Victor Hugo (1851) où il se montrait l'adversaire des abolitionnistes en matière de peine capitale. Contraint dans ses dernières années qui furent impécunieuses d'abandonner ses aîtres familiers, il revient habiter Beaune où il meurt le 8 juillet 1884. Le jour de son enterrement, son cheval, caparaçonné de noir et tenu en main par un domestique, suit, au premier rang, le corbillard de son maître. Ainsi l'avait voulu cet excentrique impénitent.

Ce seront essentiellement les surréalistes André Breton ("Le style de Forneret est de ceux qui font pressentir Lautréamont, comme son répertoire d'images audacieuses et toutes neuves annonce déjà Saint-Pol Roux") et Benjamin Péret ("La passion n'a jamais atteint chez aucun poète romantique le paroxysme qu'elle connaît avec Xavier Forneret") qui attireront l'attention sur l'oeuvre disparate de cette personnalité fantasque, que tous les amateurs de "marginalia" se doivent de connaître.

Jean-Luc Steinmetz,

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Paris, jeudi 25 avril 2024