Écrivain français, Joseph Kessel est né de parents juifs lituaniens à Clara (Argentine), le 10 février 1898.
Il passe une partie de son enfance chez ses grands-parents maternels à Orenbourg, au pied de l'Oural, avant de poursuivre ses études en France, d'abord au lycée de Nice puis à Paris, au lycée Louis-le-Grand en 1914. Il passe une licence de lettres en Sorbonne et suit des cours au Conservatoire d'Art dramatique pour devenir comédien. Il fait ses débuts dans le journalisme en rejoignant en 1915 le service de politique étrangère du Journal des Débats, dans lequel il est chargé de traduire des articles russes. En 1916, il découvre les débuts de l'aviation de guerre en tant qu'observateur. Après la guerre, sa vie à Paris est tumultueuse, toujours à la recherche d'émotions fortes. Il voyage aux États-Unis, fait des reportages sur la Chine, l'Indochine, l'Inde et Ceylan. De ses expériences, il tire la matière de ses premiers romans: L'Équipage (1923) — roman quasi autobiographique où il raconte son expérience de pilote pendant la Première Guerre mondiale — et des récits et des reportages: Mémoires d'un commissaire du peuple (1925), Les Rois aveugles (1925) et Les Captifs (1926, grand prix du roman de l'Académie française 1927).
Dès lors, l'oeuvre de Joseph Kessel se développe à un rythme accéléré, parallèlement à une vie d'homme d'action. Sa carrière est bientôt jalonnée de grands reportages à succès publiés dans divers journaux comme La Liberté, Le Matin, Gringoire, Détective, France-Soir, etc. Au début des années 1930, il se rend à plusieurs reprises en Allemagne afin de rendre compte de la montée du nazisme. En 1936, il participe à la guerre d'Espagne; en 1940, il est correspondant de guerre; en 1941 il entre dans la clandestinité puis, en 1942, passe en Angleterre où il devient capitaine d'escadrille. L'Armée des ombres (1943) fera la chronique de ces évènements de la Résistance dont il est devenu l'un des chantres. En compagnie de son neveu Maurice Druon, il écrit les paroles du célèbre Chant des partisans, rédigées à Londres en 1943 pour encourager les soldats du front. Il est élu à l'Académie française en 1963 et poursuit ses voyages en Inde, au Brésil, en Afghanistan.
Pour Joseph Kessel, la littérature est l'expression d'aventures vécues dont il rend de façon réaliste le foisonnement et le mouvement dramatique. L'auteur était là, il dit ce qu'il a vu et c'est son tempérament qui impose à l'oeuvre sa force persuasive. Tout naturellement, l'ensemble des ouvrages de Joseph Kessel — plus de quatre-vingts volumes — suit les phases essentielles de son existence. On y trouve toute une imagerie violente évoquant la Russie d'après la révolution d'Octobre — La Steppe rouge (1922), Le Journal d'une petite fille sous le bolchevisme (1926) — ou les émigrés russes venus se réfugier à Paris, Nuits de princes (1927). Il y a l'évocation de la fraternité qu'engendrent la guerre ou les dangers, soit qu'un homme seul les ait courus (Mermoz, 1938, témoigage sur l'essor de l'Aéropostale) ou qu'ils aient été partagés: L'Équipage, Vent de sable (1929), Fortune carrée (1930). Il y a enfin les reportages rapportés de pays plus ou moins lointains (En Syrie, 1927, Dames de Californie, 1928) ou puisés dans la faune des hors-la-loi (Bas-Fonds, 1932, Nuits de Montmartre, 1932).
La Seconde Guerre mondiale opère une coupure dans le ton général de l'oeuvre. La curiosité de Joseph Kessel demeure toujours vive, mais elle se teinte de pitié pour parler des drogués de La Tour du malheur (1950) ou des alcooliques (Avec les alcooliques anonymes, 1960) ou d'un petit mendiant bossu: Au grand Socco (1952). Il se veut, comme l'indique un de ses titres, Témoin parmi les hommes (1956). Dans cette oeuvre, où la psychologie de la perversion (Belle de jour, 1928, adapté à l'écran par Luis Bunuel) a occupé une certaine place, se fait jour une fraîcheur toute poétique avec Le Lion (1958), son plus grand succès de librairie, écrit à la suite d'un voyage au Kenya, qui raconte l'amour que porte une fillette à un superbe lion du Kilimandjaro.
Les voyages qu'il effectue en 1966 pour le compte de l'Organisation Mondiale de la Santé lui permettent d'approcher des civilisations encore mal connues comme celle dont il décrit les moeurs, hautes en couleur, dans Les Cavaliers (1967), roman consacré aux Afghans des steppes qu'exalte une "liberté merveilleuse et sauvage". Enfin, parlant devant l'Académie française, il revendique hautement son appartenance au judaïsme, de même qu'il en avait témoigné dans Terre de feu (1948), publié au moment de la création d'Israël où il sera le premier visiteur à obtenir un visa du nouvel état.
Joseph Kessel est mort le 23 juillet 1979 à Avernes (Val-d'Oise), à l'âge de 81 ans.
Guy Le Clec'h,
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