Erich Maria Remarque

Biographie
Erich Maria Remarque
Erich Maria Remarque

Écrivain allemand, Erich Maria Remarque — pseudonyme d'Erich Paul Remark — est né le 22 juin 1898 à Osnabrück (Allemagne).

Fils d'un relieur, il suit des études pour devenir instituteur lorsqu'il est appelé sous les drapeaux en 1914 puis envoyé en juin 1917 sur le front de l'Ouest. Blessé par des éclats d'obus après sept semaines de combat, il sera soigné à l'arrière avant d'être démobilisé en 1918.

Après la guerre, il repasse son habilitation à l'enseignement et commence en août 1919 une carrière d'instituteur qui s'achève en novembre 1920. Il exerce alors divers métiers: comptable, professeur de piano, libraire, journaliste à la Osnabrücker Tages-Zeitung en 1922, puis rédacteur du journal sportif Sport im Bild en 1924. Il prend le nom de plume d'Erich Maria Remarque pour signer certains papiers.

En octobre 1925, il épouse Ilse Jutta Jeanne Zambona. L'année suivante, il achète le titre de Baron de Buchenwald à un noble ruiné. En février 1927, il quitte sa femme et commence l'écriture d'A l'Ouest, rien de nouveau (en allemand: Im Westen nichts Neues).

A sa parution, en 1929, A l'Ouest, rien de nouveau s'impose d'emblée comme un succès sans précédent dans l'histoire de la littérature allemande. Jamais un auteur n'aura été autant identifié à un seul livre. L'ouvrage atteint en l'espace de dix-huit mois un tirage de 3,5 millions d'exemplaires. Certains jours, il s'en vend 20.000 exemplaires. Huit imprimeries tournent à plein régime pour remplir les rayons des librairies. "De très nombreux livres de témoignages sur la Première Guerre mondiale avaient déjà été publiés, mais celui-ci est apparu aux yeux des soldats comme le plus authentique, le plus fidèle à la réalité", relève le professeur Tilman Westphalen, du Centre Remarque d'Osnabrueck, pour expliquer le succès phénoménal du roman. Depuis, ce récit froid et nu de l'horreur des tranchées et du non-sens de la guerre a été traduit à ce jour en 58 langues et le tirage s'élève à plusieurs dizaines de millions de volumes. Ni idéologue, ni théoricien — il s'est dit "apolitique" — ni grand styliste, Erich Maria Remarque entretient à la parution du livre le mythe d'un récit factuel et spontané, rédigé au fil de la plume, en six semaines à peine et en dehors des heures de bureau (il est toujours journaliste). Il s'agit en fait de son quatrième roman, long mûrissement des sept semaines qu'il a passées au front en 1917.

Devant le succès du livre, Erich Maria Remarque garde la tête froide : "J'avais été propulsé à des sommets jamais atteints et ne pouvais à vrai dire qu'en redescendre", dira-t-il. Il en tirera aussi les conclusions qui s'imposent: "Je me retirais, ne croyais pas les bonnes critiques mais les mauvaises et travaillais". Un travail bien vite contrarié par la montée du nazisme. Entre les mains d'Hollywood et devant la caméra de Lewis Milestone, A l'ouest, rien de nouveau passe en 1930 du statut de best-seller à celui de film-culte. La première allemande a lieu à Berlin. Joseph Goebbels et ses hommes de main du parti nazi interrompent la projection en dispersant des souris blanches dans la salle. Dès l'arrivée d'Adolph Hitler au pouvoir, le film est interdit. Mais Remarque a pris les devants. En 1931, il s'est exilé à Ascona, en Suisse, où les revenus plus que confortables du livre lui permettent de s'acheter une villa sur le Lac Majeur. Un peu plus tard, il émigrera aux Etats-Unis. Le 10 Mai 1933, ses livres sont brûlés dans un autodafé, place de l'Opéra, à Berlin. Puis, en 1938, un tribunal le déchoit de sa nationalité allemande. Motif: il a "traîné dans la boue" les soldats de la Grande guerre et présenté "une vision anti-germanique" de leurs faits d'armes. L'écrivain exilé aux Etats-Unis ne l'apprendra qu'au lendemain des hostilités, mais sa soeur Elfriede, simple couturière, qui avait confié à une cliente qu'elle logerait volontiers une balle dans la tête d'Hitler, est dénoncée, condamnée à mort en 1943 et décapitée.

Dans son exil doré aux Etats-Unis, Erich Maria Remarque fait de sa vie un mélo hollywoodien. Ses liaisons avec Marlène Dietrich et Greta Garbo alimentent la chronique mondaine des journaux. En 1948, il se retire en Suisse avec Paulette Godard, divorcée de Charlie Chaplin.

Sans doute l'écrivain allemand le plus populaire, le plus lu, le plus encensé et le plus dénigré du XXe siècle, il situe toute son oeuvre dans les moments sombres qui ont marqué l'histoire de sa génération: la Première Guerre mondiale dans A l'Ouest, rien de nouveau (1929), les débuts troubles de la République de Weimar dans Le Chemin de retour (1931), l'émigration dans Arc de Triomphe (1946), la dictature hitlérienne dans Le temps de vivre, le temps de mourir (1954), la dépression écononomique et les années d'inflation dans L'Obélisque noir (1956). Dans chacun de ses romans, il suit le destin d'individus qui cherchent à se sortir d'une situation politique implacable, à vaincre ce qu'ils considèrent comme une malchance. A chaque fois aussi, ce porte-drapeau de la littérature pacifiste dénonce aussi avec force le militarisme, la guerre et la dictature.

Erich Maria Remarque est mort le 25 septembre 1970 à Locarno (Suisse), à l'âge 72 ans.

Jean-Jacques Pollet,

Copyright © La République des Lettres, Paris, dimanche 10 novembre 2024
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