Pierre Teilhard de Chardin

Biographie
Pierre Teilhard de Chardin
Pierre Teilhard de Chardin

Homme de science, philosophe et théologien français, membre de l'Académie des sciences, le Père Pierre Teilhard de Chardin est né à Orcines (Puy-de-Dôme) le 1er mai 1881.

Descendant d'une vieille famille aristocratique établie en Auvergne depuis des siècles, il passe toute son enfance à la campagne, dans la propriété de ses parents, se montrant déjà passionné par le spectacle de la nature. Aussitôt ses études secondaires terminées au collège des jésuites de Mongré, près de Lyon, il entre au noviciat des jésuites d'Aix-en-Provence. Les lois de Combes sur les congrégations ayant été promulguées, le jeune religieux, à partir de 1901, doit aller faire sa théologie à Jersey, et c'est en Angleterre, à Hastings, qu'il est ordonné prêtre en 1905.

À côté de sa vocation sacerdotale, mais liée à elle, la vocation scientifique de Teilhard de Chardin s'éveille dès l'adolescence. Au cours d'un séjour en Égypte, de 1905 à 1908, il se livre à ses premières études de géologie sur les formations nummulitiques du Mokattan (cf. Le Cœur de la matière, texte écrit en 1950).

Son intérêt essentiel va cependant à la paléontologie. Rentré en Angleterre, il participe à des recherches entreprises dans le Sussex qui aboutissent en 1912 à la découverte de l'"Eoanthropus Dawsoni" de Piltdown (il semble malheureusement que les savants aient été à cette occasion victimes d'une supercherie). Arrivé à Paris en 1912, il est rattaché au laboratoire de paléontologie du Muséum, sous la direction de Marcellin Boule. Ses travaux jusqu'à la guerre portent principalement sur les mammifères du tertiaire moyen et inférieur de l'Europe.

Mobilisé en 1914 comme caporal-brancardier dans un régiment nord-africain, Teilhard de Chardin est un soldat courageux qui reçoit la médaille militaire et Légion d'honneur. Jusque dans les tranchées de Champagne il continue cependant ses recherches. Ses premiers écrits et ses premières réflexions sur les rapports de la science et de la religion sont élaborés pendant les quatre années passées au front et ses découvertes sur la microfaune de Cernay lui fournissent le sujet de sa thèse en Sorbonne.

Titulaire de la chaire de géologie de l'Institut catholique dès 1919, il passe son doctorat ès sciences en 1922. Il enseigne alors la géologie à l'Institut catholique de Paris, mais son enseignement hétérodoxe fait qu'il est rapidement envoyé en Chine où son intérêt pour la physique et la géologie se déplace vers la paléontologie et l'anthropologie. En 1923, il part pour la Chine où il séjournera désormais presque continuellement pendant plus de vingt ans.

Après une première randonnée (1923-26) en Mongolie orientale, dans les Ordos et le désert de Gobi, Teilhard de Chardin est nommé en 1929 conseiller du Service géographique national de la Chine. En 1930, il participe à l'expédition du Muséum de New York dans le Centre-Asie et prend une part importante dans la découverte du "Sinanthropus" ou "homme de Pékin". D'avril 1931 à février 1932, il accompagne la grande mission transasiatique Haardt-Citroën (la fameuse "Croisière jaune").

Directeur des fouilles de Choukou-tien, près de Pékin, en 1932, il part en 1935 dans l'Inde septentrionale et centrale avec la Yale Cambridge Expédition, et fait en 1936, 1937 et 1938 des incursions à Java (recherches sur les dépôts originaires du "Pithecanthropus").

Teilhard de Chardin passe toute la période de la guerre à Pékin et ne reviend en France qu'en 1945. En 1947, il est nommé directeur de recherches à la Recherche Nationale Scientifique et, en 1950, élu à l'Académie des sciences.

Il se propose d'élargir le champ de la réflexion proprement scientifique aux aspects cosmologiques et théologiques, ce qui suscite des méfiances et des critiques au sein de l'Église catholique dans la mesure où l'on tient pour suspecte sa volonté de rendre compatible son interprétation évolutionniste de l'humanité et de l'univers avec les dogmes de la foi chrétienne. Il doit refuser sur ordre de ses supérieurs une chaire au Collège de France, et, en 1951, il est prié d'accepter d'aller travailler à New York comme conseiller de la Wenner Gren Foundation for Anthropological Research.

Âgé de plus de soixante-dix ans, il réussit encore à faire deux expéditions en Afrique du Sud en 1951 et 1953 pour des recherches relatives aux australopithèques.

Teilhard de Chardin a été très tôt préoccupé d'intégrer ses découvertes dans une perspective générale du "problème humain" accordée à la fois au dogme chrétien et aux exigences de la science moderne. A la conception matérialiste du darwinisme, il oppose une cosmologie non nécessairement contradictoire, fondée sur les principes de sa foi et de sa conception de l'univers qu'il exprime en ces termes: "Je crois que l'Univers est une Évolution. Je crois que l'Évolution va vers l'Esprit. Je crois que l'Esprit s'accomplit en quelque chose d'Universel. Je crois que l'Individuel suprême est le Christ-Universel" (Comment je crois, 1934, publié en 1969). Selon lui, la matière originaire contient en son sein la conscience comme élément organisateur, par laquelle l'évolution se présente comme un processus qui n'est pas complètement déterministe, mais aussi téléologique. L'évolution du monde inorganique (pré-vie ou cosmosphère) à la "biosphère" (vie) tend à la production du monde de l'homme et de la pensée (noosphère), comme à son point culminant. L'homme n'est pas pour autant le point final: l'univers, comprenant l'homme et son histoire, tend vers un "point oméga", identique à l'alpha. Celui-ci est le Christ cosmique ou évoluteur, point d'agrégation de toute l'humanité ("christophère"). Par conséquent, l'évolution est la croissance même du corps du Christ donnant sa consistance à l'humanité.

Avant sa mort, survenue à New York le 10 avril 1955, Theilhard de Chardin a pu consigner ses méditations dans un grand nombre d'écrits et c'est dès 1955 que la publication de ses Œuvres complètes commença sous le patronage de diverses personnalités scientifiques et philosophiques. Parmi une trentaine de volumes, certains titres comme Le Phénomène humain (1955), Le Groupe zoologique humain (1956), L'Apparition de l'homme (1956), La Vision du passé (1957), Le Milieu divin, Essai de vie intérieure (1957), L'Avenir de l'homme (1959) ou encore L'Hymne de l'univers (1961), ont suscité l'inquiétude du Vatican et soulevé de vives oppositions dans certains milieux théologiques. En 1962, l'Église catholique, au vu de l'écho de son œuvre, éprouva encore le besoin d'exhorter les responsables de l'enseignement religieux de protéger les jeunes esprits contre les dangers de la lecture de ses ouvrages.

Michel Mourre,

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Paris, jeudi 28 mars 2024