Écrivain mexicain d'origine allemande, B. Traven — pseudonyme de Hermann Albert Otto Max Feige, né Wienecke (alias Hal Croves, Traven Torsvan, Ret Marut,...) — est né le 23 février 1882 à Schwiebus (aujourd'hui Swiebodzin, Pologne).
Aîné de sept enfants, il est élevé par ses grands-parents maternels jusqu'en 1888, année où son grand-père tombe malade. Repris alors par ses parents, il est traumatisé par la séparation d'avec ceux qu'il considérait comme ses "vrais" parents. Le jeune garçon se renferme en lui-même et développe un goût pour la solitude qui ne le quittera jamais.
Il fait des études primaires brillantes. Le peu de ressources de ses parents (son père est potier) l'amènent en apprentissage chez un serrurier (1896-97). De 1902 à 1904, il effectue son service militaire, dont il revient en socialiste convaincu. Il rejoint ensuite sa famille que son agitation politique inquiète. Il la quitte.
En 1907, on le retrouve sous le nom de Ret Marut. Il est acteur au théâtre d'Essen et vit avec l'actrice Elfriede Zielke, de quatre ans sa cadette. Il lui naît une fille, Irene Zielke, qu'il connaîtra à peine, en 1912, à Danzig.
En 1916, B. Traven publie son premier roman, signé Richard Maurhut, A Mademoiselle von S. (Irene Mermet en est l'éditrice). Il fait la demande d'un passeport américain, en prétendant être né à San Francisco. En février 1917, les relations diplomatiques entre l'Allemagne et les États-Unis sont rompues. En septembre, il édite le premier numéro d'une revue anarchiste, Der Ziegelbrenner, dont les cibles sont la guerre, les capitalistes qui en profitent et la presse. Il y affirme ce qui sera le credo de ses livres: ni races ni pays, seulement des individus.
En novembre 1918, c'est la création de la "République bavaroise" et l'éphémère gouvernement Eisner à Munich. Le Kaiser est déposé. En février 1919, Eisner est assassiné; en avril, naissance de la "République des Conseils", dirigée par les soldats et les ouvriers. Ret Marut y participe comme censeur de la presse capitaliste. En mai, c'est la fin de la République dans une répression sanglante; il est arrêté, s'évade et fuit à Vienne. Le dernier numéro de Der Ziegelbrenner paraît en décembre 1921.
Il quitte l'Allemagne en 1923, arrive au Canada en juillet. Il est refoulé, ses papiers n'étant pas en règle. Débarqué en août en Angleterre, il est arrêté à Londres fin novembre pour ne pas s'être présenté au "Registration Office" et emprisonné à Brixton, d'où il sort en février 1924. Expulsé comme "dangereux communiste allemand", il demande la citoyenneté américaine, qui lui est refusée. En avril 1924, il quitte Londres à bord d'un navire. Ret Marut disparaît.
Installé au Mexique de juin 1924 à sa mort (il obtient la citoyenneté mexicaine le 1er octobre 1951), il apparaît socialement sous les noms de Hal Croves et Traven Torsvan, fait parvenir ses manuscrits signés B. Traven par la poste, et dissimule son anonymat derrière plusieurs boîtes postales et des femmes qui joueront le rôle d'agents littéraires.
Il est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages au total. Parmi les principaux, citons notamment Les Cueilleurs de coton, publié en feuilleton dans un journal allemand en 1925, Le Vaisseau des morts (1926), Le Trésor de la Sierra Madre (1927, rendu célèbre par l'adaption sur grand écran de John Huston en 1948, avec Humphrey Bogart dans le rôle principal), Le Pont dans la jungle (1927), Rosablanca (1929), La Charrette, Indios (1930), La Marche dans le royaume des Caoba (1933), Die Troza (1936), La Révolte des pendus (1936), Un général sort de la jungle (1940) et Aslan Norval (1960). Plusieurs grandes nouvelles écrites et publiées à des dates diverses ont en outre été rassemblées dans le recueil intitulé Le Visiteur du soir (1966). Les premières traductions anglaises et américaines datent de 1934.
Lorsqu'il quitte sa famille en 1904, Traven renie ses parents, son pays, son nom. Lorsqu'il arrive au Mexique en 1924, il est persona non grata aux U.S.A., il a été expulsé d'Angleterre et condamné pour traîtrise en Allemagne. C'est sans doute pourquoi ses personnages sont apatrides (Le Vaisseau des morts), n'ont pas de raison sociale et font partie des exploités (Le Trésor de la Sierra Madre). Au Mexique, Traven a trouvé une autre philosophie, qui ridiculise les valeurs capitalistes (Indios). Né bâtard, il s'est inventé des passés fictifs, s'est dissimulé derrière des noms d'emprunt et n'a cessé de mettre en scène les exclus du système capitaliste pour rappeler que l'appartenance à un pays, l'identité et la réussite sociales ne sont qu'illusions.
B. Traven est mort à Mexico le 26 mars 1969, à l'âge de 87 ans.
François Guerif,
Chez votre libraire
Catalogue général • Nouveautés • Index des auteurs • Index des livres • Contact & Mentions légales
L'histoire • Le journal • La maison d'édition
Droits réservés © La République des Lettres
Paris, mardi 26 septembre 2023