Léon Trotsky

Biographie
Léon Trotski (Trotsky)
Léon Trotsky

Homme politique et révolutionnaire russe, Léon Trotski — ou Léon Trotsky, pseudonyme de Lev Davidovitch Bronstein — est né le 26 octobre 1879 (7 novembre 1879 dans le calendrier grégorien) au village de Ianovka, près d'Elisavetgrad (gouvernement de Kherson, aujourd'hui Kropyvnytsky en Ukraine).

Après avoir terminé ses études secondaires à Odessa, il est, dès la première année de ses éludes universitaires en 1898, arrêté pour avoir entretenu des rapports avec des révolutionnaires, et déporté à Verkholensk, en Sibérie. Ayant réussi à s'échapper en 1902, grâce à un faux passeport délivré au nom de Trotski, il se rend à Londres, où il collabore avec Vladimir Ilitch Lénine et Gueorgui Plekhanov à la rédaction du journal russe clandestin L'Etincelle.

Rentré en Russie, toujours grâce à un faux passeport, en 1905, il prend une part active à l'organisation de l'action révolutionnaire et est élu président du soviet des députés ouvriers. Arrêté avec tout le comité exécutif du soviet en décembre 1905, il passe en jugement en octobre 1906. Il est condamné à la perte de ses droits civiques et à la déportation à vie. Envoyé avec ses cinquante co-inculpés à Obdorsk (aujourd'hui Salekhard), au-delà du cercle polaire. Il s'évade en cours de route et, après un bref séjour à Pétersbourg, se réfugie en Finlande, où il écrit le récit de sa déportation et de son évasion, récit qu'il publie en 1907 sous le titre Aller et Retour. Cette publication lui permet d'amasser les fonds nécessaires pour s'installer en Autriche.

Avec un autre révolutionnaire russe, Adolf Joffé, il fonde à Vienne un journal clandestin, La Vérité (Pravda). Il collabore aussi périodiquement à l'organe viennois Le Journal des ouvriers.

Envoyé en 1912 — bien entendu sous un nom d'emprunt — à Constantinople comme correspondant de guerre du journal russe La Pensée de Kiev, Léon Trotski dénonce les atrocités commises par les Bulgares contre les Turcs. Plus tard, après la déclaration de la guerre de 1914-18, il continuera son rôle de correspondant du journal de Kiev, mais il devra quitter Vienne et se fixer d'abord à Zurich, puis à Paris.

À partir de janvier 1915, il collabore à un journal parisien de langue russe, Notre parole. Après avoir assisté au congrès des socialistes-internationalistes à Zimmerwald (Suisse), en septembre 1915, Trotski est expulsé de France et, après un court séjour en Espagne, lui et sa famille débarquent à New York en janvier 1917. Le 8 mars de la même année, ayant appris l'abdication de l'empereur Nicolas II, il demande, et obtient, un passeport officiel pour rentrer en Russie. Embarqué le 27 mars, il est, avec cinq autres révolutionnaires, arrêté à l'escale de Halifax (Canada) par la police britannique et emprisonné.

Libéré en avril 1917, sur intervention de Pavel Milioukov, Léon Trotski rentre en Russie et se met au travail. Vladimir Ilitch Lénine et Grigori Zinoviev, rentrés de Suisse en Russie quelques jours avant Trotski, avaient pris ensemble la tête du Comité exécutif du soviet des ouvriers. En juillet 1917, Trotski adhère au parti bolchevik. Son ardeur révolutionnaire, sa rhétorique convaincante et son immense talent d'organisateur en font vite une figure éminente du parti. Se heurtant continuellement au gouvernement d'Alexandre Kerenski, les soviets sont considérés par ce dernier comme des émissaires allemands, et leurs chefs sont arrêtés en juillet 1917 ou contraints à se réfugier en Finlande. Réunis néanmoins à nouveau à Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour le meeting des soviets du 20 octobre 1917, les leaders des soviets décident de prendre le pouvoir, ce qui est accompli le 26 octobre (ancien calendrier). Dans le gouvernement soviétique nouvellement institué, Lénine est alors élu président du Conseil, et Trotski nommé ministre de la Justice et premier commissaire du peuple aux Affaires étrangères.

Après avoir joué un rôle important dans les pourparlers qui aboutissent, le 3 mars 1918, au traité de paix séparée de Brest-Litovsk, il devient Commissaire du peuple à la Défense. De son train blindé, il emploie toute son énergie à former la future armée Rouge qui triomphera, en 1920, des efforts déployés par les «Russes Blancs» d'Anton Denikine et d'Alexandre Koltchak (entre autres), ainsi que, plus tard, des Polonais. Il contribue à ce que la Russie soviétique triomphe de tous les épisodes de la guerre civile, notamment avec l'écrasement de l'insurrection anarchiste de Kronstadt en 1821.

De cette époque datent ses livres: Terrorisme et Communisme (1920) — réponse à la brochure de Karl Kautsky parue, en 1919, sous le même titre — et Les Questions essentielles de la révolution (1923). Jalousé, comme bolchévique de fraîche date, Trotski ne doit qu'à l'influence de Lénine, qui a en lui une confiance absolue, de rester, jusqu'à la mort de Lénine, l'un des dirigeants principaux du parti, surtout après avoir écrit Littérature et Révolution (1922), ouvrage dans lequel il démontre l'impossibilité d'une littérature «dirigée» et même d'une culture spécifiquement prolétarienne.

Après la mort de Lénine en 1924, Léon Trotski ne se voit confier que des tâches de second plan. Puis, attaqué ouvertement par Joseph Staline et Lev Kamenev, il est relevé de ses fonctions le 2 janvier 1925.

Le 15 novembre 1927,il est définitivement rayé du part. Le 17 janvier 1928 il est placé en résidence surveillée à Alma-Ata, dans les steppes de l'Asie centrale, où il reste incarcéré pendant un an avant d'être conduit de force en exil, à l'île de Prinkipo (Turquie) où il demeure jusqu'en 1933.

Pendant cette période de sa vie, Trotski écrit un grand nombre d'articles et de brochures parmi lesquelles il faut citer un Jean Jaurès (1921), ainsi que ses livres les plus importants: Vie de Lénine (1924), Les Leçons d'Octobre (1924), Où va l'Angleterre? (1925), Ma vie (1930), La Révolution permanente (1930), L'École stalinienne de falsifications (1932) et sa volumineuse Histoire de la révolution russe (1931-33). Il publie chaque mois en russe un Bulletin de l'opposition et met sur pied, après une première conférence en avril 1930, un secrétariat international provisoire de l'opposition communiste. Avec sa thèse de la Révolution permanente, il souhaite une intensification graduelle ainsi qu'une extension dans l'espace de la révolution entreprise en 1917, notamment en Allemagne. A l'inverse, Staline élabore sa thèse de «l'édification du socialisme dans un seul pays».

Le 20 février 1932, le gouvernement de Staline promulgue la déchéance de Trotski et de tous les membres russes de sa famille se trouvant à l'étranger. L'année suivante, il reçoit, malgré les protestations furieuses tant de la presse française de droite que de L'Humanité, un visa lui accordant asile en France. Il s'installe avec sa femme, d'abord à Saint-Palais, près de Royan, puis à Barbizon. Mais lorsque le permis de séjour expire en 1935, il n'est pas renouvelé et Trotski doit reprendre le chemin de l'exil.

Après un bref séjour à Weksal, près de Honefoss en Norvège, suivi d'une incarcération, Trotski reçoit enfin l'autorisation de s'installer au Mexique où il arrive le 9 janvier 1937. Ayant élu domicile à Coyoacan, à dix kilomètres de Mexico, il y écrivit sa Révolution trahie (1937) et Staline (publié à titre posthume en 1948), non publiés en langue russe.

L'activité antistalinienne de Trotski et, surtout, son essai Devant la nouvelle guerre mondiale (1937), où il prévoit la collusion entre la dictature de Joseph Staline et celle d'Adolf Hitler, inquiètent fortement les dirigeants du Kremlin. Il est l'un des principaux accusés, absent, des Procès de Moscou. En septembre 1938, il participe avec 25 délégués représentant 11 pays, à la fondation de la IVe Internationale.

Le 24 mai 1940, Léon Trotski échappe une première fois à un attentat. Une seconde tentative à Coyoacan le 20 août le laisse mortellement blessé à la tête à coups de piolet par Ramon Mercader, un communiste espagnol recruté par les agents de Staline. Il succombe à ses blessures le lendemain, 21 août 1940, à l'âge de 60 ans.

Alexandre Labzine,

Léon Trotsky en librairie

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Paris, lundi 14 octobre 2024