Amos Tutuola

Biographie
Amos Tutuola
Amos Tutuola

Écrivain nigérian d'expression anglaise, Amos Tutuola est né à Abeokuta (Etat d'Ogun, Nigéria) en juin 1920. Fils d'un modeste agriculteur, il est scolarisé dans une école primaire de l'Armée du Salut. Ses études secondaires entamées au lycée de Lagos sont interrompues en 1939 par la mort de son père.

Il exerce ensuite divers petits métiers: chaudronnier, forgeron dans la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale, veilleur de nuit, coursier dans un ministère, magasinier à la radio nigérienne, tout en commençant à retranscrire dans des cahiers d'écolier les contes traditionnels yoruba entendus pendant son enfance.

Avant de se marier en 1947, Amos Tutuola termine son premier grand récit, L'Ivrogne dans la brousse, qui sera publié à Londres en 1952 puis traduit l'année suivante en France par Raymond Queneau. L'auteur est si peu connu à l'époque que certains pensent que c'est Queneau lui-même qui se dissimule sous un pseudonyme. L'Ivrogne dans la brousse connaît toutefois un certain succès. Il sera suivi de sept autres récits: Ma vie dans la brousse des fantômes (1954), La Vaillante chasseresse africaine (1958), La Vieille Femme-oiseau de la brousse (1962), Comment Ajaiyi reçut la pauvreté en héritage (1967), La Sorcière de la ville lointaine (1981), L'Indigent, le brailleur et le calomniateur (1987), et d'un recueil de nouvelles: La Sorcière du village et autres nouvelles (1990). D'abord publiés en langue anglaise ses ouvrages sont retraduits en langue yoruba.

Autodidacte, Amos Tutuola fait figure d'exception au sein d'une intelligentsia nigériane très lettrée: utilisant un anglais approximatif très proche de l'oral qu'il aligne sur les inflexions de sa langue maternelle, le yoruba, il produit un texte que les Africains ont récusé comme étant incorrect tandis que les Occidentaux l'ont encensé, en en soulignant son aspect halluciné, voire surréaliste. Tout, chez Tutuola, est, en fait, une réactualisation très personnelle des sources légendaires qu'il utilise. L'homme (ou la femme) de ses récits est, par exemple, un être traditionnel (un ivrogne, une chasseresse, un herbaliste ou un mendiant) doté, comme il se doit, de pouvoirs magiques et de ruse. Mais c'est aussi un personnage moderne qui peut, lorsqu'il est perdu, interroger un petit poste de télévision installé au creux de sa main. À la fois mythique et contemporain, cet homme des deux mondes poursuit son périple en nous décrivant ses luttes fabuleuses et ses prouesses techniques.

Dans chacun de ses livres, il reprend le même schéma initiatique et ses récits en sont peut-être entachés d'une certaine monotonie. Mais cette oeuvre hors mode et hors temps est une des rares qui ose, en des temps de récrimination très factuelle, lancer régulièrement l'homme noir dans une série de voyages extraordinaires au bout de son imaginaire.

Après avoir adapté son oeuvre au théâtre dans les années 1960, Amos Tutuola participe à la création du Club Mbari d'Ibadan qui regroupe de nombreux intellectuels et artistes africains. De 1979 à la fin des années 1980, il anime un atelier d'écriture à l'Université de l'Iowa (Etats-Unis).

Amos Tutuola est mort à Ibadan (Nigéria) le 8 juin 1997, à l'âge de 77 ans.

Denise Coussy,

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Paris, jeudi 28 mars 2024