Vivant Denon

Biographie

Écrivain, diplomate, dessinateur, graveur, collectionneur et directeur de musée français, Vivant Denon (pseudonyme de Dominique Vivant de Non) est né à Chalon-sur-Saône le 4 janvier 1747, dans une riche famille de la petite noblesse qui possède des vignes en Bourgogne.

Le baron Dominique de Non adoptera pendant la Révolution le patronyme d'apparence roturière, sous lequel il est connu aujourd'hui en tant qu'artiste et écrivain. La chance, le charme, l'intelligence, le courage, et, sans aucun doute, un sens remarquable des relations sociales expliquent la triple carrière artistique, diplomatique et littéraire de ce séduisant personnage.

Il suit ses études à Paris en compagnie de son précepteur, l'abbé Buisson. Excellent dessinateur, il s'initie à la gravure auprès du peintre-graveur Noël Hallé en 1769 puis travaille dans l'atelier du peintre François Boucher.

Son esprit et ses belles manières, ses succès auprès des femmes lui ouvrent rapidement le chemin de Versailles où il obtient les titres de gentilhomme de la Chambre du roi. Louis XV lui confie la direction du Cabinet des Médailles créé pour la marquise de Pompadour. Il produit de nombreuses eaux-fortes, imite les maîtres hollandais et entre à l'Académie royale de peinture en 1787. Entre-temps, des missions diplomatiques — et plus ou moins d'espionnage — l'ont conduit en 1773 à Saint-Pétersbourg où il rencontre Diderot, en Suède en 1774, à Genève (Suisse) en 1775, ce qui lui permet de séjourner chez Voltaire dont il dessine le portrait (Le Déjeuner de Ferney), et à Naples (Italie) en 1777, où il assiste à une éruption du Vésuve et s'intéresse aux fouilles d'Herculanum et de Pompéi. Il en rapporte un Voyage pittoresque de Naples et de Sicile, recueil de planches et de commentaires rédigés en collaboration avec l'abbé de Saint-Non, qui n'est pas son premier ouvrage littéraire.

En 1769, il a en effet donné à la Comédie-Française une pièce, Julie ou le Bon Père, qui a connu un lamentable échec, et en 1777, sous les initiales "M.D.G.O.D.R." (Monsieur Denon Gentilhomme Ordinaire Du Roi), une nouvelle érotique, Point de lendemain. Ce chef-d'oeuvre de la nouvelle libertine du XVIIIe siècle est d'abord publié dans les Mélanges littéraires, ou Journal des Dames dirigé par Fanny de Beauharnais et Claude-Joseph Dorat puis repris en 1779 dans L'Abeille littéraire où il est faussement attribué à Dorat. Une autre version du texte, plus franchement "priapique", circulera sous le titre de La Nuit merveilleuse. La première édition définitive séparée, établie par Vivant Denon mais toujours sans signature (l'auteur n'ayant toutefois jamais caché que l'intrigue était authentique), ne sera publiée qu'en 1812 chez Didot l'Ainé. En 1829, convaincu d'avoir déniché une rareté, Balzac insèrera ce texte dans sa Physiologie du mariage, en l'attribuant à Dorat et en censurant "certains détails trop érotiques pour l'époque actuelle". Le texte inspirera par la suite de nombreux écrivains et artistes, dont Louis Malle qui l'adaptera au cinéma sous le titre Les Amants (1958), avec Jeanne Moreau dans le rôle principal.

Après diverses intrigues, voyages et postes diplomatiques tout au long des années 1770-1785, il démissionne et s'installe en 1788 à Venise où il dessine et collectionne les oeuvres d'art.

La Révolution de 1789 trouve Vivant Denon en Suisse. Considéré comme émigré par la Convention, il est rayé de cette liste grâce à l'amitié de David. Il obtient des commandes de la Convention, et de Robespierre le titre de graveur officiel des costumes républicains, ce qui le met à l'abri de la Terreur. Il retourne à Venise, est expulsé par l'Inquisition vers Florence, rentre finalement à Paris.

En 1797, il fréquente le salon de Joséphine de Beauharnais, y attire l'attention de Napoléon Bonaparte qui le nomme parmi les artistes et savants de son expédition d'Egypte. L'année suivante, il débarque à Alexandrie, assiste aux combats, suit la division Desaix en Haute Egypte, visite les pyramides, remonte le Nil, dessinant et notant tout ce qu'il voit. De retour à Paris, il publie en 1802 son Voyage dans la Basse et la Haute-Egypte pendant les campagnes du général Bonaparte, en deux volumes in-folio richement illustrés de ses propres dessins. Le livre, que l'on considère aujourd'hui comme l'ouvrage fondateur de l'égyptologie en France, obtient un grand succès dans toute l'Europe.

Nommé directeur des Musées nationaux la même année, Vivant Denon accomplit au Louvre un remarquable travail d'organisation et de conservation. Nommé aussi directeur de la Monnaie et des Médailles, des Manufactures de Sèvres et des Gobelins, il est entre 1802 et 1815 un véritable surintendant des arts, et protège des artistes comme Prud'hon, Guérin, Gros et Gérard. Il suit les armées napoléoniennes en campagne, pour choisir avec un discernement remarquable, dans les villes occupées en Allemagne, en Espagne, en Italie et ailleurs, les plus belles oeuvres d'art qui orneront son musée Napoléon. C'est pourquoi, maintenu dans son poste par Louis XVIII, il préfère, en 1815, démissionner plutôt que d'accepter, après Waterloo, la restitution de ces chefs-d'oeuvre aux Alliés.

Le baron Vivant Denon achève sa vie au milieu de ses collections personnelles (une immense suite de six appartements dans son hôtel particulier du Quai Voltaire), se consacrant à des travaux de gravure (notamment à la lithographie, procédé nouveau qu'il a beaucoup contribué à introduire en France) et rédigeant une Histoire de l'art depuis les temps les plus reculés jusqu'au commencement du XIXe siècle. Il meurt à Paris le 28 avril 1825, à l'âge de 78 ans.

Catherine Bonfils,

Vivant Denon en librairie

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