Écrivain français d'origine roumaine, Marthe Bibesco est née à Bucarest (Roumanie) le 28 janvier 1886 dans une famille noble. Son père est le diplomate Jean Lahovary, sa mère la princesse Emma Mavrocordat.
Elle reçoit une éducation raffinée et cosmopolite, passant son enfance entre le domaine familial de Balotesti et les séjours en France, notamment à Biarritz. Vers 1901, elle est fiancée secrètement pendant quelques mois au prince héritier Ferdinand de Roumanie, mais elle épouse finalement l'année suivante le prince Georges Valentin Bibesco — cousin d'Anna de Noailles et d'Hélène Vacaresco — avec qui elle aura une fille, Valentine, née le 27 août 1903.
La princesse Bibesco s'insère dans l'élite intellectuelle et la haute société parisiennes et débute une carrière de femme de lettres. Elle publie d'abord Les Huit-Paradis (1908), inspiré d'un voyage en automobile effectué en Asie Mineure au printemps 1905 avec son mari, alors chargé de mission auprès du Shah de Perse. Le livre reçoit un accueil chaleureux. Si Maurice Barrès s'enthousiasme pour cette première oeuvre, c'est Robert de Montesquiou, cousin par alliance de Marthe Bibesco, qui lance sa réputation par un long article dans Le Figaro. Le livre est suivi par Alexandre asiatique (1912), une biographie romancée d'un style artiste et raffiné. Le Pays des saules (1923) est une évocation de légendes et de traditions populaires roumaines.
Devenue l'une des personnalités mondaines les plus marquantes de Paris, amie de Paul Claudel, Marcel Proust, Rainer Maria Rilke, Paul Valéry, Jean Cocteau, Francis Jammes, François Mauriac, Max Jacob, ou encore de l'abbé Mugnier dont elle fait son directeur de conscience, portraiturée par Giovanni Boldini, très liée à ses cousins Antoine et Emmanuel Bibesco eux-mêmes intimes de Marcel Proust, son oeuvre présente un versant mémorialiste dépeignant l'aristocratie cosmopolite parisienne. Dans quelque soixante-cinq volumes, elle témoigne de son époque et de tous ces personnages — intellectuels, artistes, écrivains, aristocrates, hommes politiques, etc — liés à elle par l'amitié et les relations mondaines. En 1955, elle est élue membre étranger de l'Académie royale de Belgique, au siège tenu auparavant par sa cousine la poétesse Anna de Noailles. En 1962, elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur.
Parmi les ouvrages les plus connus de la princesse Bibesco, citons notamment: Le Perroquet vert (1925), à mi-chemin entre le roman et l'autobiographie; Catherine-Paris (1927); Une victime royale: Ferdinand de Roumanie (1927); Au bal avec Marcel Proust (1928), grand succès de librairie fondé sur les souvenirs de l'auteur et sur les lettres de Proust à Antoine et Emmanuel Bibesco; Quatre portraits (1929); Pages de Bukovine et de Transylvanie (1930); Le Destin de Lord Thompson of Cardington (1932); Feuilles de calendrier (1939), journal; Le Voyageur voilé: Marcel Proust (1947); La duchesse de Guermantes: Laure de Sade, comtesse de Chevigné (1950); La Vie d'une amitié (trois volumes, 1951-1957), sur l'abbé Mugnier; Théodora, le cadeau de Dieu (1953), Churchill ou le Courage (1956); Un tendre amour de Napoléon (1951), publié sous le pseudonyme de Lucile Decaux, utilisé par la princesse durant toute la Seconde Guerre mondiale; La Nymphe Europe (1960), mémoires où elle relate l'histoire de sa famille, qui a coïncidé bien souvent avec l'histoire européenne (seul le premier volume, intitulé Mes vies antérieures, a paru); Échanges avec Paul Claudel (1971), correspondance.
Marthe Bibesco est morte à Paris le 28 novembre 1973, à l'âge de 87 ans.
Christophe Beaufils,
Copyright © La République des Lettres, Paris, vendredi 13 décembre 2024
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