Romancier anglais, Edward Morgan Forster naît le 1er janvier 1879 à Londres (Royaume-Uni) où son père est architecte.
Il suit ses études dans une public-school de Tonbridge, dont il ne garde pas un bon souvenir. Sawston School, décrite dans ses premiers romans, n'est autre que l'école de Tonbridge et la description est sévère. Il n'admet pas l'éducation bourgeoise stricte et pleine de préjugés donnée à leurs élèves par les public-schools.
Au King's College de l'université de Cambridge, il trouve plus de compréhension et de liberté, mais déjà il est non conformiste. Le libéralisme étant une tradition de sa famille, il fait partie, avec l'historien G. M. Trevelyan, du groupe de l'Indépendant Review, fondée pour combattre l'impérialisme et le protectionnisme de Joseph Chamberlain. Il se lie d'amitié avec J. M. Keynes et Leonard Woolf (futurs fondateurs du groupe de Bloomsbury).
Forster débute dans les lettres à vingt-quatre ans avec quelques petits contes publiés, pour la plupart, dans l'Independent Review. Après un séjour en Italie et en Grèce en compagnie de sa mère, il écrit son premier roman: Monteriano (1905), où il décrit les effets d'une civilisation étrangère sur les idées insulaires et provinciales de ses héros. Ce premier livre est bientôt suivi par des souvenirs romancés de sa vie scolaire: Le plus long des voyages (1907), et par deux romans: Avec vue sur l'Arno (1908) et Howards End (1910), où il fait le procès de l'autorité et prévoit l'évolution de l'Allemagne.
En 1912, Forster visite l'Inde, milite contre l'impérialisme britannique à son retour, et renouvelle son voyage en 1921 pour un séjour de plusieurs mois.
Le fruit des deux voyages est son célèbre roman A Passage to India (Route des Indes), publié en 1924, qui établit définitivement sa renommée littéraire. Le personnage principal du roman, Adela Quested, est une jeune femme Anglaise de bonne famille qui rend visite à son fiancé, fonctionnaire du gouvernement colonial britannique en Inde. Arrivée dans la petite ville de Chandrapore, elle entreprend une excursion aux mystérieuses grottes de Marabar, en compagnie de sa future belle-mère et sous la conduite du Docteur Aziz, un Hindou musulman avec qui elle se lie d'amitié. Mais dans la pénombre de l'une des grottes, elle est agressée, ou croît l'être. De retour dans la colonie, morte de peur et couverte d'égratignures, elle accuse Aziz de viol. La communauté anglaise scandalisée fait bloc derrière elle pendant l'enquête. Sur fond de discrimination raciale et de luttes indépendantistes, l'affaire porte à leur paroxysme les tensions entre colons et indigènes. Lors du procès, alors que la condamnation à mort d'Aziz semble acquise, la jeune femme se rétracte à la surprise générale.
L'auteur de Howards End et de Avec vue sur l'Arno poursuit ici la critique virulente des valeurs et des préjugés de la bonne société britannique tout en écrivant le roman de la présence occidentale en Inde. Considéré comme son chef d'oeuvre de Forster, Route des Indes connaît dès sa parution un immense succès. Le roman est gratifié à Londres du James Tait Black Memorial Prize, et à Paris du Prix Fémina-Vie heureuse. En 1984, il est magistralement adapté au cinéma par David Lean et, en 2005, le magazine Time le classe parmi les cent meilleurs romans en langue anglaise du XXe siècle.
Après Route des Indes, Forster écrit beaucoup dans la presse et ses critiques littéraires sont très appréciées, en particulier l'ouvrage intitulé Aspects du roman (1927). Les articles écrits après la Première Guerre mondiale, notamment sur l'Inde coloniale, sont réunis par lui en un volume qu'il intitule Abinger Harvest (1936).
Dans la plupart de ses romans, E. M. Forster met en évidence le conflit qui naît des rapports entre les personnes qui vivent guidées par leurs instincts, et celles qui obéissent avant tout aux impératifs des conventions sociales. Se rangeant lui-même dans la première de ces catégories, il décrit le monde de la seconde avec une grande acuité d'observation et une veine satirique assez marquée.
Il publie en 1939 Ce que je crois, puis après un silence assez long, en 1951, le livret de l'opéra Billy Budd, inspiré de l'œuvre d'Herman Melville et écrit en collaboration avec Benjamin Britten. Avant de mourir, il prépare la publication posthume (1971) de son roman intitulé Maurice, qu'il avait écrit en 1913-1914, dont le héros est homosexuel.
E. M. Forster meurt à Coventry le 7 juin 1970, à l'âge de 91 ans.
Mélanie Wolfe,
Copyright © La République des Lettres, Paris, dimanche 10 novembre 2024
républiquedeslettres.fr/forster.php
Catalogue • Nouveautés • Auteurs • Titres • Thèmes
Histoire de la République des lettres • Chez votre libraire
Recherche • Contact & Mentions légales
Droits réservés © La République des Lettres
Paris, dimanche 10 novembre 2024