Poète anglais, Dylan Marlais Thomas est né à Swansea (Pays de Galles, Royaume-Uni) le 27 octobre 1914.
Il fait ses études (sans grand succès) dans le lycée où enseigne son père, professeur de littérature anglaise, et termine sa scolarité à l'âge de 17 ans pour devenir journaliste au South Wales Evening Post. Dès cette époque, il s'intéresse au théâtre. Une grande partie de son œuvre, sans doute la partie la plus novatrice, est conçue ou rédigée à cette époque (1930-1934), alors qu'il a entre seize et vingt ans.
Après l'échec de sa carrière de journaliste et une période d'attente, il part s'installer à Londres, où il est déjà publié dans les revues et acclamé par la critique. Dix-huit poèmes paraît en 1934 et Vingt-cinq poème en 1936. Il fait partie de la dernière génération «moderniste» (George Barker, David Gascoyne et Dylan Thomas débutent tous et simultanément à cette époque). En 1937, il épouse Caitlin MacNamara, jeune Irlandaise à la personnalité très forte, issue d'un milieu bohème. Les responsabilités familiales (ils auront trois enfants) aggraveront pour Thomas une situation financière précaire. En 1938. il s'installe une première fois à Laugharne, petit village du sud du pays de Galles, qui sera une des sources pour Au bois lacté. Dès lors, le pays de Galles et Londres joueront le rôle de deux pôles dans une dialectique complexe (innocence/péché; paradis/enfer; enfermement/liberté...).
Thomas est marqué par la culture protestante non conformiste de ses origines galloises, d'où de nombreuses ambivalences (devant, par exemple, le corps et la femme) et une présence prononcée d'éléments qui ont structuré théologiquement et émotionnellement cette culture aujourd'hui en voie de disparition: la conscience aiguë du péché, de la chute, et de la culpabilité; le problème central d'un jugement (prédestiné ?) porté, sans recours, par une figure paternelle; la nostalgie intense du paradis perdu. Par ailleurs, on retrouve dans son œuvre de multiples traces des arts du langage de cette culture: le sérieux avec lequel on aborde le Verbe, les réseaux métaphoriques des Cantiques et de La Bible, la rhétorique des sermons (parallélismes...), le rythme incantatoire et quasi théâtral du «hwyl» gallois. Thomas fait partie de toute une génération d'écrivains et de poètes britanniques (David Herbert Lawrence, Theodore Francis Powys, etc.) qui se définissent largement par rapport à la culture religieuse, politique et même sociale de leur enfance. Ce qui le distingue est la présence d'une autre tradition: un travail du détail minutieux qui est analogue à celui de l'art poétique gallois.
Il publie en 1939 un recueil de transition, La Carte du tendre, mélange de prose et de poésie. Mais le tournant majeur, dans son œuvre, apparait avec la publication en 1940 d'un recueil de nouvelles: Portrait de l'artiste en jeune chien. Thomas tourne ici le dos à la prose d'inspiration surréaliste de sa jeunesse, pour évoquer sa vie d'enfance et d'adolescence dans un recueil dont le titre rappelle celui de l'œuvre de James Joyce, Portrait de l'artiste en jeune homme. On peut voir dans ce titre parodique la double marque de la dépendance de Thomas et de sa rupture avec le modernisme.
En 1941, le poète vend ses carnets de jeunesse pour l'équivalent de 300 francs, espérant ainsi sortir de l'univers symbolique clos et de la rhétorique de plus en plus nouée de ses œuvres d'adolescence. On peut, par ailleurs, remarquer que dès cette époque — et donc dès l'âge de 26 ans — la nostalgie et la pastorale commencent à hanter son œuvre. En effet, la Seconde Guerre mondiale est une époque difficile pour Thomas, écartelé comme il l'est entre le pays de Galles et Londres, mais gagnant suffisamment d'argent en tant que scénariste pour entretenir avec éclat, surtout dans la capitale, une légende de grand buveur.
En 1944, il retourne au pays de Galles et écrit la dernière grande série de poèmes (notamment Poème en octobre et La Colline aux fougères). Au même moment, il écrit des émissions pour la radio, genre où il excelle. En 1946, il publie Morts et Accès recueil qui a un grand retentissement. À partir de cette époque, sa vie personnelle se complique de façon apparemment inexorable. Il manifeste une fuite en avant sur tous les plans, fuite aggravée par l'interférence constante de trois types de problèmes: les problèmes financiers (liés en partie au non-paiement de ses impôts), ceux générés par ce qu'il perçoit comme le tarissement de son talent lyrique et, finalement, les multiples problèmes (entre autres conjugaux) suscités par une vie personnelle relativement désordonnée. Ainsi, tout le pousse à consacrer un temps considérable à des scénarios pour le cinéma. Mais ceux-ci s'avèrent d'un intérêt très variable.
En 1949, Dylan Thomas retourne à Laugharne, où une bienfaitrice lui achète une maison (devenue depuis musée), située sur l'estuaire de la rivière Towy. En 1950, il part aux États-Unis pour donner plusieurs séries de lectures de poèmes (1950, 1952 et 1953), censées lui assurer des revenus sûrs. Ces lectures ont un succès inouï tant son style correspond aux attentes du public américain. Mais si elles rapportent beaucoup, elles n'arrivent pas à stabiliser sa vie. Il rentre au pays de Galles chaque fois aussi démuni pour faire face à ses crises financières et conjugales de plus en plus insurmontables.
En 1952, il publie In Country Sleep, qui rassemble six poèmes écrits depuis 1946, et son Collected Poems, 1934-1952. Ce dernier recueil lui assure définitivement popularité et renom. Mais, cette même année, son père meurt et c'est très affecté qu'il repart, en 1953, aux États-Unis: une première fois en avril pour une lecture publique d'Au bois lacté et de nouveau en octobre. C'est au cours de cette dernière visite qu'il meurt le 9 novembre, à l'hôpital Saint-Vincent de New York, des effets conjugués d'un excès d'alcool et, semble-t-il, de soins mal adaptés. Dylan Thomas a trente-neuf ans.
Après sa mort paraissent plusieurs recueils, notamment des nouvelles: Une vue de ta mer (1955) et Premiers écrits en prose (1971); un roman inachevé, Aventures dans le commerce des peaux (1955); un recueil d'émissions de radio, Très tôt un matin (1954); ses cahiers de jeunesse, Les Cahiers poétiques de jeunesse (1968); et la Correspondance complète (Collected Letters, 1985) qui contient, entre autres, la remarquable série de lettres à Pamela Hansford Johnson (1933-34), où il parle de sa conception de la poésie.
Paul Volsik,
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