Alphonse Daudet

Biographie
Alphonse Daudet
Alphonse Daudet

Écrivain français, Alphonse Daudet est né le 13 mai 1840 à Nîmes.

Son enfance se déroule avec ses deux frères aînés, Henri et Ernest, dans le petit village de Bezouce, près de Nîmes. Ses parents s'occupent d'une fabrique de soieries. En 1849, la famille doit cependant s'exiler à Lyon à la suite de graves difficultés financières. Sensible et précoce, Alphonse y découvre la tristesse d'un climat pluvieux, les humiliations et les souffrances de la pauvreté. Il jouit pourtant d'une grande liberté qu'il met à profit pour découvrir les plaisirs du canotage et faire l'école buissonnière. La situation familiale se détériore définitivement. À l'âge de seize ans, il doit quitter le lycée Ampère de la ville et accepter un emploi de maître d'études au collège d'Alès. La solitude, les blessures d'amour-propre et le chahut rendant cette expérience éprouvante, il quitte Alès et rejoint son frère à Paris où il veut tenter une carrière littéraire.

Il mène cette vie difficile et misérable qu'on appelle "la bohème". En 1858, il publie un recueil de vers Les Amoureuses, qui connaît un vif succès mondain, tôt suivi du silence. Il réussit pourtant à placer des chroniques, en prose ou en vers, d'inspiration boulevardière ou rabelaisienne, dans les journaux: au Gaulois, à Paris-Journal, et surtout au Figaro.

En 1859, il rencontre l'écrivain Frédéric Mistral. Les deux hommes deviennent très amis. Ils entretiendront une correspondance nourrie pendant de nombreuses années, jusqu'à la publication du roman Numa Roumestan (1881), jugé trop caricatural sur le Midi par Mistral.

Alphonse Daudet est attiré par le théâtre, où les succès sont glorieux et lucratifs, mais il ne parvient pas à faire lire ses manuscrits. L'existence devient plus que précaire. L'intervention d'un ami, Ernest Lépine, lui vaut en 1860 un poste de secrétaire auprès du duc de Morny (demi-frère de Napoléon III), sinécure qui assure sa vie matérielle. En collaboration avec Ernest Manuel (pseudonyme d'Ernest Lépine), il fait représenter trois courtes pièces: La Dernière Idole (1862), Les Absents (1864) et L'Œillet blanc (1865).

En 1865, après la mort du duc de Morny, il décide de se consacrer entièrement à son œuvre. En 1867, il épouse la poétesse Julia Allard (1847-1940), qui devient sa collaboratrice. Elle lui donnera trois enfants: Léon Daudet (1867-1942), Lucien Daudet (1878-1946) à qui on doit une Vie d'Alphonse Daudet (1941), et Edmée Daudet (1886-1937).

Entre-temps, sa santé – une syphilis compliquée de lésions tuberculeuses – a rendu nécessaires des séjours dans le Midi et en Corse, et surtout un voyage en Algérie. Le Midi lui inspire des contes qui, en partie co-écrits avec Paul Arène et publiés en feuilleton en 1866 dans L'Évènement sous le titre de Chroniques provençales, seront remaniés, complétés et rassemblés en recueil pour devenir en 1869 les célèbres Lettres de mon moulin. Le voyage en Algérie sera lui transposé dans Tartarin de Tarascon (1872), premier volume d'une trilogie qui contient Tartarin sur les Alpes (1885) et Port Tarascon (1890).

En 1868, Daudet publie un roman largement autobiographique Le Petit Chose, inspiré en partie par son expérience au collège d'Alès. En dépit d'un début de notoriété, sa situation financière reste très médiocre. L'échec retentissant de L'Arlésienne (1872), drame accompagné d'une musique de Georges Bizet, le relatif insuccès des Contes du lundi (1873), lui font envisager d'abandonner la carrière littéraire.

Mais son premier roman parisien, Fromont jeune et Risler aîné (1874), marque le début du succès. Jack (1876) raconte la vie d'un enfant et emmène le lecteur dans les milieux ouvriers provinciaux et parisiens.Le Nabab (1877) retrace les dernières années du second Empire. Les Rois en exil (1879) abordent le sujet original de la vie quotidienne des souverains détrônés. Numa Roumestan (1881) est l'occasion de proposer une étude du méridional. L'Évangéliste (1883) s'inspire d'un fait divers douloureux: l'endoctrinement d'une jeune fille par une secte religieuse. Sapho (1884) transpose la liaison de jeunesse qu'il a eu avec une courtisane, Marie Rieu. L'Immortel (1888) est une peinture satirique de l'Académie française. La Petite Paroisse (1895) analyse les tourments de la jalousie et Soutien de famille (1898) propose le portrait d'une génération à travers celui d'un héros accablé par une trop lourde charge. Citons aussi une longue nouvelle: Le Trésor d'Arlatan (1897), située en Camargue, qui aborde un problème de refoulement véritablement psychanalytique.

Il adapte pour le théâtre ses principaux romans et écrit pour la scène une pièce d'inspiration darwinienne, La Lutte pour la vie (1889). Mentionnons enfin des recueils de souvenirs et de critique dramatique, dont notamment La Doulou (1929), journal posthume où l'écrivain notait, jour après jour, les progrès de son mal incurable.

Très indépendant, Alphonse Daudet n'accepte pas la discipline de l'école naturaliste. Ami de Gustave Flaubert et d'Émile Zola, intime des frères Goncourt, il partage avec les réalistes le goût de l'observation et de la vérité en peinture: "D'après nature" est sa devise. Sa réputation d'aimable "charmeur" ne doit pas dissimuler un profond pessimisme, même s'il se refuse à donner des tableaux trop crus pour des raisons à la fois esthétiques et morales. Amoureux de modernité, sensible à l'air du temps, il est souvent un précurseur dans le choix de ses sujets et est le témoin précieux d'une société, fondée sur le mensonge et l'illusion, dont il excelle à mettre à nu les rouages. Il refuse la règle de l'impersonnalité dans l'art: sa subjectivité transparaît dans son ton personnel, où se mêlent l'humour et la pitié, ce qui provoque certains rapprochements entre lui et Charles Dickens. Les thèmes qu'il choisit: le petit peuple et le Midi cher à son enfance, restent ses sources d'inspiration les plus fécondes. Sa prose nerveuse, concise jusqu'à l'ellipse mais d'une grande richesse de vocabulaire, donne plus une impression qu'elle n'élabore un tableau précis, et suggère une action ou un sentiment avec une remarquable intensité de vie. La poésie des Lettres de mon moulin, le lyrisme du Petit Chose, le burlesque de Tartarin de Tarascon, la puissance réaliste de romans comme Jack ou Sapho attestent la diversité d'un talent fait d'émotion et de fantaisie, mais aussi de dons d'observateur remarquables.

Alphonse Daudet est mort à Paris le 15 décembre 1897, à l'âge de 57 ans. Plus d'un siècle après, il souffre toujours d'avoir été enfermé dans une image de conteur provençal facile en raison de la vulgarisation intensive des Lettres de mon moulin par les éditions pour la jeunesse.

Anne-Simone Dufief,

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Paris, jeudi 28 mars 2024