Léon Daudet

Biographie
Léon Daudet
Léon Daudet

Écrivain, journaliste et homme politique français, Léon Daudet est né à Paris le 16 novembre 1867.

Fils de l'écrivain Alphonse Daudet, dès son adolescence, alors qu'il est encore au lycée Louis-le-Grand, élève du philosophe Auguste Burdeau et condisciple de Paul Claudel, Marcel Schwob et Joseph Bédier, il rencontre dans la maison familiale de Champrosay (Essonne) la plupart des personnalités de la politique et des lettres de l'époque: Victor Hugo, Léon Gambetta, Ernest Renan, Émile Zola, les frères Goncourt, Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Maurice Barrès, Frédéric Mistral, etc.. Il en a laissé des portraits passionnés dans Paris vécu et dans ses Souvenirs (six volumes de 1880 à 1921), qui font de lui l'un des meilleurs mémorialistes de l'époque 1880-1914.

À partir de 1885, il suit des études de médecine, notamment auprès de Jean-Martin Charcot. En 1891, il épouse Jeanne Hugo, petite-fille de Victor Hugo, qui lui donne un fils l'année suivante.

Son premier roman, L'Héritier, paraît en feuilleton en 1892 dans La Nouvelle Revue de Juliette Adam. Il abandonne la médecine en 1893 après son échec au concours de l'internat.

En 1894, il publie Les Morticoles, virulente satire des milieux médicaux, dont on trouvera la contrepartie dans les évocations de Devant la douleur. Tout au long de sa vie d'ailleurs, Léon Daudet ne cessera d'aborder les problèmes de biologie et de psychopathologie — en particulier dans Le Monde des images, Le Rêve éveillé, L'Hérédo.

En 1895, le divorce est prononcé entre Jeanne et Léon Daudet. Il commence à poursuivre d'une haine farouche les écrivains dreyfusards, surtout Émile Zola, qu'il surnomme "le Grand Fécal" après la publication du J'accuse…! (1898). En 1900, il est critique de théâtre au journal Le Soleil, collabore au Gaulois et à la Libre Parole, débutant ainsi une carrière de journaliste qu'il mènera jusqu'à sa mort dans des dizaines de grands journaux de l'époque. La même année, exécuteur testamentaire d'Edmond de Goncourt, il est chargé de mettre sur pied l'Académie Goncourt, dont il est élu membre.

Virulent polémiste, ses attaques personnelles contre les politiciens lui valent plusieurs duels. Il publie un pamphlet antiparlementaire, Le Pays des parlementeurs en 1901.

D'abord d'idées progressistes républicaines, passionné pour le wagnérisme et la philosophie allemande, Léon Daudet subit l'influence de Édouard Drumont. L'affaire Dreyfus achève de l'amener au nationalisme et à l'antisémitisme, tandis que Le Voyage de Shakespeare, fresque épique et fantastique posant le problème de la création esthétique, confirme sa renommée littéraire, et que son retour à la foi catholique commence à le dresser contre l'influence des idées germaniques en France. En 1903, il entre au comité exécutif de la Fédération nationale antijuive d'Édouard Drumont. Il épouse en secondes noces sa cousine Marthe Allard.

Il fréquente la Ligue de la patrie française, qui confirme son engagement dans la politique réactionnaire et anti-parlementaire, puis rencontre en 1904 le duc d'Orléans qui renforce sa vocation monarchiste. En mars 1908, il lance avec Charles Maurras, Henri Vaugeois et Maurice Pujo, L'Action française, quotidien du monarchisme et du "nationalisme intégral". Plus encore que le doctrinaire Charles Maurras, c'est Daudet qui sera l'animateur des polémiques du journal, contre l'espionnage allemand avant la guerre de 1914 (L'Avant-Guerre), contre le défaitisme en 1917, contre la politique d'Aristide Briand après 1924, etc.

Élu député de Paris sur une liste "d'Action française et d'Union nationale" en 1920, Léon Daudet, après l'assassinat dans des circonstances restées mystérieuses de son fils Philippe en 1923, s'estime victime d'une machination et s'engage dans de violentes attaques contre la police qui lui valent une condamnation à quelques mois de prison. Il s'évade peu après de la prison de la Santé grâce à un subterfuge organisé par le réseau des Camelots du roi. Il passe deux années d'exil en Belgique où il trouvera la matière des méditations esthétiques publiées dans son Courrier des Pays-Bas (1928).

Grâcié, il revient à Paris il retrouve sa place de directeur de L'Action Française. Il reprend les polémiques, aspirant à la chute de la République (la "Gueuse"). En 1940, l'arrivée du Maréchal Philippe Pétain au pouvoir le satisfait pleinement même si l'occupation allemande le désole.

Léon Daudet s'imposa surtout par ses dons de polémiste, dans la tradition de François Rabelais et de Léon Bloy, "ardent jusqu'à la brutalité, passionné jusqu'à la fureur, inquiet aussi jusqu'à la souffrance", comme l'a défini Octave Mirbeau.

Critique littéraire, ce qui frappe le plus chez ce défenseur passionné de l'ordre monarchique, c'est un besoin de liberté débordante, un dédain complet des partis pris politiques: ami d'Édouard Drumont, il a été aussi celui de Marcel Schwob et d'Henri Massis, il a défendu André Gide et imposé Marcel Proust au jury Goncourt. Compagnon de Charles Maurras, il a admiré Paul Claudel, découvert Georges Bernanos et Louis-Ferdinand Céline. Auteur d'un livre sur Le Stupide XIXe siècle, il a cependant voué un amour enthousiaste à Honoré de Balzac et à Charles Baudelaire. Il a toujours vibré au génie lyrique de Victor Hugo. Nationaliste français, méridional de sang, il a été le familier de Goethe (Goethe et la synthèse), et de Shakespeare. Quand il délaisse l'abstraction qui ne convenait pas à sa nature (Les Idées en armes, etc.) et le roman, où il n'innove guère, il peut être compté au nombre des écrivains marquants de la première moitié du XXe siècle.

Auteur au total de 128 livres (romans, essais philosophiques, critique littéraire, pamphlets politiques, ouvrages historiques, mémoires) et 9000 articles de presse, Léon Daudet est mort à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) le 30 juin 1942, à l'âge de 74 ans.

Michel Mourre,

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Paris, jeudi 25 avril 2024