Philosophe français, Louis Lavelle est né le 15 juillet 1883 à Saint-Marlin-de-Villeréal (Lot-et-Garonne). Son père est instituteur et sa mère agricultrice.
Il suit ses études secondaires à Amiens et à Saint-Étienne puis intègre la faculté de philosophie de Lyon. Il lit Friedrich Nietzsche, assiste aux cours de Léon Brunschvicg et de Henri Bergson.
Agrégé de philosophie en 1909, il est nommé professeur à Vendôme puis à Limoges. Il se marie en 1913. En 1914, bien que réformé, il demande à aller au front et est envoyé sur la Somme et à Verdun. Le 11 mars 1916, il est fait prisonnier et restera détenu pendant près de vingt-trois mois.
Il passe son doctorat de philosophie en 1922 avec une thèse sur La Dialectique du monde sensible soutenue devant Léon Brunschvicg. Il est nommé à Strasbourg puis enseigne à Paris aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand. Il est professeur à la Sorbonne de 1932 à 1934 et professeur au Collège de France de 1941 à sa mort. Il tient parallèlement la chronique philosophique du journal Le Temps et co-dirige avec René Le Senne la collection «Philosophie de l'esprit» aux Éditions Aubier-Montaigne. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1947.
Pour combattre l'idéalisme dans lequel il a été élevé, Lavelle élabore dans De l'Existence (1912) et De l'Être (1928), La Conscience de soi (1933) et La Présence totale (1934), une théorie générale de l'être dans laquelle il professe sa primauté et son universalité absolues, ainsi que son univocité. Avec Du Temps et de l'Éternité (1945), il s'affirme alors comme un des meilleurs représentants, avec René Le Senne, de la «philosophie de l'esprit». Celle-ci se différenciant de la tendance scientifique et sociale qui, d'Auguste Comte à Émile Durkheim, avait dominé la pensée française au XIXe siècle, a su prendre conscience que l'activité philosophique constituait essentiellement une réflexion, non sur le monde objectif, mais sur le sujet.
Dans De l'Acte (1937), cette théorie lui sert de soubassement et de cadre à la constitution d'une métaphysique de l'être spirituel, qu'il a développée et précisée dans les écrits postérieurs, notamment dans De l'Âme humaine (1951). Malgré l'univocité, assurée par la présence totale de l'Être absolu dans chacun des êtres particuliers, ceux doués de conscience jouent un rôle privilégié dans l'univers de l'être, en tant qu'ils sont les seuls à être appelés par l'être absolu à participer à son essence, les seuls à qui il appartient, ce faisant, de se réaliser eux-mêmes, grâce à la liberté, à la différence de ceux dépourvus de conscience qui sont donnés tout faits et ne disposent pas des moyens dont ont besoin les premiers pour exercer la participation, laquelle n'est jamais achevée. Ainsi est évitée l'indifférenciation ontologique. Parce que la participation s'exerce dans le temps, il est clair qu'il y a un lien étroit entre l'être et le temps, que Lavelle a souligné avant Martin Heidegger dès De l'Existence, puis ensuite dans Du Temps et de l'Éternité (1945). Cependant qu'il a aussi mis en lumière le lien entre l'être et la valeur en concevant la première catégorie d'êtres particuliers comme constituant un degré supérieur à celui de la seconde.
Pour Lavelle, la pensée ne saurait se placer en face de l'univers en se séparant de lui. L'être n'est pas seulement en effet le résultat des données des sens, mais un tout, dont chaque existence particulière participe et dont les phénomènes sensibles et conceptuels ne sont que des analyses. Toutes choses étant contenues dans l'être en sont des actualisations, dans la mesure où elles tendent vers lui comme vers leur fin. L'être n'est donc pas seulement le lieu de toute perception et de toute pensée, mais également le terme de toute activité, l'acte, la «présence totale». Une telle philosophie correspond évidemment à un besoin profond de dépasser à la fois le rationalisme et l'irrationalisme, ce qui l'apparente, en dépit d'un style d'expression très différent, à l'effort poursuivi en Espagne par Ortega y Gasset et son école.
Au final, sous le titre générique de La Dialectique de l'éternel présent, Louis Lavelle est l'auteur d'une des plus importantes œuvres métaphysique du XXe siècle. Inachevée, cette somme rassemble les quatre volumes suivants: De l'Être (1928), De l'Acte (1937), Du Temps et de l'Éternité (1945) et De l'Âme humaine (1951).
Parmi les autres ouvrages de Louis Lavelle, citons encore parmi d'autres: Le Moi et son destin (1936), L'Erreur de Narcisse (1939), Le Mal et la souffrance (1940), une histoire de La Philosophie française entre les deux guerres (1942), une Introduction à l'ontologie (1947) et un Traité des valeurs (1951).
Louis Lavelle est mort à Parranquet (Lot-et-Garonne) le 1er septembre 1951, à l'âge de 68 ans.
Jean Bruno,
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Paris, mardi 15 octobre 2024