Philosophe français d'origine belge, Georges Palante est né le 20 novembre 1862 à Blangy-les-Arras Pas-de-Calais). À seize ans, il développe une acromégalie qui lui donne la lourde dégaine que l'écrivain Louis Guilloux, dans son roman Le Sang noir, prête au personnage de Cripure, dont il est le modèle. Reçu 7e à l'agrégation de philosophie en 1888, il est nommé en 1898 professeur au lycée de Saint-Brieuc. Vivant très modestement, il y enseigne la philosophie pendant vingt-sept ans, mais publie parallèlement de nombreux articles dans la Revue du Mercure de France, la Revue Philosophique de la France et de l'Étranger et la Revue des Idées.
Physiquement désigné à l'attention gênée de tous, Georges Palante transcende son handicap en le portant sur l'agora de la philosophie. Sa passion pour Nietzsche et Schopenhauer, son étude approfondie des textes socialistes et anarchistes du XIXe siècle (Max Stirner, Pierre-Joseph Proudhon, Charles Fourier, Paul Lafargue, etc.), sa singularité et une sensibilité personnelle des plus vives le dresse en révolté absolu contre la nature et la société. Sa philosophie ne tient pas au ressentiment d'un caractère aigri, elle relève de l'expérience vécue et parfois provoquée: échec de son mariage (1890), thèse refusée en Sorbonne (1911), querelle poussée jusqu'à l'absurde avec Jules de Gaultier à propos du bovarysme (1923), et enfin son suicide, le 5 août 1925 à Hillion (Côtes-d'Armor).
Combat pour l'individu (1904), La Sensibilité individualiste (1909), Les Antinomies entre l'individu et la société (tiré de sa thèse, 1912), Pessimisme et Individualisme (1914); ces titres résument la pensée de Georges Palante: refus des idéologies socio-politiques, d'une Philosophie de l'Histoire et du progrès, promotion d'un individu responsable dans une société libertaire démocratique.
L'oeuvre de Georges Palante, restée longtemps à l'écart de celles des penseurs de son temps, exercera toutefois une grande influence, notamment sur ses jeunes amis de Saint-Brieuc: Louis Guilloux — qui fait intervenir son personnage dans plusieurs de ses romans — et Jean Grenier. Par ce dernier, qui fut le "maître" d'Albert Camus, l'idéal palantien resurgira en particulier dans L'Homme révolté. Alors que se sont effondrées les idéologies, cet idéal retrouve aujourd'hui sa pleine actualité, inspirant entre autres Michel Onfray qui lui a consacré un livre, Physiologie de Georges Palante, Pour un nietzschéisme de gauche (2002), et a préfacé l'édition de ses Oeuvres philosophiques (Éditions Coda, 2004).
Yannick Pelletier,
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Paris, lundi 14 octobre 2024