Ernest Pérochon

Biographie
Ernest Pérochon
Ernest Pérochon

Écrivain français issu d'une famille de petits paysans protestants, Ernest Pérochon est né le 14 février 1885 dans la ferme du Tiran à Courlay (Deux-Sèvres).

Il est scolarisé à l'école publique communale, située au hameau de la Tour Nivelle, où il obtient son Certificat d'Etudes Primaires en 1897. Il intègre ensuite l'école primaire supérieure de Bressuire où il passe son Brevet Élémentaire. Reçu premier au concours d'entrée à l'Ecole Normale d'instituteurs de Parthenay, il y poursuit ses études de 1900 à 1903.

En 1903, il est nommé instituteur adjoint à Courlay, puis en 1904 enseignant de français et histoire-géo à l'École primaire annexe du collège de Parthenay.

De 1905 à 1907, il effectue son service militaire au 114e Régiment d'Infanterie basé à Saint-Maixent-l'École. En 1907, après son service militaire, il épouse une de ses collègues institutrice, Vanda Houmeau. Ils sont tous les deux nommés instituteurs à l'école de Saint-Paul en Gâtine où naît leur fille, Simone, en 1908.

Des années de lecture ont donné à Ernest Pérochon l'envie d'écrire. Il publie deux recueils de poèmes chez Georges Clouzot (père du cinéaste Henri-Georges Clouzot), éditeur-imprimeur à Niort: Chansons alternées en 1908 et Flûtes et bourdons en 1909 (Les deux recueils seront rassemblés en un seul volume, Poésies, en 1922).

Il fait la connaissance de Louis Perceau, originaire des Deux-Sèvres et auteur des Contes du Marais Poitevin. L'écrivain anarchiste l'aide à faire publier son premier roman, Les Creux-de-Maisons, qui paraît en 1912 sous forme de feuilleton dans L'Humanité, le journal de Jean Jaurès. Pérochon le publie ensuite en volume à compte d'auteur. Comme la plus grande partie de son oeuvre, Les Creux-de-Maisons reflète son amour pour le petit monde paysan de la région poitevine. Il y raconte la vie misérable d'une famille d'ouvriers agricoles dans les fermes du bocage, mettant l'accent sur leurs enfants "va-nu-pieds" appelés "cherche-pain" car, n'ayant pas assez à manger, ils parcourent chaque jour des kilomètres en mendiant du pain. Le roman sera réédité chez Plon en 1929.

En 1914, Ernest Pérochon est mobilisé comme vaguemestre sur le front de Lorraine. Il fait une crise cardiaque près d'un camarade tué par un obus. Après une hospitalisation à Parthenay, il passe dans les services auxiliaires pour raison de santé puis redevient instituteur à Vouillé, près de Niort, dès 1915.

Les quelques semaines de guerre auxquels il a participé l'ont rendu pessimiste sur les hommes mais il n'en continue pas moins son œuvre. Hormis quelques incursions dans la science-fiction et la littérature de jeunesse, le terroir poitevin et vendéen, son histoire, ses mœurs, la vie humble de ses paysans, l'évolution du monde rural, constituent l'objet principal de ce romancier de la simplicité, plus soucieux de descriptions que d'analyses psychologiques et d'études de caractères.

En 1920, il publie à compte d'auteur chez Clouzot deux autres romans rustiques: Le Chemin de plaine, version romancée de sa première année scolaire d'instituteur à Courlay, et Nêne, histoire d'une servante orpheline entrée au service d'un paysan veuf et père de deux enfants dont elle va s'occuper avec amour. Une autre femme épouse le paysan et prend bientôt injustement sa place dans le cœur des enfants. Nêne est couronné par le Prix Goncourt 1920. Vendu rapidement à plus de 100.000 exemplaires, il fait connaître l'auteur au grand public de l'époque.

En 1921, sa carrière littéraire étant lancée et désormais assuré de pouvoir vivre de sa plume, Ernest Pérochon décide de quitter l'enseignement. Il s'installe à Niort pour se consacrer entièrement à l'écriture. Sa femme poursuit quant à elle sa carrière d'enseignante à l'école primaire Paul Bert.

Plusieurs romans paraissent les années suivantes: La Parcelle 32 (1922, sur la mécanisation de l'agriculture française et l'évolution du monde rural), Les Ombres (1923), Les Gardiennes (1924, émouvant hommage aux femmes courageuses qui, restées seules à l'arrière avec les vieillards, ont continué le travail des fermes, permettant ainsi de nourrir le pays pendant le conflit. Le roman a été adapté en 2017 au cinéma par Xavier Beauvois, avec Nathalie Baye, Iris Bry et Laura Smet dans les principaux rôles), Huit gouttes d'opium (1925), Les Hommes frénétiques (1925, récit de science-fiction), Bernard l'ours et la torpédocamionnette (1927), Le Crime étrange de Lize Balzan (1929), Marie-Rose Méchain (1931).

N'ayant cessé de réfléchir à l'éducation des enfants, l'écrivain pédagogue publie aussi un essai sur le métier d'instituteur: L'instituteur (1927) et des livres pour la jeunesse: Contes des cent et un matins (1930), Le Livre des quatre saisons (1930), Au point du jour (1932), Les yeux clairs (1934), À l'ombre des ailes (1935), Nicolas et Nicolette au bois charmant (1937), Tap-Tap et Bilili (1938).

En 1930, il s'installe avec sa famille au 25 avenue de Limoges, dans ce qui deviendra, en 2013, la Villa Pérochon, Centre national d'art photographique de Niort.

Le 6 novembre 1932, Ernest Pérochon reçoit la croix de la Légion d'Honneur remise par Maurice Le Blond (journaliste et écrivain niortais éditeur des œuvres d'Émile Zola).

Suivent encore d'autres romans: L'eau courante (1932), Les Fils Madagascar (1932), Barberine des genêts (1933), Les Endiablés (1934) — Barberine des genêts et Les Endiablés, tous les deux sur les Guerres de Vendée pendant la Révolution française, seront réunis sous le titre Au cri du Chouan (1934), Milon (1936, chronique paysanne du règne de François 1er), Babette et ses frères (1939, sur les dissidents religieux du Poitou ayant refusé le Concordat de Napoléon Ier après la Guerre de 1870) et enfin Le Chanteur de Villanelles (publication posthume en 1943). Il laisse au total quelque dix-huits romans et sept livres pour enfants.

En 1940, il est sollicité par le Régime de Vichy qui souhaite s'attacher la collaboration de cet écrivain du monde rural. Il refuse, rejetant les offres de collaboration à la radio et au journal pétainiste La Gerbe et refusant d'effectuer une tournée de conférences en Allemagne. Il est alors considéré comme "gaulliste, propagandiste, agitateur de la jeunesse" par la Préfecture des Deux-Sèvres qui lui intime l'ordre de démissionner du conseil d'administration du lycée Jean-Macé de Niort et le menace d'une prochaine arrestation. Il est mis sous surveillance par la Gestapo qui intimide aussi son éditeur parisien (Plon). Deux de ses romans sont interdits, dont le livre pour enfants À l'Ombre des Ailes (1936) qui mentionne des anglais.

Fragile du cœur, Ernest Pérochon succombe aux pressions et aux menaces. Il meurt d'une crise cardiaque à Niort le 10 février 1942, à l'âge de 56 ans. On l'enterre sans obsèques officielles mais des écoliers et leur institutrice fleurissent clandestinement sa tombe le lendemain. La Libération réhabilitera l'homme et l'écrivain.

Jean Bruno,

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Paris, vendredi 26 avril 2024