Journaliste anarchiste et militant syndicaliste français, Émile Pouget est né le 12 octobre 1860 à Pont-de-Salars (Aveyron). Son père, notaire, étant décédé, sa mère épouse en secondes noces un employé des ponts et chaussées de Salles-la-Source.
Il grandit dans un milieu familial aux idées avancées ou l'on parle socialisme et phalanstères. En 1871, le procès des communards de Narbonne a un grand retentissement dans les villages de la région. L'évènement lui inspire la création d'un premier journal, Le Lycéen républicain, alors qu'il est encore étudiant au lycée de Rodez.
À la suite du décès de son beau-père, il abandonne ses études pour gagner sa vie. En 1875, il arrive à Paris où il devient employé dans un grand magasin. Il fréquente les milieux anarchistes, dont notamment celui des disciples de Bakounine, appelé le "demi-quarteron", qui tente de créer les premiers regroupements de travailleurs. En 1879, il co-fonde le premier Syndicat des employés du textile.
Militant actif, il participe à de nombreuses manifestations et représente en 1881 le mouvement anarchiste français au Congrès international de Londres. Le 9 mars 1883, lors d'un meeting des "sans-travail" sur l'esplanade des Invalides à Paris, des boulangeries sont pillées sur le parcours de la manifestation et les forces de l'ordre interviennent. Il est arrêté place Maubert en essayant de délivrer Louise Michel des mains de la police. Il est condamné en cour d'assises à huit ans de réclusion pour "pillage à main armée" et incarcéré à la prison de Melun. Il est libéré par une amnistie au bout de trois, en 1886.
Émile Pouget trouve un emploi de représentant en librairie. Il reprend parallèlement ses activités de propagande révolutionnaire, libertaire et antimilitariste.
En 1889, il édite avec Constant Martin le Ça ira, où il commence à écrire dans la langue parlée qui plaît au petit peuple. Il diffuse de nombreuses affiches puis fonde un journal politique, Le Père peinard, où il prône l'action directe et la grève générale comme instruments de lutte préalables à la révolution.
En 1894, Émile Pouget est poursuivi devant la cour d'assises de la Seine dans le cadre du Procès des Trente. Il se réfugie à Londres d'où il expédie en France son Père peinard. L'année suivante, après l'élection de Félix Faure à la présidence de la République, il rentre en France où il est finalement acquitté.
Dès son acquittement, il reprend la publication du Père peinard qui est diffusé jusque dans les villages les plus reculés où il éveille l'activité sociale révolutionnaire. Antiparlementaire, antimilitariste, anticlérical, le journal anarchiste se bat contre toutes les injustices. Il s'en prend directement aux institutions et aux représentants du capitalisme, mais aussi à certaines illusions et duperies de la lutte politique, y compris celle des partis ouvriers à l'égard du peuple, c'est-à-dire à l'époque essentiellement le guesdisme.
Comme son ami Fernand Pelloutier, il s'investit pleinement dans la lutte syndicale, jouant un rôle de plus en plus important au sein de la jeune Confédération Générale du Travail (CGT) où il défend la tendance révolutionnaire du syndicalisme contre les réformistes. Le syndicalisme révolutionnaire doit selon lui amplifier l'oeuvre de la Première Internationale "par une ascension vers une volonté toujours plus consciente". En 1897, justifiant sa célèbre maxime "À mauvaise paye mauvais travail !", il fait adopter les principes du boycott et du sabotage comme moyens d'action sur le patronat.
À partir de 1900, Émile Pouget co-dirige La Voix du Peuple, premier journal de la CGT dont il est Secrétaire adjoint. Il mène campagne contre les bureaux de placement, pour la journée de huit heures et le repos hebdomadaire (Congrès de Bourges de 1904).
En pleine affaire Dreyfus, il collabore au Journal du Peuple de Sébastien Faure
En 1908, à la suite des grèves de Draveil Villeneuve St-Georges, il est arrêté avec trente responsables de la CGT.
En février 1909, il lance avec Griffuelhes et Monatte La Révolution, un grand quotidien dont le but est de fédérer toutes les tendances syndicalistes révolutionnaires. Faute de moyens le journal cesse sa parution au bout de deux mois.
Après cet échec, fatigué par les luttes politiques intestines, il se retire du mouvement syndical. Émile Pouget meurt à Palaiseau (Seine-et-Oise) le 21 juillet 1931, à l'âge de 71 ans.
Jean Bruno,
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