Écrivain français, Jean Richepin est né à Médéa (Algérie) le 4 février 1849.
Ce poète turbulent, fils d'un médecin militaire, eut une enfance et une adolescence de "fort en thème": il fit de brillantes études secondaires, entra à l'Ecole Normale Supérieure en 1868 et obtint sa licence ès lettres en 1870.
Mais voici la guerre, et la Commune. Richepin s'engage dans un corps de francs-tireurs, prend goût à l'aventure et à la liberté, mène pendant quatre ans une vie errante, successivement journaliste, professeur, matelot, docker à Naples et à Bordeaux puis, vers 1875, apparaît au quartier Latin où, par ses excentricités, il se fait vite une célébrité dans les cafés et les brasseries que fréquentent alors Raoul Ponchon, Maurice Rollinat, Paul Bourget, Léon Bloy.
Ses héros et ses inspirateurs sont Pétrus Borel, poète maudit mort de faim à Mostaganem, Charles Baudelaire, et surtout Jules Vallès, le réfractaire. Richepin a désormais rejeté le joug des conventions et de la culture, il célèbre l'instinct, vante complaisamment, et non sans ridicule, sa force physique, sa virilité, et à partir d'une prétendue hérédité bohémienne et "touranienne", se bâtit une biographie imaginaire et riche en couleur.
Un an plus tard, le grand public découvre soudain Richepin avec La Chanson des gueux (1876), qui déchaîne les foudres de la justice: le livre est saisi et l'auteur condamné à un mois de prison pour outrage aux bonnes moeurs. Il avait conquis la célébrité.
Le naturalisme était dans l'air, et Richepin chantait une nouvelle bohème, non pas celle de Henry Murger mais celle de la cour des Miracles. Avec le succès, la poésie de Richepin perdit rapidement de sa sincérité. Les Caresses (1877) font trop voir l'intention de scandaliser le bourgeois par un étalage de sensualité affectée, souvent vulgaire ou grotesque. Le matérialisme grandiloquent, le nihilisme fanfaron des Blasphèmes (1884), firent traiter Richepin de "Lucrèce de foire".
Dès 1873, avec L'Étoile, il avait fait des débuts simultanés d'acteur et d'auteur dramatique. Il paraîtra encore en 1883, aux côtés de Sarah Bernhardt, dans le premier rôle de son drame Nana-Sahib. Mais son grand succès théâtral sera Le Chemineau en 1897. Richepin collaborait en outre au Gil Blas, et publiait des romans très populaires comme La Glu (1881) et Miarka, la fille à l'ourse (1883).
Infatigable voyageur, il parcourait L'Angleterre, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Scandinavie, l'Afrique du Nord.
Son entrée à l'Académie française, où il fut reçu par Maurice Barrès le 18 février 1909, consacra une carrière de révolté en quelque sorte officiel, et désormais inoffensif. Il écrira jusqu'à la fin de sa vie, et en 1922 et 1923 parurent encore deux recueils en vers: Les Glas et Interludes.
Il meurt à Paris le 12 décembre 1926, à l'âge de 77 ans.
Une remarquable truculence verbale, voilà par quoi s'est d'abord imposé Jean Richepin. Il était violent et romantique, d'un romantisme qui ne retenait que l'effet extérieur, le pittoresque, et surtout les recherches de mots nouveaux. Là était le vrai domaine de Richepin, maître incontestable de son métier poétique, et fort de sa culture de normalien lettré. Mais, victime de sa prodigieuse facilité à trouver des mots et des images, ce révolté, très vite, ne fut plus qu'un "très grand rhétoricien".
Jacques Patry,
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Paris, lundi 14 octobre 2024