Écrivain belge d'expression française, Georges Rodenbach est né le 16 juillet 1855 à Tournai (Belgique).
De famille gantoise jadis émigrée de Rhénanie, il fait ses études chez les jésuites de Gand, puis à l'université de cette ville, où, en 1878, il obtient le diplôme de docteur en droit.
De 1876 à 1885, il séjourne à Paris, fréquente les «Hydropathes» d'Émile Goudeau, et publie chez Lemerre trois volumes de vers: Le Foyer et les Champs (1877), Les Tristesses (1879), La Mer élégante (1881), de facture banale et qu'il reniera par la suite.
À Bruxelles, il exerce brillamment la profession d'avocat pendant deux ans, puis participe à la fondation de La Jeune Belgique.
Installé à Paris à partir de 1887, il y demeurera jusqu'à sa mort, ne collaborant plus qu'à des périodiques français : La Nouvelle Revue, La Revue blanche, Le Mercure de France, La Revue de Paris, Le Figaro, Le Journal. Il se lie d'amitié avec Edmond de Goncourt et Stéphane Mallarmé, sans cesser de fréquenter Émile Verhaeren, son aîné de deux mois.
Le premier recueil où se révèle l'originalité de Rodenbach, La Jeunesse blanche, est publié en 1886. Il s'y affirme incontestablement le premier en date des symbolistes, au sens propre du terme et avant qu'il ait été mis à la mode et brandi comme une oriflamme par les poètes nouveaux, opposé au naturalisme et à la plastique sans drame ni mystère de l'école dite «parnassienne». Aucun poète depuis Charles Baudelaire n'avait alors introduit à ce point dans la poésie cette méditation tout intérieure et cette musique en sourdine que seuls le souvenir et le rêve mystique alimentent.
Certes, on peut reprocher à Rodenbach sa monotonie, une langueur qui confine à la chlorose et une nuance de préciosité ou de raffinement qui, d'ailleurs, ne tient nullement à la rareté des vocables. Cette note en demi-teintes ne fait que s'accentuer dans Le Règne du silence (1891), où le paysage et la description font presque entièrement place au repli et à la méditation.
On retrouve l'année suivante une atmosphère comparable dans Bruges la Morte, roman où l'intrigue, volontairement banale, est noyée dans l'évocation extrêmement délicate et pieuse de la vieille ville belge aux canaux silencieux et sillonnés de cygnes sous un ciel de brume. Ce livre, tout en provoquant les vives protestations des Brugeois, établit néanmoins sa grande renommée. Le poète s'y révèle prosateur de grande classe et confirme bientôt sa maîtrise dans Le Carillon-rieur et L'Arbre, qui sont aussi les véhicules de sa nostalgie d'exilé, mais pas de renégat envers la Flandre maternelle.
Quelques mois après, il reçoit de Lunéville une plaquette intitulée Fleurs de neige, et signée d'un nom exotique: Heirclas Rügen. Ce pseudonyme dissimule à peine un autre grand poète du lendemain, Charles Guérin, qui se déclare son humble disciple et lui emprunte plusieurs épigraphes pour des sonnets apparemment plus tarabiscotés que mélancoliques. Vivement encouragé par ce maître qui le présente à Mallarmé, Guérin lui consacre une étude enthousiaste et lui demande de préfacer son volume suivant: Joies grises. Mais, dès 1896, au moment où paraissent Les Vies encloses, le jeune «décadent lorrain» se dégage d'une influence pour lui pernicieuse. Deux ans après, Rodenbach, qui n'a cessé néanmoins de lui témoigner une affectueuse bienveillance, donne à La Nouvelle Revue un bel et juste éloge du Cœur solitaire.
Il publie lui-même son dernier recueil, Le Miroir du ciel natal (1898), où, pour la première fois, il adopte le vers libre.
Puis sa santé s'altère brusquement. Georges Rodenbach meurt le 25 décembre 1898, à l'âge de 43 ans.
Charles Guérin est chargé d'établir l'édition des écrits posthumes, qui comprennent notamment les études critiques de L'Élite, les beaux récits du Rouet des brumes et Le Mirage, drame tiré de Bruges la Morte.
Yves-Gérard le Dantec,
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Paris, mardi 15 octobre 2024