Giambattista Vico

Biographie
Giambattista Vico
Giambattista Vico

Philosophe italien, Giambattista Vico, fils d'Antonio Vico et de Candida Masullo, est né à Naples le 23 juin 1668.

À l'exception de brèves et intermittentes apparitions, lorsqu'il est enfant, au grand collège des jésuites et, adolescent, à l'étude privée de droit de monsignor Francesco Verde, il fait tout seul des études littéraires, philosophiques et juridiques désordonnées. Pendant quelque temps, il étudie même la médecine, surtout à partir de 1687, époque où il devient précepteur chez les Rocca, marquis de Vatolla. Il y demeure jusqu'en 1695, séjournant avec eux tour à tour à Naples, Portici et Vatolla.

Vico inaugure sa vie littéraire en publiant, en 1693, Les Passions d'un désespéré. C'est une "canzone" où se montre un pessimisme désolé d'ordre cosmique et fortement marqué par les doctrines de Lucrèce. Puis il écrit des œuvres de circonstance, en prose et en vers, dont deux discours latins écrits, l'un (1696) à l'occasion du départ du vice-roi, le comte de Santo Stefano, l'autre (1697) pour la mort de la mère de l'autre vice-roi, le duc de Medinaceli.

En 1699, il entre à l'Accademia Palatina, et y prononce un important discours inaugural, publié après sa mort, sur Les Dîners somptueux des Romains. Cette même année, presque au moment où il épouse une analphabète, Teresa Caterina Destito (de laquelle il aura huit enfants), il est nommé, à la suite d'un concours et avec un traitement de seulement cent ducats par an, professeur de rhétorique à l'université de Naples. Les titulaires de cette chaire étant obligés de prononcer tous les ans un discours pour l'ouverture de l'année académique (18 octobre), il en composa six de 1699 à 1706, qui seront publiés après sa mort. Bien qu'un souffle puissant et une conception plus aiguë de la réalité les animent, on sent encore dans cette œuvre, plus qu'autre chose, un écho des divers philosophes que l'auteur a étudiés dans sa jeunesse, et en particulier de René Descartes (Discours inauguraux).

D'une tout autre valeur sont un exposé historique — composé en 1703, mais publié lui aussi à titre posthume — de la conjuration napolitaine manquée tirant son nom du prince de Macchia (1701) et surtout un septième discours inaugural, Analyse des études de notre temps, prononcé en 1708 et publié par l'auteur lui-même, avec de nombreuses additions, en 1709. Dans cette œuvre, Vico, tandis qu'il projette sur chaque branche de la science une lumière pénétrante, entre dans le vif de la vieille querelle des Anciens et des Modernes, y assumant le rôle d'arbitre au nom d'une nouvelle philosophie.

Tout en continuant à estimer que, intellectuellement, la forme primordiale de connaissance est rationnelle ou philosophique, il atteint à des positions encore plus avancées aussi bien dans le Livre métaphysique (1710), le seul publié des trois dont aurait dû être composé De l'antique sagesse de l'Italie, que dans les deux Réponses (1711 et 1712) à des critiques sur ce Liber, parues dans le Giornale de letterati d'Italia.

Désormais, pour lui, le fondement de la connaissance n'est plus, comme l'affirmait Descartes, l'évidence, la perception ou l'idée claire et distincte, mais — génial signe précurseur de la philosophie d'Emmanuel Kant et de Friedrich Hegel — la conversion du vrai en fait, en ce sens que la condition sine qua non pour connaître effectivement une chose est de la faire. Complément d'une gnoséologie conforme à ce principe, Vico établit un système parfait de métaphysique dont la partie neuve est la théorie de ce que l'on a nommé les "points métaphysiques". Selon celle-ci, de même que du point géométrique, qui n'a pas d'étendue, naissent lignes et surfaces, de même il devrait être permis de poser des points métaphysiques qui, bien qu'ils ne présentent pas de surface, engendrent cependant l'étendue.

À ce Liber metaphysicus aurait dû faire suite — outre un Livre moral qui ne fut jamais écrit — un Livre physique, peut-être seulement ébauché. Ainsi qu'il ressort de son Autobiographie, cet ouvrage aurait exposé un nouveau système de philosophie de la nature ou de cosmologie. De plus, une nouvelle doctrine physiologique, expliquant les maladies comme une conséquence d'un ralentissement de la circulation du sang ou d'un rétrécissement des vaisseaux sanguins, fait l'objet, vers 1713, d'un petit traité de médecine, De I'équilibre du corps animé, dont sont introuvables aujourd'hui et le manuscrit et le texte imprimé.

Vico ayant dû, entre 1714 et 1716, s'occuper d'une biographie du feld-maréchal autrichien Antonio Carafa (1642-1693), Vie d'Antonio Carafa, ceci l'amène d'une part à considérer de plus près l'histoire et la politique, et d'autre part, pour se familiariser avec le sujet, à lire ou à relire les ouvrages de Hugo Grotius, de John Selden et de Samuel von Pufendorf et, au moins, à se renseigner sur les théories de Thomas Hobbes.

Et aussi bien dans la conception du droit naturel de Pufendorf que dans le système de Hobbes, il rencontre — et fait sienne — l'hypothèse, de provenance épicurienne ou libertine, selon laquelle les fondateurs de la civilisation sont non des hommes pleins de "sagesse cachée", c'est-à-dire de philosophie, mais au contraire des hommes-bêtes, dénués de toute culture, de toute humanité, de toute religion, soutenus cependant par un obscur instinct de conservation qui les aurait amenés peu à peu à vivre en société. Mais loin de s'arrêter lui aussi au niveau d'observation trop limité des théoriciens du droit naturel et de Hobbes, qui sautent de l'homme des origines à l'homme déjà civilisé, Vico sait donner la vie à une science vraiment nouvelle où la philologie (langage, poésie, éloquence, législation, us et coutumes des divers peuples, etc.), élevée à la condition de "science du certain" alogique, primordiale et autonome, est "vérifiée" par la philosophie, et la philosophie à son tour (considérée comme une forme réfléchie, non primordiale et non autonome) est confirmée par la philologie. Cette découverte, de caractère général, l'amène, dans le domaine de la philosophie, de l'histoire éthico-politique, de la critique littéraire, à un nombre infini de "découvertes" particulières, comme la découverte de la philosophie de l'art et de la philosophie de l'utile, la révolution apportée dans l'historiographie de la Rome primitive et, à une époque hostile à Homère et à Dante, à saisir en quoi réside la souveraineté poétique d'un Dante et d'un Homère.

Abstraction faite d'autres textes dispersés, Vico consacre peu à peu aux résultats qu'il obtient Le Droit universel (1720-22) et La Science nouvelle (1725-44). D'autres ouvrages de cette même époque sont remarquables: une oraison funèbre d'Anna d'Aspermont (1724), l'Autobiographie avec des additions successives (1725, 1728 et 1731), une oraison funèbre de donna Angela Cimmino (1727), une petite étude sur Dante (1728), les Vindiciae (1729) et le traité De l'esprit héroïque (1732-33).

Déjà miné dans sa jeunesse par la phtisie et de santé toujours chancelante, le philosophe l'est aussi par bien d'autres choses encore: une pauvreté dignement supportée, qui l'oblige à accepter un trop grand nombre de leçons particulières et d'autres labeurs plus ou moins épuisants, et aussi une série de malheurs et de douleurs, tel l'échec qu'il subit en 1723 lors d'un concours qu'il avait préparé pour obtenir une chaire mieux rétribuée, le mariage lamentable et la mort précoce de son fils aîné Ignazio, la presque totale incompréhension de ses contemporains, etc.

En 1741, Giambattista Vico renonce à sa chaire en faveur de son autre fils Gennaro et, de plus en plus tourmenté par une sombre et silencieuse misanthropie, il meurt à Naples dans la nuit du 22 au 23 janvier 1744, à l'âge de 76 ans.

Fausto Nicolini,

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Paris, jeudi 25 avril 2024