Ernest Hemingway

Biographie
Ernest Hemingway
Ernest Hemingway

Ernest Hemingway (Ernest Miller Hemingway pour l'Etat-Civil), sans doute le plus lu des écrivains américains du XXe siècle, est né le 21 juillet 1899 à Oak Park (Illinois, Etats-Unis).

Il est le deuxième d'une famille qui comptera au total six enfants. Sa mère est musicienne et son père, médecin à Chicago, l'initie dès sa petite enfance aux rites de la chasse et de la pêche lors des vacances familiales passées dans un chalet au bord du Wallon Lake, une région encore sauvage du Michigan. Pour son dixième anniversaire, Ernest reçoit un fusil de chasse. Il est élevé dans des valeurs religieuses strictes, chante chaque dimanche dans la chorale de son église, et suit jusqu'à l'âge de 18 ans une scolarité normale au lycée d'Oak Park où il participe activement aux disciplines sportives (Canoë, Boxe,...). En 1916, il publie deux petits contes dans le journal du lycée, Tabula et Trapeze.

Rêvant de devenir écrivain, il renonce à suivre des études universitaires. Son oncle lui trouve en 1917 un emploi de journaliste de faits-divers au Kansas City Star, publié dans le Missouri. Parallèlement, il s'imagine un avenir dans l'armée à la suite de l'entrée des États-Unis dans la première guerre mondiale, en avril 1917, mais son incorporation est refusée en raison d'une ancienne blessure à l'oeil. Le fils de médecin doit attendre l'année suivante pour s'engager à la Croix Rouge. Envoyé comme ambulancier sur le front italien, il est grièvement blessé aux jambes par des tirs de l'artillerie autrichienne en juillet 1918. Il est transféré à l'hôpital de Milan où il tombe amoureux d'une jeune infirmière, Anna Von Kurowski, qui le repoussera mais lui inspirera le personnage de Catherine Barkley dans un futur roman, L'Adieu aux armes.

Après une convalescence de trois mois en Italie, Ernest Hemingway quitte le service de la Croix Rouge et retourne aux Etats Unis. En 1919, il trouve un emploi de reporter au Cooperative Commonwealth. L'année suivante, il épouse une amie d'enfance, Elizabeth Hadley Richardson, et s'installe dans la maison paternelle de Bear Lake (Michigan). En 1922, le couple part vivre à Paris. Ernest Hemingway écrit des articles pour des journaux américains comme le Toronto Star et le Star Weekly, mais il travaille surtout son style, inspiré par les techniques narratives journalistiques — traitement choc de "l'évènement", concision, phrase courte, mot juste —, et par divers modèles littéraires (Mark Twain, Joseph Conrad, Ezra Pound, Gustave Flaubert,...).

Le jeune écrivain fréquente les américains de la "Génération perdue" installés dans la capitale française pendant les années folles, de Gertrude Stein à Ezra Pound en passant par Francis Scott Fitzerald, Sherwood Anderson, James Joyce ou encore Ford Madox Ford. Il voyage en Europe, rencontre Benito Mussolini, part couvrir la guerre gréco-turque. Lorsque sa femme donne naissance à un fils, en 1923, il revient aux Etats-Unis mais, souhaitant désormais se consacrer uniquement à la littérature, il abandonne le journalisme. Il publie son premier recueil, Trois histoires et dix poèmes, puis retourne vivre seul à Paris où il a une aventure avec Pauline Pfeiffer, qu'il épousera en 1927, après avoir divorcé d'Elizabeth Richardson.

En 1925, il publie un recueil d'une quinzaine de nouvelles intitulé In our time (De nos jours), suivi en 1926 de Torrents de printemps (une parodie du Rire noir de Sherwood Anderson) et de son premier grand roman, Le Soleil se lève aussi, inspiré d'un voyage à Pampelune (Espagne) où il a découvert ce qui deviendra l'une de ses passions, la corrida. Il vit maintenant à Key West, en Floride (Etats-Unis), où sa femme donne naissance à un fils.

En 1927, il publie un recueil de nouvelles intitulé Hommes sans femmes, suivi en 1928 d'un autre recueil, Cinquante mille dollars. Son père, dépressif, se suicide la même année. L'évènement marquera durablement le jeune écrivain qui connaît lui aussi des phases dépressives. L'adieu aux armes, publié en 1929, roman inspiré de son expérience de la guerre, devient rapidement un immense best-seller dont les royalties lui permettent d'aider financièrement sa famille et d'acheter une maison à Key West.

En 1931, alors que naît son troisième enfant, il publie Mort dans l'après midi, un récit inspiré par l'art mortel de la tauromachie. Il continue à écrire et à voyager, notamment à Cuba et en Afrique, malgré une pneumonie devenue incurable.

En 1936, il rencontre la journaliste Martha Gelhorn et part avec elle pour couvrir la Guerre d'Espagne, dont il tirera d'abord une pièce de théâtre (La Cinquième Colonne, 1937) puis plus tard un de ses romans les plus lyriques, Pour qui sonne le Glas (1940). Entre-temps, il publie Les Neiges du Kilimandjaro (1936) et Les vertes collines d'Afrique (1937), tous deux tirés de ses périples en Afrique, ainsi qu'un bref roman sur le thème du crime, En avoir ou pas (1937). En Espagne, il fait la connaissance d'André Malraux et collabore au film de Joris Ivens, Terre d'Espagne.

En 1940, il divorce pour épouser Martha Gelhorn mais cette dernière, très indépendante, ne viendra pas vivre avec lui lorsqu'il fait l'acquisition de Finca Vingia, une grande maison blanche située sur une colline de Cuba (Finca Vingia, où l'écrivain passera plus d'une vingtaine d'années, est aujourd'hui un Musée Hemingway). À La Havane, il crée une petite organisation para-militaire, la "Crook Factory", destinée à traquer les nazis présents sur l'île. Il patrouille lui-même sur son bateau de pêche baptisé "El Pilar", en compagnie de son fidèle capitaine Gregoria Fuentes qui servit plus tard de modèle au héros du vieil homme et la mer.

En 1944, il se retrouve à Londres (Royaume-Uni) où il tombe amoureux de Mary Welsh. Pour le magazine américain Collier's, il couvre à titre de Correspondant de guerre le débarquement des Alliés en Normandie et la Libération de Paris. Son fait le plus marquant consiste toutefois à cette époque à libérer le bar du Ritz avec une douzaine d'hommes de la Deuxième Division Blindée. Il rentre ensuite à Finca Viagia pour épouser Mary Welsh en 1946.

Ernest Hemingway sombre progressivemnt dans l'alcoolisme et la dépression. Il écrit Iles à la dérive et Le jardin d'Eden, qui seront publiés à titre posthume en 1970 et en 1986. En 1950, il publie Au-delà du fleuve et sous les arbres et en 1952, son livre le plus célèbre: Le Vieil Homme et la mer, composé sur le modèle épique du Moby Dick d'Herman Melville. Le Vieil Homme et la mer lui vaut successivement le Prix Pulitzer 1953 et le Prix Nobel de Littérature 1954. Cette reconnaissance internationale n'apaise toutefois pas l'auteur qui est de plus en plus malade.

Il voyage une dernière fois en Europe en 1956 et 1957, tombe encore amoureux d'une nouvelle muse, Adriana Ivancich, âgée de 19 ans, puis revient apporter son soutien à la révolution cubaine de Fidel Castro en 1959. En 1960, il retourne aux Etats-Unis où, souffrant à la fois de diabète, de dépression et de perte de mémoire, il est admis deux fois dans une clinique psychiatrique qui le soigne à coups d'électrochocs. Le 2 juillet 1961, Ernest Hemingway se suicide d'un coup de fusil dans son châlet de Ketchum (Idaho).

Plusieurs livres écrits pendant sa jeunesse seront publiés après sa mort, dont notamment Paris est une fête (1964) et Ernest Hemingway, apprenti reporter (1972). Le volume Oeuvres, traduit en français dans la collection "Quarto" des éditions Gallimard regroupe quelque 78 nouvelles et un choix de lettres.

Plusieurs de ces nouvelles ainsi que ses six grands romans ont été adaptés, parfois à plusieurs reprises, au cinéma. De nombreuses biographies ont également été publiées. L'écrivain y est salué pour son style et son influence sur la littérature américaine mais l'homme y est également souvent égratigné, sa personnalité et le contenu de ses livres étant parfois traités de racistes, sexistes et antisémites. Les safaris, les conquêtes féminines, les quatre mariages, l'amour des corridas, de la pêche au gros et des boissons fortes, la guerre civile espagnole, et toutes les caractéristiques flamboyantes qui valurent au personnage public trois unes du magazine Life, éclipsent désormais l'écrivain.

Pourtant, comme l'écrit Jérôme Charyn dans Portrait de l'artiste en guerrier blessé: "De Paris à Key West, de Madrid à Cuba, cet homme qui aimait chasser les mots exorcisa sa mort toute sa vie (...). Il n'y a pas un écrivain postérieur à Hemingway qui n'ait appris de lui. Il a changé notre style, notre manière de considérer les archipels de mots et les espaces blancs infinis qui les entourent".

Jean Bruno,

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Paris, jeudi 25 avril 2024