Écrivain autrichien, Joseph Roth est né de parents juifs le 2 septembre 1894 à Brody, en Galicie, province située aux confins orientaux de l'Empire austro-hongrois.
Il y reste jusqu'à l'âge de 20 ans, ce qui explique que cette région si spécifique où se mêlent les populations allemande, juive, polonaise et ukrainienne, constitue le cœur de toute son œuvre.
Après des études secondaires au lycée de Brody, il s'inscrit en 1914 à l'université de Vienne (Autriche) où il suit des études de littérature allemande et publie, dès 1915, ses premiers écrits dans un journal de Vienne.
Enrôlé dans l'armée fin 1916, il est envoyé en 1917 en Galicie, affecté à un service de presse.
Au retour de la guerre, Joseph Roth publie dans un journal nouvellement créé, Der Neue Tag, plus d'une centaine de "feuilletons" en un an, petits articles brillants, prenant pour sujet une anecdote, un fait, un moment de l'actualité. Son engagement socialiste s'y fait déjà sentir.
En 1919, il fait la connaissance de Friederike (Friedl) Reichler, elle aussi originaire de Galicie, qu'il épousera en 1922.
Quand le Neue Tag doit cesser sa publication, Roth part pour Berlin qui lui semble offrir les chances que Vienne ne peut lui donner: une presse florissante et tout le bouillonnement culturel des années 20 berlinoises. Et de fait, il parvient à se faire une place dans les colonnes de journaux berlinois, en particulier dans l'organe du parti social-démocrate, Vorwärts. Roth y signe ses articles "Joseph le Rouge".
L'inflation le contraint à repartir pour Vienne. Ses premiers romans sont publiés à cette époque, indissociables du travail du journaliste, dans leur écriture comme dans leurs thèmes, et du reste publiés d'abord dans des journaux. Ce sont La Toile d'araignée, une analyse du terrain politique et social dans lequel s'effectuent la naissance et l'ascension d'un jeune fasciste, roman si proche de l'actualité qu'il mentionne le putsch manqué d'Adolf Hitler intervenu en 1923 pendant la publication, puis Hôtel Savoy et La Rebellion.
En 1925, Joseph Roth devient correspondant à Paris de la Frankfurter Zeitung. Il entreprend pour ce journal, au cours de l'été 1925, un voyage dans le sud de la France, en Provence, d'où il rapportera une série d'articles publiés également plus tard sous forme d'essais, Les Villes blanches. Il écrit aussi l'essai Juifs en errance, description passionnée de la situation des "Juifs de l'Est" en Europe et de ce qu'ils ont apporté à la culture européenne. Un voyage à travers la Russie communiste de 1927 trouvera son écho dans le roman reportage La Fuite sans fin. Œuvre romanesque et activité journalistique se poursuivent à parts égales, indissociables et indissociées.
En 1928 se déclare la maladie de Friedl Roth, une schizophrénie qui la conduira désormais dans différents sanatoriums où elle mourra en 1940. Les conséquences pour Joseph Roth sont dramatiques: ébranlement moral, sentiment de culpabilité, apparition de l'alcoolisme, difficultés matérielles.
Désormais, il ne cesse plus de travailler sans se dire soumis à de terribles besoins d'argent, qui augmentent encore quand, à partir de 1931 et pendant cinq ans, il vit avec Andrea Manga Bell, une métisse mère de deux enfants. Elle est sa compagne pendant les années où il écrit ses plus grands romans: Job, histoire d'un Juif pauvre de Galicie, pieux, "simple et craignant Dieu", frappé par le destin et par la rupture des structures de son monde ancien, de la mise à l'épreuve de la foi dans l'adversité. En 1932 paraît La Marche de Radetzky, son grand roman racontant la vie et le destin de trois générations des von Trotta, et vaste tableau du déclin de l'Empire des Habsbourg.
L'évolution politique de Joseph Roth, profondément marqué par la "perte" de l'Autriche de sa jeunesse, le conduit à une nostalgie quasi religieuse de l'Empire multinational, et à un légitimisme aussi actif qu'irréaliste. À partir de 1933, il vit en exil à Paris, participe à la vie politique de l'exil autrichien, publie plusieurs nouvelles et romans: Avril, Tarabas, Le Buste de l'empereur, Confession d'un meurtrier.
L'alcoolisme est devenu, définitivement, une maladie en même temps qu'une forme de suicide. Ses lettres de l'époque sont des témoignages de son pessimisme, des appels à l'aide morale et matérielle. Leur destinataire est en particulier son ami et fidèle soutien Stefan Zweig. À Paris, il habite à l'hôtel Foyot où réside déjà Rainer Maria Rilke. Il écrit aux tables des cafés où ses amis viennent le voir.
Les dernières années voient publier La Crypte des Capucins, qui prolonge La Marche de Radetzky. Il écrit aussi une brève Légende du saint buveur, qui ne sera publiée qu'après sa mort. L'écrivain est désormais physiquement anéanti.
Victime d'une attaque, Joseph Roth meurt à l'hôpital Necker quatre jours plus tard, le 27 mai 1939, à l'âge de 44 ans.
Gilbert Ravy,
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