Écrivain italien, Italo Svevo — pseudonyme de Ettore Schmitz — est né à Trieste le 19 décembre 1861 de Francesco et Allegra Moravia.
Il fait ses études primaires dans sa ville natale et, à douze ans, est envoyé par son père au collège de Segnitz (près de Wurtzbourg, en Bavière). Il y demeure cinq ans et se passionne pour la littérature allemande.
En 1880 à Trieste, il doit entrer comme employé à la succursale de la banque Union de Vienne, où il demeurera dix-huit années. Ce fait est important, car le premier roman de Svevo, Une vie, publié en 1892 et abondant de même que les deux suivants en anecdotes et renseignements autobiographiques, se déroule précisément en grande partie dans une banque.
L'éducation reçue en Allemagne pendant sa jeunesse explique sa connaissance imparfaite de la langue italienne, qui ne l'empêche cependant pas de se créer un langage artistique personnel, ainsi que l'influence profonde qu'exercèrent sur lui des écrivains et des penseurs allemands tels que Jean-Paul Richter et Arthur Schopenhauer, à côté des classiques italiens et des romanciers français et russes du XIXe siècle.
Durant sa jeunesse, Svevo se lie d'une profonde intimité spirituelle à son frère cadet Elio (1863-1886), lequel a consigné dans un journal tous les travaux que son aîné a entrepris, achevés ou abandonnés. L'année même où il fait ses débuts à la banque, Svevo commence à publier de nombreux articles de critique littéraire, dramatique et musicale, sous le pseudonyme de E. Samigli, dans le quotidien de Trieste L'lndipendente, de tendance nettement irrédentiste. À cette époque il travaille aussi pendant la nuit à la rédaction du Piccolo (l'autre journal triestin) où il est chargé du dépouillement de la presse étrangère. Il fréquente la société littéraire et artistique de la ville. Le 30 juillet 1896, il épouse Livia Veneziani qui restera la compagne de toute sa vie.
En 1898 paraît Sénilité, déjà publié par fragments dans L'Indipendente et qui, comme son précédent roman, ne recueille que de très faibles échos dans la critique. Ulcéré par cette conjuration du silence qui semble peser sur lui avec obstination, Italo Svevo écrit peu pendant de longues années et décide de ne rien publier.
En 1899, il abandonne son emploi à la banque pour entrer dans une firme qui fabrique des peintures pour coques de navire. Cette nouvelle situation l'amène à faire de nombreux voyages à l'étranger, en particulier en Autriche, en France et en Angleterre.
C'est en 1903, à Trieste, qu'il rencontre James Joyce, qui enseignait alors l'anglais à l'école Berlitz. Ayant pris quelques leçons avec lui, il se trouve bientôt lié au futur auteur d'Ulysse par une amitié cordiale renforcée par l'estime que l'écrivain irlandais porte à ses ouvrages déjà publiés.
Au cours de la Première Guerre mondiale, il lit les œuvres de Sigmund Freud, dont il traduit La Science des rêves, et s'intéresse de très près à la psychanalyse et à ses problèmes. Cette influence apparaît nettement dans son troisième roman, La Conscience de Zeno (1923), qui ne connaît également qu'un succès très limité à sa sortie. Mais désormais le climat dans lequel se développe la littérature européenne s'est profondément modifié; on s'oriente résolument vers un art analytique, introspectif et intimiste; l'heure d'Italo Svevo est arrivée. Aussi la "découverte" de l'écrivain, son apparition soudaine, source de maintes polémiques, sur la scène littéraire internationale, sont un fait accompli lorsque à la fin de 1925 et au début de 1926, Eugenio Montale en Italie et des italianisants distingués, tels que Benjamin Crémieux et Valéry Larbaud en France, conseillés tous deux par Joyce, parlent en termes hautement élogieux de son oeuvre. Ils proclament avec autorité sa réelle valeur humaine et artistique, décelant dans le romancier triestin un précurseur de Marcel Proust et aussi de Joyce, un des représentants les plus significatifs et les plus profonds de la littérature et, davantage encore, de la conscience contemporaine. Ainsi naît ce que l'on appelle le "cas Svevo", lequel donne lieu à une ample activité critique qui dure encore. Éditions et traductions en plusieurs langues étrangères se multiplient et l'on produit ses inédits.
Italo Svevo, cependant, profite peu de cette gloire si longtemps attendue. Il meurt le 13 septembre 1928, des suites d'un accident d'automobile à Motta de Livenza (Trévise), à l'âge de 67 ans.
Bruno Maier,
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Paris, dimanche 4 juin 2023