Alphonse de Châteaubriant

Biographie
Alphonse de Châteaubriant
Alphonse de Châteaubriant

Écrivain français, Alphonse van Bredenbeck de Châteaubriant — à ne pas confondre avec François-René de Chateaubriand, auteur des Mémoires d'Outre-tombe — est né le 22 mars 1877 à La Prévalaye (Ille-et-Vilaine).

Issu d'une famille d'artistes de l'ancienne bourgeoisie angevine — son grand-père est peintre, son père musicien — il passe toute son enfance dans le bocage vendéen, au château de La Motte.

Il fait ses études au lycée Clemenceau de Nantes puis à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr. En 1903, il épouse à Saint-Nazaire Marguerite Bachelot-Villeneuve qui lui donnera deux fils.

Il collabore à des revues régionales où il publie des nouvelles sur le terroir régional du grand Ouest et sur les hobereaux : Le Baron de Puydreau (1908), Monsieur de Buysse (1909). En 1911, il obtient le Prix Goncourt avec Monsieur des Lourdines, histoire d'un gentilhomme campagnard de 1840 (Grasset), qui utilise ans l'intrigue des thèmes sans grande originalité, mais s'impose par la puissance de son évocation du bocage.

Artiste solitaire appartenant à la petite noblesse française des hobereaux terriens, n'ayant guère d'autre ami que Romain Rolland, Alphonse de Châteaubriant, mobilisé comme ambulancier dès 1914, connaît, pendant quatre années de front, une expérience bouleversante de la guerre qui déterminera son évolution future : socialement, il a le sentiment d'un retour aux sources élémentaires dans le naufrage du rationalisme occidental ; spirituellement, une sorte d'extase mystique en 1915 fait désormais de lui un authentique chercheur de Dieu, mais indépendant des Églises et du dogme.

La Brière, qui obtient en 1923 le grand prix du roman de l'Académie française et devient un best-seller en Europe, reste dans l'inspiration de Monsieur des Lourdines, avec ses harmonies rustiques, son association des passions humaines assez sauvages et des énergies du monde animal. Monsieur des Lourdines et La Brière témoignent d'un classicisme très attentif à la peinture de l'attachement des hobereaux ou des paysans pour leur terre.

En 1927, il publie La Meute. La Réponse du Seigneur, publié en 1933, est déjà moins l'œuvre d'un romancier que d'un mystique. Châteaubriant y proteste contre le matérialisme moderne, contre les conceptions égoïstes de la vie, et rêve d'un nouveau Moyen Âge. C'est dans le national-socialisme allemand, qu'il découvre lors d'un long voyage en Allemagne en 1935, qu'il croit le trouver.

Partageant sa vie entre Versailles et Saint-Nazaire, Châteaubriant rencontre la poétesse et journaliste belge Gabrielle Castelot, qui devient sa maîtresse et sa collaboratrice. L'un des fils de Gabrielle, l'historien André Castelot, deviendra aussi un temps son secrétaire particulier.

Au retour d'un voyage outre-Rhin en 1937, il salue, dans La Gerbe des forces, une religion nouvelle capable de liquider l'individualisme et l'intellectualisme et de retrouver l'ivresse des communions avec la terre primitive. Voyant dans l'Allemagne hitlérienne l'ultime rempart contre la déchristianisation bolchévique, qui représente à ses yeux l'effondrement de l'Europe, Châteaubriant est pendant la Seconde Guerre mondiale un ardent collaborateur de l'occupant. Il dirige notamment l'hebdomadaire politique et littéraire La Gerbe, qu'il a fondé en 1940, proche des thèses fascisantes et collaborationnistes de Marcel Déat et de Jacques Doriot. On y trouve entre autres les signatures de Jean Giono, Marcel Aymé, Sacha Guitry, Paul Morand, Jean Cocteau, etc.

À la Libération, Alphonse de Châteaubriant est jugé indésirable par le Comité National des Écrivains et frappé d'indignité nationale. Il s'enfuit et se réfugie au monastère autrichien de Kitzbühel où il apprend en 1948 sa condamnation à mort par contumace. Il n'est pas arrêté et meurt à Kitzbühel le 2 mai 1951, à l'âge de 74 ans, après avoir composé ses derniers essais: Ecrits de l'autre rive (1950) et Lettre à la chrétienté mourante (1951).

Son journal, dont des extraits paraissent à titre posthume en 1953 dans Les Fragments d'une confession, ainsi que la publication de certains textes (Procès posthume d'un visionnaire, 1987), rend compte du mysticisme qui habita la fin de sa vie. Ils ont alimenté un débat sur une éventuelle réhabilitation de l'auteur dont cependant les premiers romans Monsieur des Lourdines et La Brière n'ont nul besoin.

Jean Bruno,

Alphonse de Châteaubriant en librairie

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Paris, mercredi 11 septembre 2024