Paul Morand

Biographie
Paul Morand
Paul Morand

Écrivain français, Paul Morand est né le 13 mars 1888 à Paris.

Né à quelques pas des Champs-Elysées, ce futur chantre du cosmopolitisme est d'abord un vrai Parisien, fier d'appartenir à cette bourgeoisie cultivée, qui recueillait alors les fruits de sa fidélité à la IIIe République. Sa mère, issue d'une famille de négociants et de magistrats parisiens, est une femme douce, très catholique, distante à force de discrétion; son père Eugène Morand, artiste peintre entré dans l'administration des Beaux-Arts, mène parallèlement une carrière d'auteur dramatique, qui, le succès venant, le met en relation avec les célébrités littéraires, théâtrales et artistiques de Paris. Les familiers de son père ont pour nom Stéphane Mallarmé, Marcel Schwob, Marguerite Moréno, Sarah Bemhardt, Henri de Régnier, Auguste Rodin. L'atelier du sculpteur jouxte la demeure familiale dans le Dépôt des Marbres dont Eugène Morand est devenu directeur en 1902.

Face à cette société, ce fils unique tend à se replier sur lui-même. Le sport, pratiqué au Racing Club dès 1902, les séjours en Angleterre et, chaque été, le pèlerinage familial dans les villes italiennes, compensent une scolarité médiocre au lycée Carnot, que vient sanctionner l'échec au baccalauréat en juin 1905. C'est à Munich, où il a suivi son père pour un court séjour professionnel, qu'il prépare la seconde session avec pour répétiteur Jean Giraudoux, jeune normalien et apprenti germaniste. Cette rencontre le révèle à lui-même, à sa jeunesse et à ses capacités; elle est le point de départ d'une longue amitié entre les deux hommes, que renforcera le parallélisme de leurs carrières diplomatiques et littéraires.

Des études de droit et, à l'Institut des sciences politiques, l'enseignement de maîtres renommés comme Émile Sorel, Élie Halévy, Louis Renault, le conduisent aux concours des ambassades, qu'il passe brillamment en 1912 et 1913. Entre-temps, versé dans le service auxiliaire pour insuffisance physique, il fait ses deux ans de service comme archiviste à la préfecture de Caen. Il met à profit cette période pour lire abondamment, et entreprendre un roman: Les Extravagants, dont le cadre — Londres, Oxford, Venise — décline déjà les grandes étapes de sa géographie personnelle et dont le héros, Simon de Biéville, professe le même cosmopolitisme que son auteur, préférant aux liens de l'amour "la nostalgie de l'univers, le mal de tous les pays".

Après un passage au service du protocole, Paul Morand part comme attaché à Londres, auprès de l'ambassadeur Paul Cambon. Le travail du chiffre l'ennuie. Il court bibliothèques et salons. Dans cette ville qu'il connaît déjà, sa prestance de jeune diplomate et quelques amitiés puissantes, dont celles d'Antoine et Emmanuel Bibesco, le propulsent dans les milieux huppés.

Les premières nouvelles de Tendres Stocks, composées à cette époque, tout comme le Journal d'un attaché d'ambassade 1916-1917 (1947), scintillent des prestiges qu'il prête à cette société aristocratique et spirituelle, rencontrée chez Margot Asquith, l'épouse du premier ministre, chez Consuelo Vanderbilt, Catherine d'Erlanger ou Lady Cunard.

À nouveau réformé en décembre 1914, il peut cependant suivre d'assez près les péripéties du conflit lorsque, en 1916, il est rappelé de Londres pour assister Philippe Berthelot au Secrétariat général du Quai d'Orsay. La conduite de la guerre, subordonnée à d'obscurs calculs politiques et à de mesquines rivalités militaires, provoque chez lui une révolte et un dégoût, qu'il lui faut taire, mais qui sont sans doute à l'origine des positions antiparlementaires et pacifistes qu'il adoptera dans les années 1930. On trouvera l'écho de cette amertume, qui est celle de toute sa génération, dans plusieurs poèmes de Lampes à arc ( 1919): "Pour que tant de choses mauvaises, / qui subsistent, soient détruites, / fallait-il briser / tant de bonnes choses qui ne sont plus ?"

Deux rencontres marquent ces années de guerre: en 1915, celle de Marcel Proust, dont il a admiré Du côté de chez Swann, et qui écrit une préface pour son premier recueil de nouvelles, Tendres Stocks (1921); celle, en 1916, d'Hélène Soutzo, fille d'un richissime banquier greco-roumain, polyglotte, cultivée et très spirituelle — "l'intelligence à l'état pur" —, qu'il épousera en 1927. Cet entourage exigeant le renforce dans la poursuite de ses projets littéraires: après plusieurs tentatives romanesques avortées, il cherche à mettre au point une forme de récit en accord, par son rythme rapide, avec la période d'accélération historique et de mutation sociale que représente la guerre européenne; elle doit aussi tenir compte des nouvelles approches de la réalité que les artistes, et en particulier les peintres cubistes, sont en train d'explorer. C'est ainsi que, dans ses premières nouvelles, Paul Morand propose des portraits de femmes constitués par le montage d'une série d'observations instantanées et de commentaires concernant la même personne: "J'imaginais, expliquera-t-il dans une lettre à Jacques Doucet, des superpositions de calques où, en éliminant l'anecdote, on arrive à composer parfois des portraits qui durent. Vivre des jours près d'une personne et n'en donner, bien plus tard, sous une forme aisée et sans travail apparent que l'essentiel, me paraissait le plus digne des jeux."

Alors que les poèmes de Feuilles de température (1920) n'ont guère retenu l'attention, les héroïnes de Tendres Stocks suscitent l'intérêt de l'avant-garde: André Breton voit dans Clarisse, l'héroïne d'une des nouvelles, une incarnation du "sens moderne", et Jean Cocteau, qui, ayant connu Morand chez Berthelot et Misia Sert, l'a déjà admis au sein de sa Société d'admiration mutuelle, salue avec discernement la "proportion" architecturale de ces récits. Mais c'est avec les recueils suivants, Ouvert la nuit (1922) et Fermé la nuit (1923), que Paul Morand va connaître le succès auprès du grand public. Les ellipses d'un style sec et percutant, les métaphores sidérantes et pourtant justes, la confusion habilement entretenue entre la perspective du personnage-narrateur et celle de l'auteur, illustrent la naissance de cette prose moderne que le cinéma et les multiples bouleversements de l'époque rendent nécessaire. La génération de l'après-guerre trouve dans ces nouvelles une vue synthétique et exacte du monde en rapide métamorphose dans lequel elle se débat, avec ses attentes et ses frustrations.

Cette remarquable adéquation de Paul Morand écrivain avec son époque se vérifie dans son premier roman, Lewis et Irène (1924). Dans le contexte minutieusement reconstitué du conflit gréco-italien de Corfou, en 1923, il montre l'affrontement de deux héros modernes: un jeune financier international et la femme d'affaires grecque dont il est épris mais dont les intérêts s'opposent aux siens. L'argent, la Bourse, les voyages, la rumeur des complots politiques et des révolutions composent le pittoresque au goût du jour des nouvelles de L 'Europe galante (1925), série de coups de sonde pour dresser la carte sentimentale de l'Europe aux lendemains de la guerre et des traités.

L'année 1925 marque pour Morand la fin de l'après-guerre. Au sommet de sa gloire récente, il traverse une crise. Au Quai d'Orsay, le service des Oeuvres françaises à l'étranger, que dirige Jean Giraudoux et dont il gère le département des livres, est en butte aux critiques et aux rivalités. Ses succès littéraires ont multiplié les contraintes et les sollicitations. Les termes du contrat obtenu chez Grasset lui imposent une production importante. Il décide de fuir Paris et accepte une affectation temporaire à Bangkok comme gérant de la légation. Il en profite pour passer aux États-Unis, où il signe un autre contrat pour un recueil de nouvelles en anglais, East India and Co (1927), traverse la Chine en révolution, rend visite à Paul Claudel au Japon, reste en rade à Hong Kong, bloqué par la grève nationaliste, arrive enfin à Bangkok où il reste deux mois, et, prétextant une dysenterie, rentre par le Vietnam, l'océan Indien et Suez. Le récit de cette galopade planétaire, Rien que la terre (1926), un de ses meilleurs livres, accrédite dans le public le cliché de l'homme pressé qu'on accole désormais au nom de Morand.

De fait, toujours inquiet et fuyant, il semble pris d'une fringale de voyages. S'étant fait mettre en disponibilité par son administration pour disposer de tout son temps, il boucle le manuscrit de Bouddha vivant (1927), roman dans lequel un jeune prince asiatique explore les coulisses de l'Occident avant de conclure que les valeurs qu'on y professe ne sont en rien supérieures à celles de son pays, et se lance dans une série de voyages qui le conduiront successivement aux Caraïbes, aux États-Unis, en Afrique occidentale française, en Amérique latine. "On peut voir rapidement, mais comprendre bien", réplique-t-il à ceux qui s'étonnent du succès de ces livres hâtifs qu'il publie à chacun de ses retours. Par le mélange de notations prises sur le vif, de commentaires originaux et suggestifs et de connaissances livresques rapidement acquises en chemin, des ouvrages comme Paris-Tombouctou ( 1928), Hiver caraïbe (1929), Air indien (1932), La Route des Indes (1936), renouvellent la prose documentaire et comblent le public de "cols blancs" qui lisent les magazines et rêvent de voyages. Mêlant de la même façon le reportage, l'essai, le guide du routard et quelques zestes de lyrisme, Paul Morand invente le portait de ville avec New York (1930), formule à succès reprise avec Londres (1933) et un Bucarest (1935), témoignant d'une société et d'un art de vivre aujourd'hui disparus.

Cette fantaisie de l'exploration et de l'inventaire continue à le guider dans ses nouvelles: Magie noire (1928) fait un tour d'horizon désinvolte des négritudes. Dans quelques récits de Rococo (1932), il résume la mentalité asiatique en maigres anecdotes quelque peu stéréotypées.

Dans les années trente, il prend conscience que ce type de courtes nouvelles, s'il répond à la demande de pittoresque de la période antérieure, ne correspond plus aux attentes du moment. Plutôt que le roman, dans lequel il s'essouffle parfois (Champions du monde, 1930), il adopte la forme de la longue nouvelle, dont la centaine de pages lui permet une analyse psychologique plus poussée de son personnage, à travers plusieurs épisodes. Bug O'Shea, Monsieur Zéro, et surtout Milady (Gallimard, 1936), consacrent cette nouvelle manière à laquelle il restera fidèle jusqu'à sa mort.

Cette volonté de renouvellement le conduit à s'intéresser au cinéma. Plusieurs de ses récits ont déjà été transposés avec succès (La Glace à trois faces, par Jean Epstein, 1927; La Mort du cygne, par Jean Benoît-Lévy, 1936). Déçu par le refus de ses scénarios et les avatars rencontrés par son adaptation de Don Quichotte (réalisée par Georg Wilhelm Pabst, 1933), il dresse sous forme romanesque dans France la douce (1934) un réquisitoire amer contre le milieu cinématographique français. Il est vrai que les événements de février 1934 ont accéléré chez lui, comme chez beaucoup d'intellectuels de sa génération, un raidissement politique et idéologique qui le rapproche de la droite antiparlementaire. Son entrée au comité de rédaction du Figaro montre aussi un nouvel intérêt pour le journalisme. Refusant l'engagement partisan, il y pratique avec une profondeur discrète le commentaire et le pronostic à partir d'une actualité relue à la lumière des constantes historiques et géographiques, de la littérature ou de l'art (Rond-point des Champs-Elysées, 1934; Réflexes et réflexions, 1939; Excursions immobiles, 1944; L'Eau sous les ponts, 1954).

En 1935, alors que la montée de périls s'amorce en Europe, Paul Morand accepte du gouvernement de Pierre Laval, dont il apprécie la personnalité et partage les positions pacifistes, une mission que l'arrivée du Front populaire interrompra. Favorable aux accords de Munich et le faisant savoir, il est réintégré en décembre 1938 aux Affaires étrangères et chargé de représenter la France aux commissions fluviales internationales. En août 1939, il est envoyé à Londres pour coordonner avec les Anglais le blocus économique de l'Allemagne, mission semblable à celle qu'il avait conduite en Espagne en 1918, mais que la défaite et l'armistice abrégeront. Refusant l'aventure politique auprès du général de Gaulle — pour lui un inconnu, alors qu'il connaissait Philippe Pétain et Pierre Laval de longue date —, persuadé que l'Angleterre sera à son tour envahie, il s'efforce de rapatrier rapidement le personnel de sa mission et rentre lui-même en France, ignorant la demande du nouveau gouvernement de Vichy de rester à Londres pour maintenir, dans des conditions qui auraient été sans doute très difficiles, un contact officieux avec les Anglais. Blâmé et mis à la retraite d'office, il se consacre à l'achèvement d'un roman, L'Homme pressé (1941), dans lequel la confidence se devine sous le portrait plein d'humour d'un frénétique qui, pour devenir maître de sa vie, s'interdit tout repos, filant droit à l'infarctus et détruisant autour de lui tout amour et toute amitié.

Sa Vie de Maupassant (1942), qui utilise les souvenirs inédits du docteur Blanche, frappe par son pessimisme. Il compose également quelques-unes de ses meilleures nouvelles: Le Bazar de la Charité, Le Locataire, À la fleur d'oranger (1946) et, avec La Matrone d'Éphèse, il renoue avec une expérience théâtrale déjà tentée avant-guerre, qui n'est pas l'aspect le moins intéressant de son oeuvre (Petit Théâtre, 1942; Le Lion écarlate, 1959).

Revenu à Paris, Morand reçoit parfois chez lui l'écrivain allemand Ernst Jünger et d'autres responsables des forces d'occupation. Mais il saura se tenir à l'écart des voyages de propagande en Allemagne et se dérober aux sollicitations des écrivains collaborateurs. En revanche, après le retour de Pierre Laval au pouvoir, il préside pendant quelques mois la commission de censure cinématographique et accepte, en juillet 1943, de partir comme ambassadeur en Roumanie. À la Libération, il est révoqué et mis à l'index par le Comité national des écrivains. Il se retire en Suisse, où il a été nommé ambassadeur en juillet 1944. Interdit de publication en France, troublé par les règlements de comptes, il voit avec tristesse la page se tourner sur ce personnel politique et cette société mondaine qu'il a fréquentés depuis l'enfance.

Dans son confortable asile de Vevey, il s'absorbe dans un travail intense, cherchant dans l'histoire un dérivatif à l'indignité du moment: les violences de l'Inquisition (Le Dernier Jour de l'Inquisition, 1947), les turpitudes de la Révolution française (Parfaite de Saligny, 1947), les rêves déçus de la colonisation de l'Inde (Montociel, rajah aux grandes Indes 1947), servent de prétexte à une sombre méditation sur les revers et l'ironie de l'histoire. Mais c'est surtout dans Le Flagellant de Séville (1951) qu'il parvient à la maîtrise du genre historique. Ce récit d'une autre occupation, celle de l'Espagne par les armées napoléoniennes, et d'une autre collaboration, celle des libéraux espagnols avec les supposés héritiers des Lumières, expose les déchirements intimes de ceux qui crurent alors prendre le parti de l'avenir. Ce roman à contre-courant relance Morand et lui vaut l'hommage de jeunes romanciers agacés par le nouveau dogme de la littérature engagée. Ces "Hussards", conduits par Roger Nimier, Jacques Laurent, Kleber Haedens et quelques autres à l'assaut de la forteresse sartrienne, aiment chez Paul Morand comme chez Jacques Chardonne ou Louis-Ferdinand Céline le primat donné au style et le refus des facilités de la littérature d'idées.

Fort de ces nouvelles amitiés, Morand veut alors marquer son retour sur la scène littéraire parisienne par un coup d'éclat: la publication, en 1954, d'un récit longuement peaufiné et d'une tonalité nouvelle, Hécate et ses chiens (1954). Cette histoire d'un amour comblé qui devient un enfer lorsque le narrateur découvre les fantasmes et la perversion de sa maîtresse, a surpris par son érotisme violent et sa noirceur. Les nouvelles de La Folle amoureuse (1956) et de Fin de siècle (1957) manifestent la même force d'invention. Les thèmes, les époques, les espaces géographiques les plus divers y sont abordés avec un art du récit profondément renouvelé.

En 1953, Paul Morand est réintégré dans l'administration et, en 1955, il se réinstalle à Paris et obtient sa retraite du Quai d'Orsay au titre de ministre plénipotentiaire. Ces retrouvailles avec Paris et son public l'incitent à se présenter à l'Académie française en 1958, mais une campagne conduite par François Mauriac, reprenant les anciennes accusations de collaboration et certains passages scabreux de Hécate et ses chiens, fait échouer sa candidature. Il la renouvelle en 1959, mais l'annonce du veto formulé par le général de Gaulle le contraint à la retirer.

Morand prend alors une leçon de stoïcisme auprès de Nicolas Fouquet, auquel il consacre une monographie: Fouquet ou le soleil offusqué (1960). Continuant à voyager, il trouve le temps d'évoquer pour la radio le temps des Habsbourg (La Dame blanche des Habsbourg, 1963) et de préparer une anthologie de ses meilleures nouvelles (Nouvelles du coeur, Nouvelles des yeux, 1965). Le court roman qu'il publie en 1965, Tais-toi, est, pour la première fois, un essai d'introspection dont la part autobiographique est importante. Mais la véritable ligne de son destin, c'est aux reflets des canaux vénitiens qu'il va la demander, dans un dernier livre, Venises (1971), où, imitant le savant désordre de cette ville trop aimée, il éparpille souvenirs et anecdotes de toute une vie comme autant de signes légers adressés à la postérité.

Membre très assidu de l'Académie française, où il a été finalement élu en 1968, cet abonné au bonheur voit s'ouvrir, la même année, l'ère des chagrins avec la mort de Jacques Chardonne, son correspondant quasi quotidien depuis plus de quinze ans, puis avec celle d'Hélène, son épouse, qui meurt en 1975. Ses derniers textes évoquent son amie Coco Chanel (L'Allure de Chanel, 1976) et rendent hommage à un navigateur vaudois qui l'a précédé au XVIIIe siècle sur la voie de l'exotisme (Monsieur Dumoulin à l'Isle de Grenade (édition posthume, 1977).

Paul Morand est mort le 21 juillet 1976 à Paris, à l'âge de 88 ans.

Michel Collomb,

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Paris, jeudi 18 avril 2024