Maxime Gorki

Biographie
Maxime Gorki
Maxime Gorki

Écrivain russe, Maxime Gorki — pseudonyme de Aleksej Maksimovic Peskov — est né le 16 (28) mars 1868 à Nijni Novgorod (rebaptisé Gorki de 1932 à 1990). Son père, Maxime, est ébéniste et tapissier.

Orphelin de père à trois ans et de mère à 11 ans, les deux parents étant emportés par la maladie, Gorki passa sa prime enfance dans la maison de son grand-père maternel, patron despotique et violent d'une teinturerie qui périclitera (voir Enfance, 1914).

En 1878, après deux ans d'école, commencent les «années d'apprentissage», où il exerce divers petits métiers, que Gorki décrira en 1916 dans En gagnant mon pain. À seize ans, il part pour Kazan avec l'espoir d'y faire des études. En fait d'université (voir Mes universités, 1923), il tire le diable par la queue, hante les bas-fonds de la ville et fréquente des «cercles d'études» politiques clandestins (1885-1889).

En 1887, il tente de se suicider. La balle manque le cœur mais endommage gravement un poumon.

L'été 1888, il fait avec un ami «populiste» une expérience malheureuse de retour au peuple. Il part alors en «vagabondage»: Volga, Don, Ukraine, Bessarabie, Crimée. Caucase.

En 1889, il rencontre Olga Kaminskaïa qui devient sa compagne, et devient clerc chez un avocat qui défend les révolutionnaires. En 1891, il fait un séjour en prison, la police le soupçonnant d'avoir pris part à une émeute.

En 1892, il publie son premier récit, Makar Tchoudra, dans un journal de Tiflis (Tbilissi) sous le pseudonyme de Gorki (l'Amer).

De retour à Nijni Novgorod en octobre 1892, il se lance dans le journalisme. Il rompt avec Olga Kaminskaïa et fait la connaissance d'une sociale-révolutionnaire, Ekaterina Pavlovna Volzina (1878-1965), qu'il épouse en 1896.

En 1898, il rassemble ses récits sur les «va-nu-pieds» dans un premier recueil, d'Esquisses et Récits, qui le rend célèbre (voir Les Vagabonds): un nouveau type littéraire était né, opposé à celui du traditionnel moujik, celui des marginaux, anarchistes romantiques dans lesquels la critique dénoncera l'influence du nietzschéisme. Ses deux premiers romans, Thomas Gordéev et Les Trois, paraissent en 1899 et 1900.

Il passe le printemps 1901 en prison pour activités révolutionnaires. Léon Tolstoï réclame sa libération.

En 1902, Maxime Gorki fait ses débuts de dramaturge au Théâtre d'Art de Moscou avec Les Petits-Bourgeois puis Les Bas-Fonds. Suivront d'autres pièces, opposant des prolétaires à des intellectuels décadents et philistins. Il rencontre Vladimir Ilitch Lénine.

À partir de 1902, il soutient financièrement les bolcheviks (il adhérera au parti de 1905 à 1917) et se lie avec une actrice bolchevique, Maria Fiodorovna Andréeva (1872-1953), avec laquelle il quittera la Russie après l'échec de la révolution de 1905. Il est chargé par le Parti des travailleurs sociaux-démocrates de Russie de collecter des fonds aux Etats-Unis pour la révolution et de faire campagne contre les emprunts russes du tsar Nicolas II. Arrivé à New York en avril 1906, il rencontre Jack London, Upton Sinclair, Mark Twain mais la presse l'accueille avec malveillance et sa mission échoue. Il écrit La Mère, où l'héroïne découvre dans le socialisme une nouvelle religion. L'oeuvre est publiée en anglais dans une revue américaine et deviendra par la suite l'une des oeuvres majeures du réalisme socialiste. Cela annonce la recherche de la «construction de Dieu», illustrée en 1908 par Confession et farouchement combattue par Lénine.

Outre Confession, il écrit à Capri (où il s'est installé à son retour de New York, en octobre 1906) La Vie d'un homme inutile (1908), portrait d'un mouchard, L'Été (1909) sur la montée des sentiments révolutionnaires à la campagne, La Bourgade d'Okourok (1909-1910), qui avec Matvéi Kojémiakine peint le marais de la province russe.

Grâce à l'amnistie de 1913 (300e anniversaire de la dynastie des Romanov), Maxime Gorki peut revenir à Pétersbourg à la fin de l'année. «Défaitiste» pendant la guerre (souhaitant comme Lénine la défaite de l'Empire russe), Gorki, pourtant nommé membre du soviet en charge des affaires artistiques, devient en 1917 «défaitiste de la révolution», estimant qu'il est prématuré d'instaurer le socialisme «dans notre sombre pays de moujiks» (voir Lénine et le paysan russe, 1922). Sa conception prométhéenne de l'homme et sa crainte de l'anarchie lui firent cependant accepter le régime bolchevique après quelques mois d'opposition farouche à «Lénine et ses acolytes» dans les colonnes de son quotidien, Vie nouvelle, qui sera interdit en juillet 1918. Ses articles, réunis en 1918 sous le litre de Pensées intempestives, ne seront réédités en U.R.S.S. qu'en 1988.

Entre 1918 et 1921, il se consacre au sauvetage de la culture et de l'intelligentsia «bourgeoise» qu'il avait si souvent décriée dans ses articles de 1908-1913. Il cède tous ses droits d'auteur au Parti Communiste. Mais, harcelé par Grigori Zinoviev (président du soviet de Petrograd) et pressé par Lénine, qu'excède la «vaine agitation» de l'écrivain en faveur des intellectuels arrêtés par la Tcheka, d'aller se faire soigner à l'étranger (Gorki soutire d'hémoptysie et de tuberculose depuis sa tentative de suicide en 1887), il quitte la Russie le 16 octobre 1921. Après l'Allemagne et la Tchécoslovaquie, il s'installe à Sorrente (Italie) en avril 1924, avec sa nouvelle compagne (depuis 1919), Moura Benckendorf (baronne Boudberg) et une nombreuse maisonnée.

De Sorrente, Gorki suit (et dirige) attentivement la littérature soviétique. Il y écrit Les Artamonov et s'attelle à une grande fresque de la Russie d'avant la révolution à travers la figure d'un homme sans qualité, La Vie de Klint Samguine (1927-1931). Pour différentes raisons matérielles et idéologiques, il décide de rentrer au bercail: d'abord chaque été à partir de 1928 (sauf en 1931) puis définitivement en mai 1933. Mais il est «désarmé dès son arrivée par sa prise en charge officielle» (Victor Serge).

Fidèle au principe du «mensonge exaltant» opposé à la réalité terre à terre (déjà exprimé dans un conte de 1893), il fait chorus avec la majorité stalinienne et célèbre la «rééducation» par le travail forcé. Toutefois, à partir de 1932, il défend (avec Nikolaï Boukharine, Sergueï Kirov, Lev Kamenev) une politique de modération et de réconciliation, et déploie une colossale activité éditoriale, éducative et politique.

En août 1934, il préside le Ier Congrès des écrivains soviétiques et reprend la théorie du réalisme socialiste (élaborée par une commission dirigée par Joseph Staline) dans le sens du romantisme révolutionnaire qui lui est cher. II ne s'aventurera cependant pas sur la voie du «roman soviétique». Il est élu Président de l'Union des écrivains. L'assassinat de Kirov, le 1er décembre 1934, met brutalement fin aux espoirs du «camp de Gorki». Ses rapports avec Staline se dégradent. En mai 1935 son fils Maxime (né en 1897) meurt dans des circonstances suspectes. Il va se trouver «de facto» en résidence surveillée, isolé du monde extérieur par le N.K.V.D.

Maxime Gorki contracte une pneumonie et meurt le 18 juin 1936, à l'âge de 68 ans.

En mars 1938, au procès de Boukharine, l'ancien chef du N.K.V.D., Yagoda sera accusé d'avoir hâté sa mort. II est maintenant admis que Staline avait des raisons de craindre un sursaut de conscience de Gorki et qu'il prit «tous les moyens» pour l'empêcher. Censuré, canonisé, Maxime Gorki a beaucoup perdu de sa popularité. L'homme et l'œuvre restent cependant à redécouvrir.

Michel Niqueux,

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Paris, vendredi 26 avril 2024