Baltasar Gracian

Biographie
Baltasar Gracian
Baltasar Gracian

Écrivain et Jésuite espagnol, Baltasar Gracian est né en 1601 à Belmonte de Calatayud (Espagne, province d'Aragon).

Fils d'un fonctionnaire — magistrat ou médecin — il est élevé par son oncle qui est prêtre. Il fait des études de philosophie et de théologie au collège des jésuites de Calatayud puis, à partir de 1619, à l'université de Tarragone.

Nous avons peu de renseignements sur les événements de sa vie entre 1919 et le 25 juillet 1635, jour de sa profession de foi solennelle chez les Jésuites. Un document nous apprend qu'il se trouvait en 1628 au collège de Calatayud, sans doute au titre de professeur. Il réside ensuite au collège de Huesca et fréquente les salons où se croisent aristocrates et érudits.

Doué d'une voix profonde, d'une éloquence à la fois savante et claire, Baltasar Gracian, à partir de 1637, se consacre exclusivement à la prédication. Il fait deux séjours à Madrid, en 1640 et en 1641, vit à la cour, devient l'ami du célèbre poète Hurtado de Mendoza, secrétaire du souverain Philippe IV à qui il remet un exemplaire de son Héros (1637) et dédie Le Politique don Ferdinand le Catholique (1640). Il quitte cependant la capitale espagnole déçu et irrité.

Après avoir assisté en qualité d'aumônier au siège de Lérida (1646), où il a une conduite courageuse, il revient à Huesca et y achève en 1647 le manuscrit de son manuel, L'Homme de cour, qui obtient un grand succès. C'est quatre ans plus tard, avec la publication de la première partie de son roman allégorique, Le Criticon (ou L'Homme détrompé), que commencent les difficultés de l'auteur avec la Compagnie de Jésus.

Le Criticon avait été publié, comme d'ailleurs ses autres premiers ouvrages — Le Héros (1637), Le Politique (1645) et L'homme universel (ou L'Honnête homme, 1646) —, sous le nom de son frère: Lorenzo Gracian. Mais le subterfuge ne trompe pas les supérieurs de la Compagnie de Jésus et il est frappé d'une sanction disciplinaire. Fier, impétueux, et surtout beaucoup plus homme de lettres que religieux, il continue à désobéir et publie la seconde (1653) et la troisième partie (1657) du Criticon. Le deuxième volume ne suscite qu'une nouvelle admonestation des jésuites, mais le troisième, publié après un très rhétorique Art de communier (1655), lui vaut un véritable exil à Tarazona (province de Saragosse), où il meurt le 6 décembre 1658.

L'oeuvre de Baltasar Gracian peut être rattaché à celles de Machiavel et de Castiglione. Typiquement représentative du baroque espagnol du Siècle d'Or, elle est aujourd'hui classée sous l'étiquette du "conceptisme", esthétique littéraire initiée par Luis de Gongora. Pleine de doubles sens et de jeux de mots, elle fourmille de traits psychologiques pleins de vérité et de piquant. L'auteur en a laissé la théorie dans son Traité des pointes et du bel esprit, ou Art et figures de l'esprit (1642-48), qui fut le code de la vie littéraire espagnole jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Mais ses ouvrages ont aussi exercé une grande influence en Europe sur un plan philosophique, inspirant notamment les moralistes français (La Rochefoucauld), Voltaire, puis, au XIXe siècle, Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche. Plus récemment, Vladimir Jankélévitch, Jacques Lacan et le situationniste Guy Debord ont lu avec passion L'Homme de Cour, intitulé originellement Oracle manuel et Art de la prudence, qui reste d'une modernité brûlante. L'ouvrage rassemble quelque trois cents maximes sur l'art de la courtisanerie. Au-delà des préceptes politiques individuels, c'est une profonde réflexion sur l'art de se gouverner soi-même, et plus généralement sur la condition humaine et mondaine.

Jean Bruno,

Baltasar Gracian en librairie

Copyright © La République des Lettres, Paris, mercredi 4 décembre 2024
républiquedeslettres.fr/gracian.php

CatalogueNouveautésAuteursTitresThèmes
Histoire de la République des lettresChez votre libraire
RechercheContact & Mentions légales
Droits réservés © La République des Lettres
Paris, mercredi 4 décembre 2024