Verlaine

Biographie
Paul Verlaine
Verlaine

Poète français, Paul Marie Verlaine est né le 30 mars 1844 à Metz. Son père, fils d'un notaire, était originaire de Bertrix, près de Paliseul, dans le Luxembourg belge, alors incorporé à la France. Sa mère, Élisa Dehée, était née aux environs d'Arras, à Fampoux, le 23 mars 1809.

Après diverses garnisons — Metz, au 2e génie sous le colonel Niel, Montpellier, Nîmes, de nouveau Metz —, le capitaine Verlaine démissionne et installe son ménage à Paris, rue des Petites-Écuries, puis rue Saint-Louis (aujourd'hui rue Nollet). Paul apprend à lire à l'école de la rue Hélène; il est ensuite pensionnaire à l'institution Landry, rue Chaptal, d'où il va suivre les cours du lycée Bonaparte (devenu lycée Condorcet). Il a pour condisciple en seconde Edmond Lepelletier, son futur et dévoué biographe.

Reçu en 1862 au baccalauréat, il passe des vacances à Fampoux et dans les Ardennes, et s'inscrit dès la rentrée à l'école de droit. C'est l'époque de ses premières lectures de poésie et de prose modernes (Victor Hugo, Charles Baudelaire, Théophile Gautier, Sainte-Beuve, Joseph de Maistre, Aloysius Bertrand, Pétrus Borel, Albert Glatigny,...) et de son premier poème conservé, Chanson d'automne, où il est déjà tout entier. Il en donne bientôt d'autres à la Revue du Progrès, fondée par L.-X. de Ricard, de qui la mère, générale et marquise, tient un salon littéraire boulevard des Batignolles; il y rencontre Théodore de Banville, Villiers de L'Isle-Adam, José-Maria de Heredia, François Coppée, Emmanuel Chabrier, Catulle Mendès.

Un poste dans les assurances, un autre à l'Hôtel de Ville pourvoient successivement à sa subsistance. Il collabore au Hanneton, la feuille républicaine d'Eugène Vermersch, à L'Art, de Ricard, qui insère quelques-uns de ses vers et sa longue et remarquable étude sur Baudelaire, que l'intéressé n'approuve pas. Il participe au Parnasse contemporain, recueil de vers nouveaux, fondé par Catulle Mendès; il y voisine avec nombre de médiocrités, mais aussi avec Baudelaire (Nouvelles Fleurs du mal), Mallarmé, Villiers, Heredia.

Lors d'un voyage à Bruxelles, Verlaine est généreusement accueilli et félicité par Victor Hugo, qui a appris des vers du jeune poète. Les Poèmes saturniens paraissent chez Alphonse Lemerre, éditeur des "Parnassiens", grâce aux subsides de sa cousine Élisa Dehée, et en même temps que Les Exilés, dernier grand livre de Banville; un élogieux article, des lettres flatteuses leur viennent d'Anatole France, Sainte-Beuve, Banville. Verlaine est présenté par le compositeur Charles de Sivry aux parents de sa future femme, Mathilde Mauté de Fleurville. Il retrouve ses confrères du Parnasse rue Chaptal, chez Nina de Villard, excellente musicienne et poète, amie et inspiratrice de Charles Cros. À Bruxelles encore, sous le manteau et le pseudonyme de Pablo de Herlagnez, Poulet-Malassis, l'éditeur des Fleurs du mal, imprime à cinquante exemplaires Les Amies, scènes d'amour saphique (1868), sonnets qui ne reparaîtront (avec quelques modifications) que vingt ans plus tard, en tête de Parallèlement. Lemerre édite Fêtes galantes, dont plusieurs pièces ont passé à L'Artiste d'Arsène Houssaye.

Fiancé à Mathilde Mauté, Verlaine compose les premières pièces de La Bonne Chanson; leur mariage est célébré le 11 août 1870, lendemain de la déclaration de guerre; Verlaine est mobilisé dans la garde nationale. Peu de jours après, Arthur Rimbaud prend connaissance des Poèmes saturniens et des Fêtes galantes, et communique son enthousiasme à Georges Izambard, son professeur à Charleville. Installé chez ses beaux-parents, rue Nicolet, Verlaine y reçoit le premier message de Rimbaud, accompagné de poèmes, et y répond par une invitation pressante à le joindre.

L'arrivée du génial et sauvage adolescent, fin septembre 1871, ne contribue pas à l'entente du jeune ménage, déjà désuni et que ne raccommoderont ni la naissance du petit Georges (30 octobre), ni la mise en vente de La Bonne Chanson, que les événements ont contraint Lemerre à différer. En janvier 1872, après de violentes altercations auxquelles l'abus de l'alcool n'est pas étranger, Verlaine quitte son foyer pour cohabiter avec Rimbaud, rue Campagne-Première, d'où celui-ci regagne Charleville, pour revenir à Paris au bout de quatre mois.

Bien qu'ayant obtenu le pardon de Mathilde, Verlaine part en compagnie de Rimbaud pour Arras, en est expulsé par la police, puis emmène son ami vers les Ardennes et la Belgique. Ils séjournent deux mois à Bruxelles et à Charleroi avant de s'embarquer pour Londres. Une instance en séparation de corps est introduite par Mathilde. Pendant que Rimbaud est rentré à Paris et retourne à Charleville, Verlaine, tombé malade, appelle sa mère à son chevet. Les deux "compagnons d'enfer" reprennent à Londres leur vie commune et y vivent misérablement de leçons de français. Verlaine y laisse bientôt Rimbaud sans ressources, revient à Bruxelles, y fait venir sa mère et sa femme, puis Rimbaud.

À la suite d'une querelle et de la menace d'abandon par ce dernier, il tire sur lui deux coups de revolver qui le blessent légèrement (10 juillet 1873). Arrêté sur déposition de la victime, Verlaine est écroué à la prison des Petits-Carmes et condamné à deux ans de détention par le tribunal correctionnel. Transféré à la prison de Mons, il y demeurera en cellule jusqu'au 16 janvier 1875. En octobre 1873, Rimbaud a fait imprimer à Bruxelles Une saison en enfer, transposition poétique de l'aventure. L'année suivante, les Romances sans paroles, d'abord intitulées La Mauvaise Chanson, sont tirées sur les presses d'un journal de Sens grâce à l'intervention de Lepelletier; distribuées à la critique, elles sont tout à fait passées sous silence.

En apprenant, fin avril 1874, la décision judiciaire de sa séparation d'avec Mathilde, Verlaine abjure ses erreurs dans le sein de l'aumônier de la prison, qui lui donne à lire le catéchisme et le fait communier. Il commence alors la composition, sous l'exergue provisoire de Cellulairement, les plus beaux vers alternativement mystiques et profanes qui figureront un jour dans Sagesse: Jadis et Naguère, Parallèlement.

Sa peine purgée, il se retire à Fampoux et fait une retraite à la trappe de Chimay. Un essai de réconciliation avec Mathilde étant resté infructueux, il tente de renouer avec Rimbaud sous le prétexte de le convertir. Une rencontre sans lendemain a lieu à Stuttgart le 2 mars 1875. Il obtient ensuite un poste de professeur dans une école de Stickney (Lincolnshire) dirigée par Mr. Andrews; il y exercera jusqu'à la fin de l'année scolaire 1875-76. Dans l'intervalle, des fragments du futur Sagesse sont écartés par le comité du Parnasse contemporain, que préside Anatole France, comme "mauvais vers" dus à un "auteur indigne".

Rimbaud demande en vain des subsides à Verlaine, qui lui écrit le 10 décembre 1875 pour la dernière fois. Depuis la rentrée, Verlaine enseigne au St. Aloysius Collège de Bournemouth, tenu par Mr. Remington. Au bout d'un an, il remplace son ami Ernest Delahaye (autre futur biographe) comme professeur chez les jésuites de Rethel; il occupera cette chaire sans incident jusqu'en juillet 1879. C'est durant cette période qu'il se prend d'un fort tendre attachement pour l'un de ses élèves, sans doute cérébralement peu doué, Lucien Létinois, fils de paysans ardennais. Il l'emmène par la suite outre-Manche, à Lymington, où il vient de trouver un nouvel emploi pédagogique chez Mr. Murdoch.

Dès leur retour en France, à Coulommes, pays de Lucien, Verlaine, grâce aux subsides maternels, fait emplette de la ferme de Juniville et se lance dans une exploitation vouée à un rapide et désastreux échec. Rentré de Coulommes avec sa mère, le poète se met en rapport avec Victor Palmé, éditeur catholique de la rue des Saints-Pères, qui accepte d'imprimer Sagesse (toujours à compte d'auteur, soit cinq cents francs); malgré quelques articles élogieux (Lepelletier, Blémont — l'un de ses amis les plus dévoués — Claretie,...) et une active propagande de Verlaine auprès de la petite presse confessionnelle, le volume n'a aucun succès; presque tout le tirage, mis en cave, en sera racheté en 1888 par Léon Vanier, devenu l'éditeur attitré.

Ayant en vain sollicité, par l'entremise de Lepelletier, sa réintégration dans les bureaux de la ville, Verlaine obtient par Delahaye un poste de professeur à l'institution Esnault de Boulogne-sur-Seine, tandis que Létinois est casé dans un modeste emploi industriel, sa famille ayant émigré à Ivry. Paris moderne, que vient de fonder Vanier, insère alors plusieurs poèmes, dont l'extraordinaire Art poétique, en vers de neuf syllabes, composé à Mons en avril 1874 et qui s'affirme soudain l'un des actes de foi du symbolisme naissant. Mais Lucien, atteint de typhoïde, meurt le 7 avril 1883 à l'hospice de la Pitié, entre les bras de son "pater dolorosus". Ce cruel événement inspire à celui-ci, privé de son fils légitime, une suite d'élégies qui s'égalent, dans l'expression de la douleur, au thrène voué par Hugo à sa fille dans Les Contemplations; elles seront le plus bel ornement du second recueil catholique de Verlaine: Amour.

Le nom du poète, jusque-là inconnu et bafoué, commence à se répandre au-delà des milieux de la jeune poésie, jusque dans les salons littéraires et même parmi les universitaires. Le premier livre que Vanier consent à publier, et à ses frais, est un triptyque d'études en prose, Les Poètes maudits, consacrées à Tristan Corbière (que Verlaine vient de découvrir presque seul), à Mallarmé et à Rimbaud (1884); une réédition, accrue d'articles sur Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de L'Isle-Adam et Pauvre Lelian (anagramme de Paul Verlaine), paraîtra quatre ans plus tard.

Or le poète, à ce moment, mène une existence des plus troubles à Coulommes et à Attigny. Le divorce d'avec Mathilde, qui bientôt convolera pour devenir Mme Delporte, est prononcé en février 1885, et l'époux condamné à verser une pension alimentaire. Au printemps suivant, Verlaine, pris de boisson, a une violente querelle avec sa mère, tente de l'étrangler et, inculpé de coups et blessures, passe trois mois dans la prison de Vouziers; il n'en continue pas moins aussitôt élargi ses "repues franches" (plutôt louches) dans la campagne avoisinante. Cependant, Vanier vient de donner Jadis et Naguère, l'avant-dernier beau livre, qui est formé d'éléments d'époques disparates, et qui apporte au moins le sonnet Langueur, autre credo des "Décadents", et Crimen Amoris, hymne à la gloire de Rimbaud, l'"époux infernal", et merveille du mètre de onze syllabes.

Verlaine transporte ses pauvres pénates dans un galetas de la cour Saint-François, rue Moreau, étiqueté hôtel du Midi. Mais il fera par la suite de fréquents et longs séjours dans les hôpitaux, surtout à Broussais, pour y soigner une vieille arthrite, favorisée par l'abus d'alcools et les traces d'une affection vénérienne. La mort de sa mère, le 21 janvier 1886, accentue encore la précarité de son existence, secourue, il est vrai, par plusieurs amis, exploitée, en revanche, par deux pauvres créatures, plus misérables qu'intéressées, pas toujours insensibles au fait d'être les compagnes d'un grand homme déchu, mais déjà honoré: Eugénie Krantz et Philomène Boudin méritent, à ce titre, de passer à la postérité, plutôt que pour avoir inspiré les versiculets égrillards des Chansons pour elle, des Odes en son honneur, des Elégies. L'auteur des Fêtes galantes, des Romances sans paroles et de Sagesse jouit en effet d'une renommée et d'un respect désormais incontestés parmi les adeptes batailleurs mais fervents des récentes écoles, symbolistes et décadents de la première heure, cinq ans avant que ne lui surgisse un rival en la personne remuante de Jean Moréas, quand celui-ci publiera, à grand fracas, Le Pèlerin passionné.

De garni en garni, d'hôpital en hôpital, de café en café, il traîne la jambe et, en somme, s'accommode assez bien, non sans humour gentil, de cette vie de bohème, en proie à des alternances de mysticisme et de lubricité également sincères. En 1888 et 1889 paraissent Amour et Parallèlement (dont les épreuves sont corrigées pendant une cure à Aix-les-Bains), qui reflètent cette déconcertante dualité de nature. Parallèlement est en partie constitué du reliquat de Cellulairement, le manuscrit des prisons. Cet ouvrage brille encore de pages de premier ordre (dont Loeti et Errabundi, suprême écho d'une passion révolue).

La célébrité de Verlaine dépasse nos frontières; elle lui procure des tournées de conférences qui, sans l'enrichir, aident quelques mois à sa subsistance. C'est ainsi que, de novembre 1892 à décembre 1893, il est invité en Hollande, en Belgique (Charleroi, Liège, Bruxelles), en Lorraine (Nancy et Lunéville), en Angleterre (Londres, Oxford, Manchester), où il est chaleureusement accueilli par l'élite des jeunes écrivains. Un important Choix de poésies, paru chez Charpentier, a répandu le meilleur de son oeuvre. Un banquet triomphal lui a été offert par La Plume, vaillante revue qui draine toute la littérature significative du temps. Succès qui l'enhardit au point de se présenter à l'Académie (au fauteuil d'Hippolyte Taine). Une compensation au retrait de cette candidature lui est donnée par son élection, en août 1894, au principat des Poètes à la mort de son vieil ennemi Leconte de Lisle.

Un comité de quinze admirateurs, dont Maurice Barrès et Robert de Montesquiou, se fonde sous la présidence de la duchesse de Rohan afin de lui assurer une rente mensuelle. Il a encore pu rassembler plusieurs recueils de vers et de prose, le plus souvent circonstanciels et fort plats, de Bonheur et Liturgies intimes, très pâles séquelles de Sagesse et de Amour, aux Dédicaces et aux Épigrammes, sans compter les petits livrets amoureux dont nous avons parlé ni les priapées, parues sous le manteau, de Femmes, dont l'étonnante virtuosité voile à demi l'audace. Enfin, une autobiographie, restée inachevée mais pleine de précieux souvenirs et de charmante bonhomie, paraît sous le titre de Confessions.

Mais sa santé, déjà fort ébranlée, rongée par la misère et l'alcoolisme, décline de jour en jour. Hébergé depuis quelques mois par Eugénie (qu'il avait failli épouser) au 39 de la rue Descartes, Verlaine y est trouvé mort, le 8 janvier 1896, sur le carreau de sa misérable chambrette. On lui fait de fort belles funérailles à Saint-Étienne-du-Mont, puis au cimetière des Batignolles dans son caveau de famille; le cortège comporte l'élite des lettres et des arts et une foule considérable en grande partie composée d'étudiants. Le deuil est conduit par Vanier et le jeune F.-A. Cazals, l'inlassable iconographe du grand poète, qui l'appelait "ma plus belle amitié, ma meilleure...". D'émouvants discours sont prononcés par Mallarmé, Moréas, Barrès, Coppée, Gustave Kahn.

Pour la partie durable, c'est-à-dire vraiment neuve, de sa longue production — on la peut évaluer à un quart environ, et sans égard pour des proses pratiquement négligeables et le plus souvent dépourvues de style —, Paul Verlaine occupe, dans la poésie française, et même, on peut l'affirmer, dans celle de tous les pays, une place éminente et sans équivalent. Il ne s'est pas borné, en effet, à une époque d'inquiétante déficience de notre lyrisme, soit aussitôt après la mort de Baudelaire et à l'heure où Hugo jetait ses derniers éclairs (les plus puissants, il est vrai), à vivifier, à réhabiliter notre poésie: il a créé une nouvelle sensibilité, une musique inouïe, tout un univers d'expression gratuite dans un art où la littérature, l'histoire, la morale ne devraient jamais s'immiscer sous peine de le dessécher ou de le corrompre.

Il a été aussi peut-être, depuis Ronsard et après les conquêtes de Marceline Desbordes-Valmore, de Hugo, de Baudelaire et de Banville, notre plus étonnant et riche inventeur de rythmes, et a préparé, fût-ce à son corps défendant et même à regret, les voies de l'affranchissement de la prosodie, qui lui a succédé. Certes, il lui a manqué d'être aussi, comme le furent (pour ne mentionner que des artistes de son siècle) Alfred de Vigny, Victor Hugo, Alfred de Musset, Charles Baudelaire surtout, un grand écrivain. Mais, en vers, quand Verlaine se montre tout à fait original, nul d'entre ses aînés ou rivaux anciens et modernes, de son premier précurseur François Villon à ses égaux et contemporains Stéphane Mallarmé et Arthur Rimbaud, ne mérite de lui être préféré. S'il n'est pas niable que, des Poèmes saturniens à Parallèlement, il ait toujours subi, plus ou moins, l'emprise de ses maîtres (Baudelaire, Valmore, Banville et quelques autres), que La Bonne Chanson puisse être aisément confondue avec les meilleures pages des Intimités de Coppée, que Sagesse et Amour soient pour une bonne part gâtés par trop de mesquine et fausse théologie, un génie entièrement personnel, de ton parfaitement reconnaissable et authentique, de plus, çà et là, autochtone jusqu'à l'ingénuité de la poésie populaire, se manifeste et luit d'un éclat sans second dans Les Sanglots longs..., les Fêtes galantes tout entières, la majorité des Romances sans paroles, les lieder de Sagesse et de Parallèlement, et à maintes pages de Jadis et Naguère et d'Amour. C'est sur ce mot-là qu'il conviendrait de clore tout examen fervent et lucide d'un homme et d'une oeuvre auxquels il faut tout pardonner parce qu'ils furent un moment incomparable de l'âme et de la chair transposées en la plus ingénue, la plus subtile, la plus secrète des mélodies.

Yves-Gérard Le Dantec,

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Paris, vendredi 29 mars 2024