Romancier français, Hugues Rebell — pseudonyme de Georges-Joseph Grassal de Choffat — est né le 27 octobre 1867 à Nantes.
Issu d'une famille bourgeoise de marins, d'armateurs et de banquiers, fils d'un riche commerçant nantais, le jeune Grassal suit ses études au collège Notre-Dame de Bonsecours de l'île de Jersey, dirigée par les Jésuites. À la fin de ses études secondaires, il revient à Nantes sans avoir obtenu son baccalauréat. Il fonde avec quelques amis une revue inspirée par la pensée et l'oeuvre de Friedrich Nietzsche, Le Gai Sçavoir, qui sera publiée pendant une année (1885-86). Il fait paraître ses premiers vers et un recueil à compte d'auteur, Les Jeudis saints (1886), sous le pseudonyme de Charles Blanchère. Il collabore à la rédaction du journal hebdomadaire Nantes lyrique.
En mai 1887, à la mort de son père qui lui lègue une fortune de 500,000 francs, il part s'installer à Paris. Individualiste nietzschéen très hostile à l'Église et quelque peu libertin, il se dit cependant royaliste, nationaliste et adversaire de la démocratie, ce qui lui vaut d'être remarqué par Charles Maurras. Afin que nul n'ignore ses opinions politiques réactionnaires et son mépris tout aristocratique de la foule, il se choisit un nouveau pseudonyme, Rebell, avec lequel il signe son premier roman: Les Méprisants (1887).
Il voyage en Allemagne (1888), en Belgique (1889), en Hollande (1889), en Angleterre (1890) et à nouveau en Allemagne (1891), sur les traces des artistes qu'il admire: Friedrich Nietzsche, Arthur Schopenhauer, Richard Wagner. À Paris, il rencontre Adolphe Retté, Louis Le Cardonnel, Alphonse Germain, Jean Moréas, Maurice Barrès, Jules Renard, René Boylesve, Henri Mazel, Maurice du Plessys,… Il collabore au quotidien monarchiste Le Soleil et aux revues littéraires L'Ermitage et La Plume.
En 1892, il voyage en Italie et en Allemagne. En 1894, à Naples, il fait l'objet d'un chantage de la part des parents d'une mineure qu'il a séduite, et perd ainsi une partie de sa fortune. L'affaire l'oblige en outre à renoncer en 1895 à son projet de mariage avec Claire Rops (fille du graveur Félicien Rops).
En 1900, il voyage en Espagne puis s'engage dans des projets de co-écriture avec Gustave Le Rouge, Jean de Mitty et Marius Boisson. La revue monarchiste l'Action française publie un abrégé de son Union des trois aristocraties sous le titre de Préjugés modernes.
Entre 1886 et 1905, Hugues Rebell publiera au total une quinzaine de livres, dont quelques volumes de poèmes — Les Étourdissements (1888), Les Chants de la pluie et du soleil (1894, dédié à René Boylesve et qui inspirera notamment André Gide pour Les Nourritures Terrestres) — et une dizaine de romans, nouvelles et essais qui eurent assez peu de succès en librairie sauf peut-être La Femme qui a connu l'Empereur (1898), La Nichina (1896) et Les Nuits chaudes du Cap français (1902). Citons entre autres Athlètes et psychologues (1890), Baisers d'ennemis (où il évoque sa jeunesse à Nantes, 1892), Union des trois aristocraties (essai polémique sur les "aristocraties" du nom, de l'argent et du talent, 1894), Le Magasin d'auréoles (1896), La Nichina (dédiée à Maurice Barrès, 1896), La femme qui a connu l'Empereur (1898), Lettre à un catholique (1898), L'Espionne impériale (1899), La Câlineuse (roman autobiographique à clé, 1899), La Saison à Baïa (1900), La Camorra (1900), Les Nuits chaudes du Cap français (1902), Les Inspiratrices de Balzac, Stendhal, Mérimée (1902), Journal d'une enfant vicieuse (1903, sous le pseudonyme de Madame de Morency), Gringalette (1905), Le Fouet à Londres (1905, sous le pseudonyme de Jean de Villiot) et Le Diable est à table (roman philosophique publié à titre posthume, 1905). Une certaine gloire lui vient surtout avec Les Nuits chaudes du Cap français (1902).
Plusieurs de ses livres sont des romans à clé où l'on croise sous des noms divers plusieurs personnalités vivant à son époque, comme entre autres Jean Lorrain, Émilie-Louise Delabigne ou Louis-Numa Baragnon. La majeure partie de son oeuvre, considérée peut-être un peu trop facilement comme érotique ou pornographique en raison de certains titres suggestifs (Les Nuits chaudes du Cap français, Le Fouet à Londres,…), relève surtout du roman de moeurs. Située entre Symbolisme et École romane, finalement assez caractéristique de la Belle époque malgré son originalité, elle s'attache principalement, dans le sillage alors en vogue des oeuvres de Guy de Maupassant, à décrire le côté sensuel de la passion amoureuse. Ses personnages sont pour la plupart des artistes, des financiers et des demi-mondain.e.s.
Souffrant depuis 1900 d'une maladie intestinale, désargenté mais entouré de sa très belle collection de livres rares, Hugues Rebell meurt d'une péritonite le 6 mars 1905, à l'âge de 37 ans.
Jean Bruno,
(sans date)
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